Le théâtre perd l’un de ses maîtres. Laurent Terzieff est décédé vendredi 3 juillet à l’âge de 75 ans à l’hôpital de la Salpêtrière de complications pulmonaires après avoir été souffrant pendant plusieurs semaines. Pendant plus de cinquante ans il a illuminé les scènes de France. Lors de la cérémonie des Molières 2010 il avait reçu deux récompenses : Comédien de l’année pour deux spectacles («L’Habilleur» dans le théâtre privé et «Philoctète» au TNP et l’Odéon ) et le Molière du Théâtre Privé. Laurent Terzieff avait magnifiquement démarré la soirée en plaidant pour un rapprochement du public et du privé. «J’ai toujours œuvré pour une mixité entre un certain théâtre privé et l’aide publique dont je dispose», avait-t-il déclaré sur scène en recevant sa récompense, soulignant que «le théâtre ne se laisse pas enfermer dans des clivages et des étiquettes». Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture a rendu hommage à un « artiste passionné, exigeant, travailleur infatigable et inspiré » qui laissera une « empreinte inoubliable » au théâtre comme au cinéma. Véritable légende du théâtre français, Laurent Terzieff est de ses acteurs qui vous donnent la chair de poule dès qu’il entre sur scène. Sa longue silhouette courbée, son visage émacié resteront à jamais gravés dans toutes les mémoires. Rassembleur de tous les publics, il n’a jamais dirigé de structure théâtrale subventionnée ou de théâtre privé, c’est avec sa compagnie qu’il avait choisi de tracer sa route. De son vrai nom Laurent Tchemerzine, il avait décidé de se consacrer au théâtre après avoir vu, adolescent, « La Sonate des spectres » de Strindberg mise en scène par Roger Blin, dont il sera le fils spirituel. Et c’est avec Jean-Marie Serreau qu’il débute dans « Tous contre tous » d’Adamov. Baptisé en 1958 « la nouvelle gueule d’ange du cinéma français » après le film « Les tricheurs » de Marcel Carné, il sera dirigé par les plus grands, Luis Bunuel dans « La voie lactée » (1969), Henri-Georges Clouzot dans « La prisonnière » (1968) ou encore Pasolini dans « Médée » (1969). Ses obsèques auront lieu mercredi 7 juilet à 10h30 en l’église Saint-Germain des Prés, jour de l’ouverture du Festival d’Avignon, la Cour d’honneur devrait verser une larme pour celui qui a incarné Nicodème de Corneille en 1964 au côté de Judith Magre, dans une mise en scène de Roger Mollien.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Laurent Terzieff évoque Georges Pitoëff
envoyé par stilitano. – Films courts et animations.
Quelle tristesse… quel grand monsieur…