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« Au non du père », trois fois oui

A voir, Les critiques, Montpellier, Nantes, Paris, Théâtre
Au non du père d'Ahmed Madani
Au non du père d'Ahmed Madani

Photo Sael Darrig

La reprise d’Au non du père au Théâtre de Belleville offre l’occasion de (re)découvrir l’histoire familiale absolument incroyable de sa protagoniste Anissa, en compagnie du metteur en scène Ahmed Madani. Une pièce d’empouvoirement aussi simple que riche, très astucieusement conçue, capable, ce qui est rare, de conquérir les aficionados du théâtre autant que ceux qui y sont réfractaires.

Mine de rien, avec un spectacle de peu de choses, une comédienne non professionnelle qui cuisine en direct des pralines et des moelleux au chocolat, une histoire familiale et des interactions simples avec le public, Ahmed Madani emprunte des chemins que le théâtre ne valorise habituellement pas beaucoup pour construire un spectacle dense, émouvant, intense, qui ne ressemble à aucun autre. On le savait déjà avec sa trilogie consacrée aux jeunes hommes et femmes des quartiers populaires (Illumination(s), F(l)ammes, Incandescences), ce fils d’immigrés algériens, qui a grandi dans une cité de Mantes-la-Jolie, ne se berce pas de mots. Pour lui, changer le théâtre, l’ouvrir à des populations qui en sont éloignées, en faire un véritable levier d’émancipation n’est pas un programme destiné à complaire aux tutelles, mais une véritable ambition qu’il combine avec la plus grande exigence artistique. Ce Au non du père le confirme, qui relate, de plus, une histoire absolument incroyable croisée avec des réflexions libératrices sur l’intérêt de (se) désobéir.

Au plateau, Anissa, qui avait participé à l’aventure F(l)ammes débutée en 2016. Des jeunes femmes y rapportaient leur vie quotidienne dans les quartiers. Au cours de la tournée du spectacle, elle raconte à Ahmed Madani que son père, un médecin prénommé Nasser qui ne voulait pas d’enfant avec sa mère infirmière, Nadia, a disparu dès sa naissance. Elle lui évoque son histoire, celle d’une femme qui grandit et se construit dans cette absence. De son géniteur, elle n’a qu’une toute petite photo que sa mère lui remet et qui s’avérera finalement fausse. Mais un jour, devenue mère de cinq enfants, experte en pralines et désormais comédienne, qui pourtant n’aime pas trop le théâtre, Anissa est persuadée de reconnaître celui qu’elle n’a jamais croisé dans un reportage à la télé. Tout son corps tressaille à sa vue, elle est viscéralement convaincue que c’est lui. Il s’appelle pourtant Marc et exerce la profession de boulanger-pâtissier au nord de New York, dans le New Hampshire. La suite, on ne vous la raconte pas, mais on peut vous assurer qu’elle est étonnante, passionnante et pleine de rebondissements.

En compagnie d’Ahmed Madani – posté à la Kantor sur le côté –, qui entrecoupe le récit d’Anissa de son point de vue d’auteur-metteur en scène, à la fois philosophe et cabotin, dans la transmission et la dérision, la femme en quête de père concocte donc, en même temps qu’elle raconte son histoire, ses propres pâtisseries et interroge régulièrement les spectateurs sur leur ressenti. Tout cela pourrait être gadget si ne se créait ainsi une forme profondément chaleureuse, l’impression, finalement, d’être en famille. Astucieuse, sous ses dehors d’une grande simplicité, la dramaturgie du spectacle donne également à l’histoire une épaisseur qui n’en finit pas de s’approfondir et agrémente le récit de photos, de passages filmés, d’un véritable suspens et d’un étonnement qui va s’intensifiant. Liens familiaux, capacité à se construire sa propre histoire, caractère émancipateur du théâtre, de la fiction, de l’imagination, histoires intimes que l’on ne cesse de réparer, de répéter, migrations et recompositions des identités, Au non du père charrie avec lui un flot de réflexions qui s’épanouit dans une relation entre la scène et la salle tissée de proximité et de rapports simples, et pourtant inédits. Avec en son centre, Anissa, cette femme aussi facétieuse qu’authentique, humble et fière, bienveillante et entière, l’expérience feel good, et pourtant sans complaisance, se révèle enthousiasmante parce qu’elle noue entre salle et scène une relation joueuse qui ne triche pas.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Au non du père
Avec Anissa et Ahmed
Texte et mise en scène Ahmed Madani
Environnement sonore Christophe Séchet
Images vidéo Bastien Choquet
Construction, régie Damien Klein

Production Madani Compagnie
Coproduction et aide à la résidence Fontenay-en-Scènes à Fontenay-sous-Bois ; Le Théâtre Brétigny, Scène conventionnée arts et humanités – Résidence d’artistes ; L’Atelier à spectacle – Scène conventionnée d’intérêt national de l’Agglo du Pays de Dreux pour l’accompagnement artistique
Coproduction Le Grand T, Théâtre de Loire-Atlantique ; La Scène nationale de l’Essonne, Agora – Desnos
Aide à la résidence Théâtre Am Stram Gram – Genève ; La Minoterie – scène conventionnée Art, enfance, jeunesse – Dijon
Soutien du Conseil Départemental de l’Essonne et de la Fondation E.C.Art Pomaret

Ahmed Madani est artiste associé au CDN de Rouen-Normandie. Madani Compagnie est conventionnée par la Région Île-de-France, par le Ministère de la Culture – DRAC Île-de-France.

Le texte est publié aux Éditions Actes Sud-Papiers.

Durée : 1h30

Théâtre de Belleville, Paris
du 3 décembre 2025 au vendredi 27 février 2026

Théâtre Ligéria, Sainte-Luce-sur-Loire
les 5 et 6 mars

Théâtre de Melun
les 10 et 11 mars

Espace Prévert, Savigny-le-Temple
les 13 et 14 mars

Centre pénitentiaire d’Osny-Pontoise
le 17 mars

Théâtre Jacques Coeur, Lattes
du 9 au 11 avril

6 décembre 2025/par Eric Demey
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