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Mes frères, le festin des bêtes humaines

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Rennes, Théâtre
Jean-Louis Fernandez

Photo Jean-Louis Fernandez

A la Colline, Pascal Rambert et Arthur Nauzyciel unissent leurs forces pour affronter la violence destructrice du désir. Servie par un impeccable quintette de comédiens, cette lutte à mort se révèle aussi dérangeante que puissante.

A jardin, trône une forêt, ou plutôt ce qu’il en reste, un amas de troncs d’arbres enchevêtrés qui ne donnent plus aucun signe de vie ; à cour, perdure une maison, ou plutôt ce qu’il en reste, un espace métallique à la froideur carcérale qui n’abrite plus aucune âme. En leur sein, survit une fratrie, composée d’une femme et de quatre hommes, d’une servante et de quatre bûcherons, dont le désir a tout ravagé. Car le désir des Frères de Pascal Rambert n’a rien à voir avec le sentiment amoureux qui pousserait à conter fleurette. Il est de ces désirs primaires, terrifiants et dévorants, de ceux qui transforment les hommes en bêtes humaines.

Avec la « bûche » qui leur sert de bonniche, à la fois femme, mère et cuisinière, Adama, Arthur, Frédéric et Pascal n’aspirent pas à une quelconque histoire. Ils veulent la « fendre », comme ces vulgaires bouts de bois qu’ils tronçonnent à longueur de journée. Dans leurs esprits ravagés, ne subsiste plus que ce désir, devenu une obsession qui tourmente leurs jours, mais aussi leurs nuits. Une fois le soleil couché, le quatuor fait des rêves partagés, qui les poussent près de la porte de la chambre de Marie, fermée à double tour. Entre deux grognements qui les font passer, comme ils se désignent eux-mêmes, pour des animaux, ils y débitent les pires insanités, et y déversent des liquides en tous genres. A leurs côtés, la jeune femme reste de marbre. En apparence, toutefois, car elle n’a, en réalité, rien d’une oie blanche et la joue bien plus sotte qu’elle ne l’est. Victime, dans sa jeunesse, d’un viol familial, qui lui a laissé une épaule d’ivoire comme stigmate, elle rêve d’une histoire, sensuelle et charnelle, avec un jeune homme de son choix.

Pour bâtir cette pièce d’une violence inédite au regard de ses oeuvres précédentes, Pascal Rambert s’est inspiré des auteurs antiques et classiques qui ne s’embarrassaient pas de la pudibonderie dans laquelle les écritures contemporaines se drapent parfois. En jaillit un texte surprenant, dérangeant – écœurant diront les sceptiques –, mais puissant dans sa façon d’ausculter la source d’un désir qui peut, par sa nature incontrôlable et la jalousie qu’il génère, devenir un pousse-au-crime, un instrument de torture de l’autre, et vider l’âme humaine de sa substance. De cette langue toujours aussi riche, Arthur Nauzyciel – à l’attention de qui Pascal Rambert a spécialement écrit – s’empare avec le talent des connaisseurs. Avec l’aide de son fidèle chorégraphe Damien Jalet, il la transforme en substrat d’un sublime ballet d’automates, mécanique, quasi robotique. Façon pour lui de dire que cette avalanche de désir naît, avant toute autre chose, de la privation spirituelle et matérielle. Dans cet univers où tout est trop bien réglé, où le temps et le quotidien sont sous contrôle, l’enfermement ne pouvait engendrer qu’une frustration, devenue monstrueuse.

Pour éviter que ce festin de bêtes humaines ne tourne au banquet sordide, le metteur en scène a aussi su, de façon audacieuse, décaler le regard, et imposer de la distance. Dans la direction qu’il propose à ses quatre partenaires de jeu, affleure une ironie mordante qui n’est pas sans provoquer quelques sourires, voire certains rires. Aussi terrifiants restent-ils dans leurs paroles, Adama Diop, Pascal Greggory, Frédéric Pierrot et Arthur Nauzyciel ont parfois l’allure des frères Dalton, biberonnés à un flow rambertien qu’ils domptent sans trembler, en dépit de ses chausse-trapes et de ses difficultés. Comme sur du velours, Marie-Sophie Ferdane irradie, de bout en bout, en jeune femme violentée, mais forte, jusqu’à cet épilogue, bouleversant, prononcé à l’attention d’un (vrai) hibou : « si je dis non on me frappe on m’insulte si je dis oui je suis appelée trainée quel avenir pour un être comme moi en naissant en grandissant suis-je tenue d’accepter tout ce que l’on veut de moi satisfaire tout de suite le plaisir de l’autre ». A cette ultime question, Pascal Rambert et Arthur Nauzyciel répondent, en choeur, et sans coup férir, un sublime et puissant « non ».

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Mes frères
Texte Pascal Rambert
Mise en scène Arthur Nauzyciel
Avec Adama Diop, Marie-Sophie Ferdane, Pascal Greggory, Frédéric Pierrot, et Arthur Nauzyciel en alternance avec Guillaume Costanza
Assistanat à la mise en scène Raphaël Haberberg
Stagiaire à la mise en scène Théo Heugebaert
Scénographie Riccardo Hernández
Lumières Scott Zielinski
Son Xavier Jacquot
Costumes José Levy
Chorégraphie Damien Jalet
Musique chanson des frères Rouge Gorge (Robin Poligné)
Photographie Philippe Chancel
Assistante décor Claire Deliso
Assistante costumes Marion Régnier
Habillage Sarah Bruchet
Coiffure et maquillage Maurine Baldassari
Création et moulage épaule d’ivoire Nicolas Brosseau
Fauconnier Alexandre Thévenin
Coachs lutte Yann Pansard, Julien Fouché
Conseil en cascade Samuel Kefi-Abrikh

Production Théâtre National de Bretagne – Rennes
Coproduction La Colline – théâtre national
Remerciements au Centquatre-Paris et à l’Odéon – théâtre de l’Europe

Le texte de la pièce est paru aux Solitaires Intempestifs en mars 2020.

Durée : 2h30

La Colline, Paris
du 30 septembre au 21 octobre 2020
En raison du couvre-feu, le spectacle est avancé à 17h avec deux représentations supplémentaires les jeudi 22 et vendredi 23 octobre.

Théâtre National de Bretagne, Rennes
du 10 au 14 novembre, et les 20 et 21 novembre dans le cadre du Festival TNB

2 octobre 2020/0 Commentaires/par Vincent Bouquet
Mots-clés : Adama Diop, Arthur Nauzyciel, Frédéric Pierrot, Guillaume Costanza, Marie-Sophie Ferdane, Pascal Greggory, Pascal Rambert
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