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Les Anges de Kushner entrent au Français

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre
Christophe Raynaud de Lage

Clément Hervieu-Léger et Jérémy Lopez dans Angels in America photo Christophe Raynaud de Lage

Angels in America de Tony Kushner entre au répertoire de la Comédie-Française. Mis en scène par Arnaud Desplechin, le spectacle est un brin classique voire convenu, mais il met en valeur la portée émotionnelle et la belle part d’humanité d’une saga théâtrale déjà devenue culte.

Créée aux Etats-Unis lors de la saison 1991-1992, puis à Londres avant de rapidement connaître un succès international, adaptée à la télévision par Mike Nichols puis, à l’opéra dans la foulée par le compositeur Peter Eötvös, l’oeuvre souvent jouée et multi-primée de Tony Kushner entre au répertoire de la Comédie-Française. Et c’est un choix fort, important, audacieux. Tout simplement parce qu’il s’agit d’une œuvre majeure et monumentale de la toute fin du XXe siècle. Donnée dans son intégralité, la pièce devrait durer presque six heures. Même très resserrée, la version qui est proposée (à peine 3 heures) reste essentiellement fidèle aux intrigues et à leurs enjeux. Le dramaturge, lui-même autoproclamé juif, homosexuel et marxiste, retrace les destinées compliqués d’un groupe de new-yorkais dans l’Amériques des années 80. Il fait la chronique d’une époque et surtout de l’état esprit qui règne dans une société bien campée sur des principes religieux et politiques fondamentalement réactionnaires et en proie à d’inextricables contradictions portant sur la sexualité et la morale.

Michel Vuillermoz photo Christophe Raynaud de Lage

Soudainement visités par les anges, des personnages aussi flamboyants que vulnérables se présentent comme d’éloquents catalyseurs des fantasmes, des angoisses et des déchirements face à la différence et la catastrophe. Roy Cohn, avocat véreux, homosexuel honteux, homme détestable de cynisme, de racisme est magistralement campé par Michel Vuillermoz, sorte de diable personnifié à la voix et la présence de stentor, à l’allure de géant puissant et fragile, au débit mitraillette, qui vit dans l’illusion d’être indestructible alors qu’il se sait atteint du virus du VIH. Prior que joue avec sensibilité Clément Hervieu-Léger est un jeune gay malade également, ce qui pousse son compagnon Louis (Jérémy Lopez, touchant de fébrilité) à le quitter et en être rongé de remords. Un autre couple se déchire : pourtant voués à paraître comme des modèles de respectabilité, Harper (Jennifer Decker, désenchantée) se shoote au Valium tandis que son époux mormon Joe (Christophe Montenez, très fin) découvre son attirance pour les garçons et fait son coming out. Dans le rôle de sa mère comme dans celui du Rabbin ou du fantôme d’Ethel Rosenberg, Dominique Blanc se montre d’une délicatesse infinie. Florence Viala complète la distribution en créature divine ailée, suspendue à des câbles. Gaël Kamilindi fait un Belize drag-queen assez excentrique.

Chaque trajectoire est finement dessinée. Il y a dans le geste de mise en scène comme dans l’interprétation des comédiens, remarquables de justesse et de dextérité, une indéniable empathie, voire même une profonde tendresse pour les personnage. Cela transpire de tous les côtés du plateau dans les moments confessionnels mais aussi dans les nombreuses scènes de conflits qui émaillent la pièce. En cela, la représentation est profondément touchante. Ce qu’il manque, c’est une dimension foutraque, débridée. L’auteur, adepte du mélange des genres et des tonalités, ne donne pas pour rien comme sous-titre à sa pièce l’expression « fantaisie gay ». Kushner n’écrit pas qu’un drame, qu’un mélodrame. Même empreinte de gravité, la pièce est aussi une comédie impitoyable. Le cinéaste Arnaud Desplechin affiche dans des intentions presque présomptueuses la volonté de convoquer tout le théâtre. Il cite Shakespeare, Brecht, Broadway. Pourtant, il signe un spectacle poli, pudique, un peu trop sage, trop sérieux malgré quelques pointes poético-burlesques. On passe d’un lieu à l’autre dans un dispositif élégant quoiqu’un peu lourd qui allie un réalisme feuilletonesque et la mise en abyme théâtrale. Tout est fort bien réglé. L’émotion advient incontestablement. Moins la folie, la démesure. C’est dommage. Ces Anges auraient pu être chargés d’une sensualité et surtout d’une subversion plus affirmées.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Angels in America de Tony Kushner
Mise en scène d’Arnaud Desplechin
Texte français : Pierre Laville

Scénographie : Rudy Sabounghi
Costumes : Caroline de Vivaise
Lumière : Bertrand Couderc
Son : Sébastien Trouvé
Collaboration artistique : Stéphanie Cléau
Assistanat à la scénographie et à la vidéo : Julien Soulier
Assistanat aux costumes : Magdaléna Calloc’h

Florence Viala
l’Ange de l’Amérique, l’Infirmière Emily, Martin Heller et la Femme du Bronx

Michel Vuillermoz
Roy Cohn et l’Ange Antarctica

Jérémy Lopez
Louis Ironson et l’Ange Australia

Clément Hervieu-Léger
Prior Walter et l’Homme dans le parc

Jennifer Decker
Harper Pitt et l’Ange Africanii

Christophe Montenez
Joe Pitt et l’Ange Europa

Dominique Blanc
le Rabbin Isidor Chemelwitz, Henry, Hannah Pitt, Ethel Rosenberg, Alexis Antédiluvianovitch Prelapsarianov et l’Ange Asiatica

Gaël Kamilindi
Mister Trip, Belize et l’Ange Oceania

Durée : 2h50 ( avec entracte)

Comédie-Française
Salle Richelieu en alternance
Du 18 janv 2020 au 27 mars 20

24 janvier 2020/par Christophe Candoni
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1 réponse
  1. Jean JENCK
    Jean JENCK dit :
    7 mars 2020 à 17 h 12 min

    Le texte est très (très) daté et la pièce devient un lourd vaudeville gay, dans du carton-pâte, visité par rabbi Jacob et l’archange exterminateur. Ouf, l’adaptation a été reduite à 2h40….

    Répondre

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