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Supervision : l’hôtel trop bien discipliné d’Anne Théron

À la une, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre

Photo Jean-Louis Fernandez

Aux commandes du texte de Sonia Chiambretto, la metteuse en scène orchestre une revue mécanisée autour des difficiles conditions de travail des salariés de l’hôtellerie. Non dénuée d’intérêt, la performance manque toutefois de chair, de profondeur et d’authenticité.

« À genoux ! Les bras en l’air ! Accroupi ! En torsion latérale ! Chaud devant, chaud ! » En dépit des apparences, cette série d’injonctions ne provient pas d’un camp militaire, mais bien de l’un de ces palaces cinq étoiles où le travail est devenu un sport de combat. Derrière la façade on ne peut plus feutrée de ces établissements où la clientèle doit toujours être reine, se cache une armée de petites mains, corvéables à merci. Qu’ils soient veilleur de nuit, maître d’hôtel, réceptionniste, femme de chambre, gouvernante, chef de cuisine, second de cuisine, commis de cuisine, plongeur, chef de salle, serveur ou barman, tous doivent obéir à une discipline de fer et à un sens du devoir irréprochable qui transforment leurs journées en sacerdoce.

De ces forçats du monde hôtelier, Sylvie Monchatre est allée recueillir la parole. Dans Êtes-vous qualifié pour servir ? (La Dispute), la sociologue tente de dresser leurs portraits, de croiser leurs origines sociales et professionnelles, d’analyser les conséquences de leurs conditions de travail souvent précaires et de révéler les dangers de ces métiers dits « de service ». Un ouvrage sociologique, savamment documenté, dont Sonia Chiambretto s’est largement inspirée pour construire Supervision. A mi-chemin entre la fiction, les témoignages et les documents d’archives, elle élabore à son tour une série de variations, sorte de compilations de micro-scènes, où des salariés de l’hôtellerie et de la restauration vivent et examinent leur labeur quotidien.

Ainsi théâtralisé, le substrat originel prend la forme d’un théâtre documentaire « Canada Dry », qui en aurait l’allure sans la profondeur d’analyse. Particulièrement décharnée, presque mécanique, la langue de la dramaturge se veut, à la fois, technique et poétique, et génère un entre-deux, ni tout à fait fictionnel, ni tout à fait réel, où il est parfois difficile de se retrouver. Lorsqu’ils parviennent à affleurer, les éléments sociologiques ne manquent pas d’intérêt, et permettent à cette légion de l’ombre de recouvrer corps et visages, de sortir de la masse et de s’extraire de cette grande machine hôtelière qui, à trop vouloir les faire disparaître, menace de les broyer. Sauf qu’ils apparaissent bien souvent dilués. A l’approfondissement de quelques portraits, Sonia Chiambretto a préféré la multitude, qui confère à sa pièce l’avantage de la pluralité et le défaut de la superficialité.

Ce terreau bancal, Anne Théron a choisi de le confier à un trio de comédiens dirigés tels des automates. Tous ne remplissent pas leurs rôles avec autant d’inspiration que Julie Moreau qui réussit, à chacune de ses interventions, à offrir une coloration et un relief particulier aux personnages qu’elle endosse. A trop vouloir faire corps avec le texte de Sonia Chiambretto et la discipline mécanique qu’il décrit, la mise en scène se transforme en revue raide, lisse et, en définitive, sans beaucoup de saveur et d’authenticité. A l’avenant, le travail chorégraphique de Claire Servant, qui cherche à recréer le ballet incessant des salariés, devient, lui aussi, assez artificiel, et échoue à redonner un peu de chair et d’élan à ce maelstrom tristement déshumanisé.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Supervision
Texte Sonia Chiambretto, d’après « Êtes-vous qualifié pour servir ? » de Sylvie Monchatre (La Dispute)
Mise en scène Anne Théron
Avec Frédéric Fisbach, Julie Moreau, Adrien Serre
Chorégraphie Claire Servant
Scénographie Anne Théron, Barbara Kraft
Lumières Mickaël Varaniac

Production Compagnie Les Productions Merlin
La compagnie Les Productions Merlin est conventionnée par la Drac et la Région Nouvelle Aquitaine.
Anne Théron est artiste associée au TNS.

Durée : 1h10

Théâtre 14, Paris
du 28 janvier au 8 février 2020

29 janvier 2020/par Vincent Bouquet
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