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Avec « Grandeur nature », Anne-Sophie Turion picore dans les vies du quartier

Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre
Grandeur nature de Anne-Sophie Turion au Festival Paris l'été 2025
Grandeur nature de Anne-Sophie Turion au Festival Paris l'été 2025

Photo Quentin Chevrier

Au Festival Paris l’été, la metteuse en scène orchestre une déambulation théâtrale dans les rues et ruelles des 11e et 20e arrondissements de la capitale, qui s’empare des récits plus qu’elle ne va à la rencontre des habitantes et des habitants.

Anne-Sophie Turion peut remercier les Dieux du théâtre. Alors que le ciel parisien était particulièrement menaçant en cette fin d’après-midi du samedi 19 juillet, la metteuse en scène a profité d’une accalmie pour mener à bien la déambulation qu’elle avait imaginée dans les rues et les ruelles des 11e et 20e arrondissements de la capitale. Après avoir baladé une petite cohorte de spectatrices et de spectateurs dans des quartiers de Saint-Brieuc, Rennes, Marseille, La Roche-Sur-Yon, Gennevilliers et Cavaillon, elle leur a cette fois donné rendez-vous au 5 Cité de la Roquette, dans le cadre du Festival Paris l’été – avant une reprise, à la rentrée, au Théâtre de la Bastille. C’est là que l’artiste débute son parcours, en révélant à un public dûment casqué les secrets de ce petit écrin hors du temps, situé à quelques encablures de la Place de la Bastille. On apprend alors qu’au milieu de cette multitude de plantes vertes grimpantes, toutes issues de tournages de cinéma, se côtoient des ébénistes, un atelier d’artiste et les 35 m2 de l’appartement de Lydie, qui vit ici, à l’abri du tumulte. Longue cape orange sur le dos et Birkenstocks aux pieds, Anne-Sophie Turion ne tarde pas à tenter sa chance et a frappé à la porte de celle qu’elle semble avoir déjà rencontrée. Peine perdue pour cette fois, Lydie est absente, ce qui oblige la metteuse en scène et comédienne à se mettre en route, avec les spectatrices et les spectateurs, marcheuses et marcheurs, dans son sillage.

De la rue de la Roquette aux abords du cimetière du Père-Lachaise, de la Place Voltaire à la Basilique Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, de la Cité du Labyrinthe au square du Sergent Aurélie Salel – du nom de la première femme pompier de Paris, morte au feu à l’âge de 26 ans – où elle finit sa course, Anne-Sophie Turion ne cesse de faire découvrir, ou redécouvrir, le quartier à celles et ceux qui la suivent, avec un tropisme tout particulier pour ses recoins les plus populaires, où le vieil habitat charmant côtoie la rectitude des barres d’immeubles. Au long de cette marche menée avec un train de sénateur, façon balade dominicale, on se plaît à observer ces plaques au sol qui témoignent de la présence d’une ancienne guillotine, cette arche qui sert aujourd’hui de point d’entrée au square de la Roquette, mais constitue, en réalité, le dernier vestige de la prison pour enfants qu’avait fait construire Charles X, ce photomaton coréen où, sur un cliché en vitrine, se cache un accessoire en soutien à Gaza, cette maison de guingois qui trahit le caractère marécageux du sol sur lequel est construit le quartier de la Bastille, cette église, la Basilique Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, où sont organisées pêle-mêle des cérémonies d’enterrement de personnes seules, des bénédictions pour les animaux et des séances d’exorcisme – les seules d’Île-de-France –, mais également le manège de la Place du Père Chaillet qui accueille aussi bien les enfants que les adultes. Si, à l’occasion de cette déambulation, Anne-Sophie Turion ne se rend pas suffisamment perméable aux éléments qui viennent perturber ce chemin un peu trop bien balisé – à l’image de ces chiens qui ont manqué de mordre le photographe ou de ces adolescents qui, à différents endroits, s’adonnent au sport en plein air –, elle permet toutefois de porter un regard neuf sur les environs, de s’arrêter sur des détails urbains négligés au quotidien et d’apprendre à faire réellement connaissance avec un quartier que l’on pensait connaître par coeur.

À ceci près que la metteuse en scène ne se contente pas des éléments urbains qui témoignent du caractère, de l’histoire ou des transformations du quartier, mais se plaît à convoquer celles et ceux qui l’habitent, jusqu’à faire distinctement pencher la balance de son spectacle dans ce sens. À intervalles réguliers, les spectatrices et spectateurs croisent alors, de près ou de loin, souvent furtivement, parfois plus longuement, une dizaine de personnes qui se sont confiées à Anne-Sophie Turion au gré de son exploration préparatoire – et qui, pour certaines, se joignent à la cohorte des marcheuses et marcheurs. À Maud, une jeune comédienne qui loge dans une chambre de bonne, succèdent Dany, qui vit seule au rez-de-chaussée d’une petite cour pavée de la rue de la Roquette, après avoir habité dans un relais de poste à La Ferté-sous-Jouarre avec sa famille, Lucia, qui vient de fermer son restaurant, Ma’Lucia, pour changer une nouvelle fois de vie, Lina et Nezim, un couple de jeunes parents, Apo, un ancien combattant du PKK qui tient désormais le Babel Café, Nicolas, l’un des employés de la librairie LGBTQIA+ Les Mots à la Bouche, qui a perdu son chat, ou encore Magloire, le père d’Hismaël Diabley, un adolescent de 15 ans tué en janvier 2018 lors d’une rixe entre bandes rivales au coeur du quartier de la Roquette. Sensible sur le papier, cette collecte de témoignages et de fragments de vie, souvent très intimes, achoppe dans la façon qu’a Anne-Sophie Turion de les mettre en scène. Au lieu de donner la parole aux personnes directement concernées, et trop artificiellement croisées, et de provoquer une vraie rencontre avec elles, la metteuse en scène s’accapare leurs mots, picore leurs existences pour en faire son miel, et s’adonne à une démarche qui, en voulant, sans doute le plus sincèrement du monde, les mettre en valeur, en vient à consommer les récits qui lui ont été confiés. De quoi, en définitive, ternir une balade où l’altérité n’a pas su trouver sa juste place.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Grandeur nature
Conception, texte et performance Anne-Sophie Turion
Avec la participation d’une dizaine d’habitant·es
Conseil dramaturgique Élise Simonet, Loreto Martinez-Troncoso
Assistanat à la mise en scène Camille Jambou

Production Compagnie Grandeur nature
Coproduction Festival Paris l’été, Théâtre de la Bastille
Coproduction des précédentes versions Manifesta – biennale européenne de création contemporaine, Bureau des guides en partenariat avec Le Bal / Roots to routes et le soutien du Département des Bouches-du-Rhône, Le Festival Parallèle, T2G Théâtre de Gennevilliers – Centre dramatique national, Le Grand R – Scène nationale de La Roche-sur-Yon, les Tombées de la Nuit (Rennes), La Garance– Scène nationale de Cavaillon, Théâtre L’Aire libre, La Passerelle – Scène nationale de Saint-Brieuc, Le Zef – Scène nationale de Marseille

Durée : 1h40

Festival Paris l’été
les 19 et 20 juillet 2025

Théâtre de la Bastille, Paris
les 27 et 28 septembre

21 juillet 2025/par Vincent Bouquet
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