Ils sont à peine majeurs. Autour d’eux la cacophonie fait rage, assourdissante d’injonctions contradictoires, d’ordres incongrus, de discours sur la réussite, de murmures de révolte étouffés, de paroles édifiantes, de manipulations plus
ou moins conscientes et de leurs voix de jeunes adultes : à donner à entendre de toute urgence !
Ils sont des milliers, garçons et filles, à ne pas trouver de place au milieu de cette polyphonie qui conjugue le droit d’exister avec la réussite individuelle, le respect avec les revenus, la légitimité avec un référentiel d’images d’une supposée réussite impossible à atteindre pour certains.
Comment se fait-il qu’une société confie à une institution qui cultive, quitte à stériliser toute forme d’imagination et à apprendre l’ennui et le vide, la cohésion et l’obéissance absolue – ce que, face au danger, je comprends – la remise à niveau de jeunes décrocheurs, l’intégration d’ados fumeurs de cannabis, l’insertion de jeunes adultes nés au mauvais endroit au mauvais moment, pas riches, pas cultivés, pas reconnus ?
Nos grandes entreprises ont-elles à ce point besoin d’une armée de travailleurs en costumes colorés ? Parce que c’est bien l’absence de reconnaissance qui est à l’œuvre, celle qui nous touche, celle sur laquelle j’ai envie de travailler, inadmissible, terrible, et qui donne envie de prendre ces enfants dans les bras…
Qu’est-ce qu’ils font là ? Pourquoi n’ont-ils pas trouvé ailleurs un cadre à leur mesure ?
Ce sont leurs histoires que j’ai envie que nous racontions parce qu’au fond je n’ai pas envie qu’ils rentrent dans le rang.
À défaut de savoir, ou pouvoir, proposer des solutions, j’ai envie de leur donner une voix au plateau, de prêter attention à l’inaudible, de mettre en équation ce que j’en comprends ou ressens. Je n’ai pas de réponse mais j’ai des questions, beaucoup de questions, à partager avec le public.
La scène se fait salle de laboratoire ouverte aux idées à débattre sur la base d’une fiction qui s’offre à nous. Comme dans Woyzeck, derrière la fiction sourdent les bruits du monde. Le drame avance, en épisodes, un peu de guingois, à bas bruit. Il faut aller au drame pour en saisir la logique, l’impérieux désir de se faire exister, la force du mépris de classe.
J’ai beaucoup de tendresse pour ces enfants déjà adultes qui cherchent des portes d’entrée, se trompent, confondent
orientation, intégration et désintégration de ce qu’ils ont de plus précieux, une amitié indéfectible et une capacité à rêver
qu’ils oublient de cultiver et revendiquer.
Anne Courel
S’Engager, génération Woyzeck
Mise en scène Anne Courel
Commande d’écriture à Magali Mougel
Avec Mathieu Besnier, Léo Bianchi, Carole Got, Solenn Louër, Ysanis PadonouScénographie Stéphanie Mathieu
Costumes Cara Ben Assayag
Création lumières et vidéo Guislaine Rigollet
Création sonore Clément Hubert, Grégoire Schmidt
Assistante à la documentation Claire Cathy
Images Mathurin Prunayre
Chant Audrey Pevrier
Chorégraphie François Veyrunes
Régie générale Justine Nahon
Régie lumières et vidéo Quentin Leblevec
Régie son Grégoire SchmidtProduction Ariadne
Coproduction Le Grand Angle, Scène régionale pays voironnais, Voiron ; La Coloc’ de la Culture, Scène conventionnée d’intérêt national art, enfance et jeunesse, Cournon d’Auvergne ; Le Grand R – Scène nationale La Roche-sur-Yon
Autres partenaires Théâtre Molière, Scène nationale Archipel de Thau, Sète ; Momix Festival international jeune public à Kingersheim ; Espace 600 Scène régionale, Grenoble ; Malraux, Scène nationale Chambéry ; Théâtre de la Croix Rousse, Lyon ; La Mouche, Saint-Genis-Laval
La compagnie est conventionnée par le ministère de la Culture – DRAC Auvergne-Rhône-Alpes et la Région Auvergne-Rhône-Alpes et subventionnée par le conseil départemental de l’Isère ainsi que la ville de Villeurbanne
Le spectacle a reçu une aide à la création de la SPEDIDAM ainsi que le soutien de l’ADAMI
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Tournée 2022
06 janvier // Le Grand Angle, Voiron [14h30 & 20h]
30 janvier // Festival Momix, Kingersheim [17h30]
03 mars // La Coloc’ de la Culture, Cournon d’Auvergne [14h & 20h30]
10-11 mars // Le Grand R, Scène nationale, La Roche-sur-Yon [19h, 10h15 & 14h15]
15 mars // Maison des Arts du Léman, Thonon-les-Bains [14h30 & 20h30]
22 mars // Festival Cours et Jardin, Riom [20h30]
25 mars // Centre Culturel de la Ricamarie [20h]
31 mars-01 avril // Théâtre du Parc, Andrézieux-Bouthéon [20h]
12 avril // Théâtre Molière, Scène nationale Archipel de Thau, Sète [14h30 & 20h30]
10 mai // La Ferme de Bel Ébat, Théâtre de Guyancourt [20h30]
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