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A l’Opéra de Lyon, un festival de passions troubles et ravageuses

À la une, Coup de coeur, Les critiques, Lyon, Opéra

L’ Enchanteresse photo Stofleth

En programmant à l’occasion de son festival annuel deux productions aussi puissantes et complexes que L’Enchanteresse de Tchaïkovski, encore jamais montée en France, et Didon et Enée remembered, une adaptation déroutante de Purcell, l’Opéra de Lyon fait montre une fois de plus d’ambition et d’imagination scéniques.

Très différents l’un de l’autre, ces deux spectacles ont pourtant comme point commun un geste scénique fort et fou, qui se défend de coller coûte que coûte au livret, quitte à perturber sa lisibilité. A une vaine illustration littérale des arguments, sont privilégiées la profusion, la digression, et la collision imaginatives pour interroger et creuser les lignes de forces qui les irriguent.

Le metteur en scène d’origine ukrainienne Andrij Zholdak monte L’Enchanteresse en renonçant évidemment à toute imagerie type de la tradition pittoresque. Il met au cœur de son travail foisonnement le tiraillement entre le bien et le mal, le lien inextricable entre séduction et destruction, entre jouissance et repentance. Il révèle le visage démoniaque des autorités politiques et religieuses contre l’expression primaire d’un désir irrépressible.

Une immense scénographie fait traverser avec fluidité plusieurs espaces mobiles et cloisonnés. Les personnages hantent les bancs froids d’une sombre chapelle ou apparaît un gigantesque Christ supplicié et se repaissent de la moiteur de l’alcôve et de la table à manger d’un bouge crasseux. En total contrepoint au bourgeoisisme policée, ce monde interlope mû par l’ivresse suinte le soufre et la brutalité.

Cela est magistralement rendu par Zholdak dont le travail fait par moment penser à du Lupa ou du Tcherniakov. Son théâtre laisse s’exprimer sans concession la tension, la pulsion, la perversion d’une humanité violente et prosaïque, dans un climat à la fois festif et délétère.

Elena Guseva photo Stofleth

Elena Guseva est pleinement lumineuse dans le rôle-titre, ensorcelante dès son premier air rêveur. Mais ce sont tous les chanteurs – et excellents acteurs – réunis qui ont offert une grande incarnation de l’ouvrage et ont laissé une forte impression. Avec une incomparable puissance vocale et un engagement dramatique total, chacun a donné le relief nécessaire et a mis à nu l’ambivalence des personnages si vibrants et entiers de Tchaïkovski. La mise en scène accorde un soin précis au moindre détail pour saisir chaque instant et insuffler une vie rare sur le plateau. Aucun personnage, aucune situation annexe, ne paraît secondaire. A commencer par Mamyrov placé au centre du propos et bénéficiant de la composition parfaite de Piotr Micinski en curé trouble et intrigant, potentiellement pédophile, parfaitement dans le ton sardonique de la lecture proposée.

Allant loin dans le sordide et le grotesque, l’outrancier metteur en scène écarte tout sentimentalisme au profit d’une dimension volontiers grossière et décadente. La brillante direction de Daniele Rustioni, chef toujours très inspiré, rend parfaitement justice au caractère passionnel et passionnant de la musique de Tchaïkovski. Il fait rutiler et déborder des forces orchestrales et vocales splendides et impose d’emblée la partition méconnue comme digne des chef-d’œuvres les plus joués de son compositeur.

Didon et Enee Remembered © Blandine Soulage

Erika Stucky et Kalle Kalima © Blandine Soulage

On retrouve une démesure, une liberté, un humour railleur, une critique amère, dans la version proprement inclassable que donne David Marton de Didon et Enée. L’oeuvre de Purcell parvenue tardivement et incomplètement se prête volontiers à toute forme d’adaptation, y compris les plus insolites. Lacunaire, la voilà enrichie d’un matériau dense et hétéroclite qui fait exagérément doubler la durée initiale de sa représentation. Il n’en fallait pas tant pour prouver la pertinence de son hybridité formelle cousue d’apports théâtraux et musicaux. Joliment exécutée par l’orchestre sous la direction de  Pierre Bleuse, la partition se voit bousculée par le guitariste jazz Kalle Kalima et la chanteuse Erika Stucky, sorte de pythie hallucinée, au chant et aux cris sauvages à l’esprit rock et forain.

Prenant pour cadre un site de fouilles archéologiques où se nichent dans le sable les vestiges de notre monde consumériste et quelques objets high tech, la performance filmique tournée en direct, réserve quelques beaux effets visuels. On y parle de guerre, de catastrophe, d’exil, d’errance, du destin d’hommes et de femmes ballottés entre terre et mer, d’hospitalité. Didon, généreuse et éplorée, batifole avec Enée et aide les réfugiés. Alix Le Saux et Guillaume Andrieux conservent une fraîcheur et une sensibilité réjouissantes dans les turbulences détonantes de l’opéra « remastérisé ».

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

L’Enchanteresse

Direction musicale
Daniele Rustioni

Mise en scène, lumières et décors
Andriy Zholdak

Décors
Daniel Zholdak

Costumes
Simon Machabeli

Vidéo
Étienne Guiol

Prince Nikita Kourliatev, gouverneur de Nijni Novgorod
Evez Abdulla

Princesse Eupraxie Romanovna, sa femme
Ksenia Vyaznikova

Prince Youri, leur fils
Migran Agadzhanyan

Mamyrov, vieux clerc
Piotr Micinski

Nenila, sa sœur, suivante de la princesse
Mairam Sokolova

Ivan Jouran, maître de chasse du prince
Oleg Budaratskiy

Nastassia (surnommée Kouma), aubergiste
Elena Guseva

Loukach, fils de marchand
Christophe Poncet de Solages

Kitchiga, lutteur
Evgeny Solodovnikov

Païssi, vagabond sous l’apparence d’un moine
Vasily Efimov

Koudma, sorcier
Sergey Kaydalov

Foka
Simon Mechlinski

Polia, amie de Kouma
Clémence Poussin

Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon

Durée 4h

Opéra de Lyon
du 15/03/19
au 31/03/19

(19/03, représentation annulée pour cause de grève)

19 mars 2019/par Dossier de presse
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