AMAZONES, choeur sororal

Photo Marie Maquaire

À La Scierie, Marinette Dozeville déploie une chorégraphie pour sept danseuses, désinvolte, combative et tendre, inspirée par l’imaginaire du roman-poème Les Guérillères de Monique Wittig.

Sur le plateau blanc de La Scierie des fruits sont dispersés, peut-être aussi des pétales de fleurs. Sept femmes libres, désinvoltes, quasi picturales, dansent nues. Avec AMAZONES, créée en 2021, la chorégraphe Marinette Dozeville poursuit son questionnement autour des mythologies féminines en mettant en scène sa réception du roman-poème Les Guérillères de Monique Wittig. Cette utopie féministe, où l’on découvre une communauté de guerrières sensuelles et drôles, est un livre de référence de l’autrice, et militante lesbienne, au style expérimental. En constituant une communauté artistique de femmes autour d’elle, Marinette Dozeville livre un chœur chorégraphique imprégné des imaginaires de ce texte, révélant sa force évocatoire.

Celles et ceux qui ont lu Les Guérillères savent qu’elles font émerger des images fortes, des visions délirantes, des envies de combat, mais aussi de douceur. Autour des tableaux que cette lecture a suscités, la chorégraphe construit une constellations de gestes. Les danseuses se prélassent, rampent sur le sol, lascives, presque paresseuses ; puis, avec entrain et flegme, elles tapent leur talon sur le sol dans un pas chassé équin, font des rondes en se tapant les cuisses, sautent telles des créatures étranges au sol, en quatrième, crachent des morceaux de fruits à travers la salle. Manière de mettre en mouvement les scansions de l’écriture de Wittig ? Ou juste plaisir de mettre en scène un bal impertinent ?

Des paroles se superposent à la poésie des gestes : « Nous nous y rendions la nuit quand la lune était jaune et nageait dans les nimbes froides », scande le timbre doux de Lucie Boscher, qui lit un texte de l’autrice Luvan, extrait d’Agrapha ; puis le rap de Dope St Jude emplit le plateau, déployant sur un ton plus intense la poésie teintée de chaos mystique de cette même autrice féministe et queer. Comme dans Les Guérillères, une communauté de femmes naît sur scène, fait sonner sa puissance poétique. À travers les gestes qu’elle invente et les imaginaires qu’elle convoque, Marinette Dozeville crée une communauté de femmes, que l’on ne demande qu’à rejoindre.

Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr

AMAZONES
Chorégraphie Marinette Dozeville
Avec Léa Lourmière, Elise Ludinard, Florence Gengoul, Frida Ocampo, Delphine Mothes, Lucille Mansas, Dominique Le Marrec, Lora Cabourg, Sijia Chen
Musique Dope St Jude
Texte Luvan
Voix Lucie Boscher
Conseillère artistique Julie Nioche
Dramaturge Rachele Borghi
Regard plastique Frédéric Xavier Liver
Création lumières Louise Rustan et Agathe Geffroy

Production Yapluka – Cie Marinette Dozeville
Coproduction Le Manège, Scène nationale – Reims ; micadanses – Paris ; Centre Chorégraphique National Roubaix Hauts-de-France – direction Sylvain Groud ; La Garance, Scène Nationale – Cavaillon ; Cartonnerie – SMAC, Reims
Soutien Kunstencentrum BUDA Kortrijk ; La Pratique, Atelier de fabrication artistique, Vatan – Région Centre-Val de Loire ; Le Laboratoire chorégraphique – Reims ; La Spedidam
La compagnie Marinette Dozeville est conventionnée par la Région Grand Est et la Drac Grand Est – Ministère de la Culture. Elle reçoit le soutien du Conseil Départemental de la Marne et de la Ville de Reims.

Durée : 1h

Festival Off d’Avignon 2023
La Scierie
du 8 au 28 Juillet, à 15h35, les jours pairs