La nouvelle « farce » de Pierre et Simon Pradinas raconte l’histoire d’un spectacle qui ne se joue pas. Malheureusement, la qualité de la pièce nous fait dire que cette situation aurait dû avoir lieu pour celui-ci, tellement le texte et la mise en scène sont sans intérêt.
Dans un décor champêtre cheapissime, une bande de bras cassés du théâtre se retrouve pour jouer dans le nouveau spectacle de Gilbert Loiseau. Celui-ci est en retard, et les acteurs ne savent pas ce qu’ils font ici : le metteur en scène ne leur a rien dit. Enfin, celui-ci arrive. Il leur explique qu’il n’y a pas de texte, et qu’ils doivent jouer un spectacle ce soir. Panique : que faire ? On ne sait trop comment, l’étonnante équipe décide de rendre un hommage à Jean Vilar (Ah, le grand homme !).
Panchika Velez laisse les acteurs en roue libre. La plupart du temps, ils se déplacent n’importe comment. Ils cessent de jouer lorsqu’ils n’ont pas la parole. Et quand ils l’obtiennent, ils gigotent en donnant l’impression de ne pas savoir quoi faire de leurs mains. Quelques « gags » tentent de donner du corps à leur présence, mais ce n’est pas suffisant pour créer une vraie mise en scène : rien ne se passe à part des mouvements, maladroitement orchestrés. Evoluant sans logique, mêmes les lumières semblent avoir pris leur liberté.
Mais c’est lorsqu’on entend le texte qu’on se dit que la metteure en scène a surtout fait ce qu’elle pouvait. Les répliques sont creuses (dix phrases autour de « tu fumes toi » ou « le lion rugit »), ou d’autres banalités d’une consternante platitude (« je suis son bras droit, bien que gaucher »). Les situations sont invraisemblables sans être absurdes ou surprenantes. Elle se succèdent sans logique, alors que rien ne les relie les unes aux autres.
« Ah le grand homme » semble être à mi-chemin entre le spectacle amateur et le stand-up raté, où un groupe de figurants auraient obtenu leurs premiers vrais rôles. Seul Yvan Le Bolloc’h tient droit, impérial, tel Jean-Claude Convenant face à une panne de Saxo en pleine tempête. Sur son visage, comme sur celui du public, on croit lire : tenons bon, ce n’est qu’un mauvais moment à passer.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Ah ! le grand homme de Pierre et Simon Pradinas
Mise en scène Panchika VELEZ
Avec :
Yvan Le BOLLOC’H, Jean-Jacques VANIER, Jean-Luc PORRAZ, Stéphan WOJTOWICZ, Aurélien CHAUSSADE, Jean-Pierre MALIGNON et Serena REINALDIThéâtre de l’Atelier
à partir du 12 janvier 2016
du mardi au samedi à 21h – dimanche à 15h
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