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Les Zébrures d’Automne touchent au cœur et à la périphérie

Actu, Limoges, Théâtre

A nos combats de Salia Sanou photo Laurent Philippe

Pour la première fois depuis leur création en 1984, les Francophonies en Limousin et ses Zébrures d’Automne s’implantent au cœur de la Ville de Limoges et déploie des partenariats avec d’autres lieux de la Région : Uzerche, Bellac… L’édition 2022 s’est ouverte avec de passionnantes créations d’artistes peu ou pas connus sous nos latitudes. Direction : le Mali, le Rwanda, la Réunion.

La grande, la minérale Place de la République à Limoges n’est pas un espace aisé à faire vivre, à habiter. Après deux éditions organisées sur l’ancien site de la caserne Marceau, assez éloignée du centre, Hassane Kassi Kouyaté, directeur depuis 2019 des Zébrures d’Automne – anciennement baptisées « Francophonies en Limousin », n’a pourtant pas hésité à venir planter ses chapiteaux sur cet espace très commerçant, très passant. « En nous installant au cœur de la Ville, nous avons la possibilité de toucher des personnes que nous n’aurions jamais touchées autrement, des personnes qui même avec l’important travail de relations publiques que mène mon équipe ne seraient sans doute jamais venues voir un des spectacles que nous programmons ».

Des Zébrures en spirale

L’équipe du festival a donc bravé cette année des contraintes techniques et financières nombreuses – et guère accompagnées financièrement par les tutelles concernées d’une manière satisfaisante, nous précise le directeur – pour créer ce qu’elle appelle son « Archipel ». Lequel se prolonge à l’Opéra, où sont pour la première fois installés les bureaux du festival. Où se tiennent aussi des rencontres, et chaque soir des DJ sets. « L’Opéra de Limoges nous a aussi proposé la création d’un opéra, Haïti mon amour, que nous avons adopté. Cette mutualisation des forces est très importante pour le festival. C’est ce qui lui permet d’exister dans la Ville, et de rayonner à l’extérieur. Car les Zébrures telles que je les conçois sont un projet en spirale : elles partent de l’intérieur pour se déployer vers l’extérieur, et inversement ».

C’est ainsi dans le Foyer de l’Opéra qu’a eu lieu l’inauguration du festival, avec une soirée dédiée à sa fondatrice Monique Blin, décédée cette année. Nous n’y étions pas, mais le lendemain sur la place de la République, où a été dressé un ring pour accueillir le spectacle À nos combats du chorégraphe burkinabé Salia Sanou – l’une des quelques célébrités au programme –, les discussions sont encore pleines de cet hommage à une femme dont de nombreux artistes francophones se souviennent. À l’heure où les Zébrures d’Automne sont la seule structure dédiée à la création francophone, cela depuis la disparition du Tarmac en 2019, ce retour aux origines des Francophonies émeut autant qu’il interroge. Loin de tourner le dos aux questions qu’il soulève – à commencer par la raison d’être d’un festival dédié à la création francophone dans un paysage institutionnel qui s’y intéresse si peu –, Hassane Kassi Kouyaté les a placées au cœur de son projet, qu’il intitule « De l’écriture à la scène ». L’édition 2022 des Zébrures d’Automne a clairement mis à jour la nature de ce projet, qui se pense et s’accomplit sur la durée.

Le temps d’aimer, de crier

Tafe Fanga photo Christophe Péan

« L’accompagnement d’artistes, en particulier lorsqu’ils sont francophones et ne bénéficient pas de conditions de création similaires à celles des artistes français, prend du temps. Nous le prenons à Limoges en en accompagnant certains depuis l’écriture de leur texte jusqu’à sa mise en scène, et ensuite à la diffusion du spectacle », explique le directeur, qui prend aussi le temps de nous faire entrer dans sa fabrique personnelle. Dans son « bon artisanat » comme il dit, afin de signifier la capacité d’adaptation, de sur-mesure dont doit être capable une équipe travaillant avec des artistes venant de différents pays d’Afrique, de Départements d’Outre-Mer, d’Haïti, du monde arabe, mais aussi de pays francophones plus « riches » tels que le Canada, la Belgique, la Suisse… Son travail de dentelière, l’équipe des Francophonies l’a montré dans toute sa splendeur avec Tafé Fanga ? Le pouvoir du pagne ?, présenté au CCM Jean Gagnant à Limoges. Un spectacle puissant porté par cinq artistes maliennes qui ont prennent à bras le corps la situation des leurs : les femmes de leur pays, dont la parole est généralement empêchée, étouffée.

L’autrice, Jeanne Diama – également metteure en scène et comédienne –, a écrit en partie le texte de cette pièce, qui est sa cinquième, en résidence à la Maison des auteurs de Limoges. Les Francophonies lui ont aussi permis d’aller à la Cité Internationale des Arts de Paris. Au plateau, elle est entourée de quatre autres interprètes – Awa Diassana, Niaka Sacko, Tata Tassala Bamouni et Lamine Soumano – elles aussi très polyvalentes. Niaka Sacko, par exemple, joue aussi magnifiquement qu’elle explore à la chanson différents registres : le répertoire traditionnel malien, qu’elle revisite très personnellement, le rap… Chez les autres, on sent parfois l’influence du conte, qu’elles pratiquent pour beaucoup en parallèle du théâtre. Ce qui est aussi le cas de leur metteure en scène Assitan Tangara, très active dans le milieu culturel malien, notamment avec son association Anw Jigi Art, dont sont membres plusieurs des comédiennes de Tafé Fanga ? Car l’objet de cette pièce rejoint celui de l’association, où art et militantisme sont inséparables.

Séparer pour mieux rassembler

« Grâce, entre autres, au petit théâtre que nous avons implanté dans un quartier populaire de Bamako, nous portons sur scène la voix de celles et ceux qui ne peuvent pas parler », explique Assitan Tangara lors d’un bord de plateau, après une première accueillie avec force ovations par le public du festival, composé pour une bonne partie de lycéens. Écrit à partir de rencontres avec des femmes du Mali, mais aussi de France, Tafé Fanga ? est un cri dont les stridulations parviennent à toutes les oreilles. Les violences, les questions qui y sont formulées faisant largement place à un humour à la noirceur bien revendiquée, la condition de la femme malienne nous est proche, ne serait-ce que le temps d’un spectacle. Le mélange des disciplines est pour beaucoup dans cette réussite. C’est là d’ailleurs l’un des critères de choix de Hassane Kassi Kouyaté lorsqu’il doit choisir parmi les très nombreuses propositions venues de partout qu’il reçoit constamment. « Lorsqu’il y a rencontre au plateau, cela traduit de la part des artistes une ouverture, un désir de recherche qui m’intéresse particulièrement », dit-il.

Mon Eli de Paul Francesconi photo Thierry Laporte

Le type de rencontre, de mélange des formes qu’il décrit était aussi au rendez-vous des deux autres spectacles que nous avons pu voir en début de festival, tous les deux à quelque distance de Limoges : Tout dépend du nombre des vaches de la compagnie Uz et Coutumes dirigée par Dalila Boitaud-Mazaudier à l’Auditorium d’Uzerche – avant de se rendre à Limoges puis dans plusieurs collèges de la région – et Mon Éli de Paul Francesconi au Théâtre du Cloître à Bellac. Dans ces deux spectacles, des artistes de champs disciplinaires et d’origines diverses se rassemblent pour nous parler de séparation. Ce qui, paradoxalement, nous unit. Consacré pour l’un au génocide du Rwanda, pour l’autre à l’exil, ces deux pièces illustrent bien la conception très ouverte des francophonies que défend l’équipe des Zébrures d’Automne : « il s’agit d’en montrer la grande diversité, d’offrir aux spectateurs un maximum d’ouvertures sur le monde ».

Le temps de la singularité

Basées en France, les compagnie Uz et Coutumes et la Compagnie Soleil Glacé de Paul Francesconi – la deuxième, installée dans le Limousin, joue presque à domicile aux Zébrures d’Automne –, portent un regard singulier sur les réalités qui les intéressent. Quand bien même tous les deux travaillent très régulièrement au Rwanda et à la Réunion – Paul Francesconi en est originaire –, leur approche de ces pays est certainement différente de celle d’artistes qui y vivent. La singularité de leurs écritures vient en partie de cette position particulière : ils sont une des nombreuses richesses de la francophonie très plurielle telle que la défend Hassane Kassi Kouyaté.

Destiné aux enfants, Tout dépend du nombre de vaches mêle théâtre, manipulation d’objets, musique afin de transmettre une mémoire souvent occultée et interroger ce que ce passé implique pour le présent, pour ceux qui doivent le faire vivre. Mon Éli est aux antipodes de cette pédagogie pleinement assumée. Onirique, peuplée de créatures étranges, l’île où revient « Celui qui pue » après des années d’absence n’évoque la Réunion que parce que si l’on sait que Paul Francesconi y a vécu jusqu’à ses 19 ans. Très physiques, parfois dansées, les retrouvailles entre le revenant – on ne sait d’ailleurs vraiment de quel côté de la vie il se trouve –, et son amie Éli offrent au sujet bien connu du retour au pays une représentation forte et inattendue.

Ce début de festival nous aura donc permis de découvrir des artistes peu ou pas connus en France, venus d’horizons très divers. La suite sera assez différente : elle se poursuivra entre autres par un focus sur la création haïtienne. « En composant chaque année une partie de la programmation autour d’une région de la francophonie, je veux permettre au public de prendre le temps de la découverte d’un champ artistique éloigné de ses habitudes », explique Hassane Kassi Kouyaté, qui nous révèle par la même occasion son choix pour 2023 : les pays dits « riches » des francophonies, que sont le Luxembourg, le Canada, la Belgique et la Suisse. Il nous confirme aussi la belle rumeur qui court sur le festival : après des années d’attente, celui-ci aura enfin son lieu de création en 2024. Les « Francophonies – De l’écriture à la scène » promettent de belles aventures artistiques. Elles le feraient encore davantage si, dit leur directeur, « elles étaient soutenues par les tutelles à la hauteur de leurs besoins et de leurs ambitions ».

Anaïs Heluin

Les Zébrures d’Automne. Du 21 septembre au 1er octobre 2022.

Tafé Fanga ? Le pouvoir du pagne ?

Du 5 octobre 2022 au 30 mars 2023 à l’Institut Français du Mali

En décembre 2022 au Festival de théâtre des réalités Sikasso (Mali)

En janvier 2023 à l’Espace ANKATA et Institut Français Bobo-Dioulasso (Burkina Faso)

En février 2023 à Ségou Art – Festival sur le Niger Ségou (Mali)

En mars 2023 au Festival Les Récréatrales à Ouagadougou (Burkina Faso)

Mon Éli

Du 9 au 13 mai 2023 au Glob Théâtre à Bordeaux

Les 5 et 6 octobre 2023 au Théâtre du Grand Marché – CDN de l’Océan Indien – Saint-Denis

Saison 2023-2024 – Tournée en construction à La Réunion, en Guyane et en métropole

 

 

25 septembre 2022/par Anaïs Heluin
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