En début de semaine, le Ministre de la culture a annoncé la création d’une cellule d’accompagnement pour les festivals. Alors qu’à l’étranger, beaucoup de festives sont déjà annulés, en France, à l’image d’Avignon, Aix ou des Nuits de Fourvière, les directions concernées attendent les directives sanitaires de l’Etat. Les syndicats et fédérations des principaux acteurs du spectacle vivant posent un certain nombre de questions dans leur lettre au Ministre de la culture que nous reproduisons ici.
En cette période de profonde incertitude liée à la crise sanitaire que traverse notre pays, le ministre de la Culture a annoncé lundi 6 avril la création d’une cellule d’accompagnement pour les festivals, initiative que les organisations signataires souhaitent saluer. Franck Riester pose le constat – qui est aussi le nôtre – de l’hétérogénéité des situations et se dit attentif aux problématiques de chacun.
Notre responsabilité première est de construire des imaginaires, de contribuer à la vitalité artistique et culturelle de nos territoires et de soutenir la création. C’est le sens de la mission d’intérêt général qui nous est confiée par nos partenaires, par les artistes que nous accueillons, par les citoyennes et citoyens que nous recevons. C’est pourquoi, tant qu’un cadre réglementaire ne vient pas contrarier cette mission essentielle, nous restons au travail et nous inventons nos éditions 2020 avec l’envie et l’optimisme de faire, tant que l’on peut et autant que l’on pourra.
Cette ambition est, bien entendu, à la hauteur de la responsabilité que nous avons de garantir la santé et la protection des personnes accueillies lors de nos manifestations.
Toutefois, de nombreuses interrogations restent sans réponses et perturbent le travail de nos équipes :
• Quels sont les scénarii à l’étude pour la sortie de cette crise sanitaire (confinement, interdictions de rassemblement à diverses échelles, la réouverture des frontières et la restriction de libre-circulation sur le territoire) et quelles seront les conséquences prévisibles de ces différentes options sur la tenue de nos événements ?
• Comment faire face à la responsabilité du maintien ou de l’annulation d’un événement – en l’absence d’instruction gouvernementale – pour les élus, les financeurs, les porteurs de projet dans les semaines et les mois « d’après » ?
• Qui, de nos partenaires publics et privés, sera à nos côtés pour faire face aux catastrophes économiques dont seront victimes nos structures lorsque nous faisons le choix – dans le respect du cadre réglementaire d’alors – de renouer avec le public dont il nous est difficile de prévoir les comportements ?
Depuis près de quatre semaines, nous tentons de concilier la lucidité qu’impose le contexte sans précédent que nous vivons et son lot de décisions difficiles, avec la nécessaire projection dans le cœur culturel battant que sont les festivals à venir. Pour autant, nous ne voulons pas nous surprendre à rêver un avenir dont le sort serait déjà scellé.
Nous accueillons la mise en place de la cellule d’accompagnement ministériel avec intérêt. Et nous souhaitons que son ambition soit encore plus soutenue : il nous apparaît désormais indispensable que, dès demain, porteurs de festivals, État, collectivités territoriales, organismes de gestion collective et partenaires privés se réunissent pour travailler à concilier leurs responsabilités partagées : celle de la protection sanitaire et celle de poursuivre la fabrication d’horizons symboliques.
Monsieur le ministre de la Culture, nos organisations sont prêtes à travailler à vos côtés pour contribuer à l’évolution de la cellule d’accompagnement ministérielle. Nous souhaitons qu’elle devienne un véritable outil partagé de dialogue, de conseil et de prospective pour le secteur des festivals.
Le courrier est signé conjointement par l’Association Jazzé Croisé, la Fédération des festivals de musique et du spectacle vivant, FUTURS COMPOSÉS le Réseau national de la création musicale, le Réseau Européen de Musique Ancienne, l’Union Syndicale des Entreprises du secteur Public du Spectacle Vivant, LES FORCES MUSICALES, le PROFEDIM – Syndicat professionnel des Producteurs, Festivals, Ensembles, Diffuseurs, Indépendants de Musique, le Syndicat National des Scènes Publiques, et SYNDEAC – Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles.
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