Les membres du conseil d’administration de la scène nationale de Perpignan ont voté contre la reconduction dans ses fonctions de l’actuel directeur, dont le mandat s’achève en juin 2022. Le Syndeac dénonce une « attaque contre le modèle de la décentralisation culturelle ».
Depuis plusieurs semaines, le directeur du Théâtre de l’Archipel, Boris Sitjà, se savait sur un siège éjectable. En poste depuis le 1er juin 2016, le patron de la scène nationale de Perpignan avait demandé le renouvellement de son mandat, qui arrivait à échéance en juin 2022. Réuni ce lundi 29 novembre, le conseil d’administration du lieu labellisé en a décidé autrement et a voté contre sa reconduction.
Sur ses seize membres, seuls les représentants de l’Etat, selon un décompte réalisé par le journal L’Indépendant, ont voté pour. Les huit membres désignés par la Ville de Perpignan, dirigée par le maire RN Louis Aliot, s’y sont, quant à eux, opposés et les trois administrateurs de la Région Occitanie se sont abstenus. « C’était téléphoné, a réagi Boris Sitjà auprès de L’Indépendant. J’ai rendu un dossier de 120 pages et je n’ai eu aucune question dessus. J’aurais aimé que l’on m’explique pourquoi j’ai été écarté. J’ai pensé un moment retirer ma candidature mais le ministère m’avait soutenu dans ma démarche tout comme un élu de premier plan de la Région. »
En 2019, l’ancien maire de Perpignan, Jean-Marc Pujol, avait commandé un rapport d’évaluation sur la performance de gestion du théâtre qui révélait des conflits de personnes et des dysfonctionnements internes au sein de ses équipes. De son côté, la médecine du travail faisait état, après un audit, d’une longue liste de risques psychosociaux. Des périls, écrivait-elle, « mettant en danger la santé des salariés avec un risque d’accident du travail et de blessure plus important et qui mettent également en porte à faux la qualité du travail, la qualité de l’accueil des artistes et l’image de la structure ». Autant d’éléments qui ont pu peser lourd dans la balance au moment du vote.
De son côté, le Syndeac livre une vision beaucoup plus politique de cette non-reconduction. « Cette situation fait suite à des mises en cause personnelles répétées à l’encontre du directeur par le Maire de Perpignan, tant sur la programmation de la scène nationale que sur ses missions d’intérêt général, affirme-t-il dans un communiqué. L’abstention de la région Occitanie lors du Conseil d’administration constitue un renoncement à l’ambition culturelle régionale, par cet appui contre-nature à l’équipe municipale dirigée par le RN. » Avant d’ajouter : « Les labels nationaux sont régulièrement attaqués de la part de certaines collectivités territoriales notamment depuis les dernières élections municipales et territoriales. Coupes budgétaires parfois, charges en règle contre l’indépendance artistique et la liberté de programmation qui conduisent à des changements de direction arbitraires, les incidents se multiplient ces derniers temps. C’est en définitive le modèle de la décentralisation culturelle qui est attaqué. »
Dans le cas du Théâtre de l’Archipel, un nouveau conseil d’administration devrait se tenir d’ici une quinzaine de jours afin de lancer une procédure de recrutement pour trouver un nouveau directeur.
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