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Pas de deux : joute verbale sous haute tension au Lavoir Moderne Parisien

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

photo Cie Graines de Soleil Lavoir Moderne Parisien

Julien Favart, le directeur du Lavoir Moderne Parisien dans le 18e arrondissement de Paris ouvre sa saison avec Pas de deux, une pièce qu’il a écrite, un western post apocalyptique qui oppose un bourreau et sa victime. Après la fermeture forcée pendant la pandémie, le théâtre revit après avoir échappé à une fermeture définitive.

Il y a des ouvertures de saison qui ressemblent à des victoires, celle du Lavoir Moderne Parisien, enclenchée le 15 septembre dernier en est une. Bien sûr, il y a eu la pandémie, la fermeture des lieux de culture, une salle en jachère de public, et les difficultés inhérentes à la situation de crise sanitaire. Mais le Lavoir sort la tête de l’eau d’une situation autrement plus périlleuse et problématique. Le théâtre, pour des raisons de bail dénoncé et de propriétaire peu enclin à préserver l’Histoire du lieu, vient d’échapper de peu à une fermeture complète et définitive. La Mairie de Paris a fort heureusement levé la menace, reprenant la main sur l’affaire. Et l’équipe en place (de la Compagnie Graines de Soleil), qui se bat depuis des années pour sauver le lieu, tout en maintenant une programmation digne de ce nom, peut s’enorgueillir de lancer une nouvelle saison dédiée aux émergences créatives, à la fois tremplin et soutien aux jeunes compagnies.

C’est un autre combat qui se joue sur scène actuellement, un duel de théâtre écrit par Julien Favart (l’actuel directeur du théâtre), qui aurait dû voir le jour pendant le premier confinement et annonce ici une année placée sous le signe de la découverte d’auteurs, d’univers esthétiques éclectiques, de gestes artistiques singuliers, avec un focus consacré au romancier et dramaturge Koffi Kwahulé cet automne. Pas de deux est un dialogue sous haute tension qui met en jeu deux hommes a priori ennemis sur les décombres d’un monde en ruine. Une danse de survie entre un bourreau qui joue les prolongations et sa victime qui se débat comme un diable jusqu’à ce que les rôles mordent l’un sur l’autre, débordent, et que la confusion imprègne les certitudes et les identités. On y entre comme dans un film de catastrophe américain puis on bascule du côté de l’absurde beckettien en pensant aux personnages esseulés d’ En attendant Godot. Koltès est là aussi, tapi dans l’ombre, avec son chef d’œuvre, Dans la solitude des champs de coton, face à face suspicieux et sensuel entre un dealer et son client.

Ici, ce ne sont pas les recoins cachés et marginaux de l’espace urbain qui accueillent nos protagonistes mais une lande désertique que le mur du fond de scène n’empêche pas de voir s’étendre à l’infini car au Lavoir Moderne Parisien les murs, restés dans leur état brut originel (et c’est pour ça qu’on l’aime), n’enferment pas, ils révèlent. Ce petit théâtre de la Goutte d’Or a décidément un charme à nul autre pareil. Et ce spectacle, sous ses airs belliqueux, traque et creuse l’humanité sous la violence. Dans ce paysage stérile d’apocalypse d’où toute civilisation semble avoir disparue, deux rescapés d’une guerre inconnue, ni nommée, ni datée, s’affrontent. A bâtons rompus, usant de tous les moyens à leur disposition, force physique, arme, torture, panoplie propre aux temps de conflits, mais également et surtout manipulation psychologique et joute verbale, ils se défient et s’empoignent. En quelle ère sommes-nous, peu importe, mais la fin du monde est proche, peut-être même déjà là. Ne restent que ces deux hommes déboussolés et hagards, pétris de peur et de blessures indélébiles, de celles qui rendent fous de douleur.

Julien Favart et Jérémie Bédrune les incarnent avec fougue, ils fendent la scène comme on monte au front et donnent à ce règlement de compte la dimension métaphysique qui le sous-tend, derrière le concret de l’échange et des actions. Car ce qui se joue entre ces deux-là court sur plusieurs niveaux de lecture, l’époque résonne dans leurs tirades écorchées et la vie d’avant s’immisce dans leur révolte, leur colère autant que leurs assauts de nostalgie. Composée par le musicien Jonathan Morali (fondateur du groupe Syd Matters) et interprétée en live par ses soins, en bordure discrète du plateau, la musique, dosée avec justesse, contribue non seulement à l’atmosphère inquiétante et trouble de la pièce mais elle l’attire aussi vers ce qu’elle est véritablement, une fable à la fois moderne et sans âge qui nous contemple et nous regarde nous débattre, avec autant d’humour que de gravité, dans notre humanité à nu. Au bout du compte, ce qui reste, dans ces territoires dévastés et ces cœurs décimés, c’est la langue et l’usage qu’on en fait. Source d’imposture ou de sincérité, d’opposition ou de rapprochement, intègre ou corrompue, c’est elle et son spectre de possibilités, le clou du spectacle.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Pas de deux
Texte Julien Favart
Création collective de la Cie Graines de Soleil
Avec Jérémie Bédrune, Julien Favart
Collaboration artistique Lisa Guez
Scénographie Zakariae Heddouchi
Création musicale Jonathan Morali
Création lumière Marine Florès
Costumes Virginie Chevalier
Production exécutive Graines de Soleil
Avec le soutien de la Spedidam et de la Mairie de Paris

Lavoir Moderne Parisien
15 SEP > 26 SEP 2022
MERCREDI AU SAMEDI | 20H
DIMANCHE | 17H00

18 septembre 2021/par Marie Plantin
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