Attendu à la Biennale de danse de Lyon cette semaine puis sur les festivals cet été, à Avignon et à Montpellier, le chorégraphe grec présente deux créations. Focus.
Le chorégraphe peintre
Dimitris Papaioannou ne cache pas ce qu’il doit à la peinture, en général, et à certains peintres en particulier. Comme son « professeur » Yannis Tsarouchis ou, plus tard, Janis Kounellis un autre artiste grec devenu figure de l’Arte Povera. Avant la danse, les beaux-arts ont primé dans la vie de Dimitris Papaioannou jeune étudiant à Athènes. On peut dire que ce dernier dessine autant qu’il danse ses spectacles –signant des scénographies comme des tableaux vivants à la force visuelle unique. Certains observateurs lui reprochent d’ailleurs d’en négliger la recherche sur le mouvement.
Les années grecques
Il y aura tout d’abord la création du Edafos Dance Theater en 1986 où danse et théâtre dialoguent. MEDEA, une des pièces en vue de la troupe, fait entrer Papaioannou dans le petit cercle des créateurs en vue sur la scène grecque. Un vent de fraicheur pour tout dire. L’aventure va durer 17 ans. Lorsqu’elle prend fin en 2002, Dimitris Papaioannou n’a pas vraiment le temps de souffler. Le Comité olympique grec lui propose en effet d’assurer la direction artistique de la cérémonie d’ouverture des JO d’Athènes ! Une couverture médiatique sans équivalent -et la chanteuse Björk en invitée de marque.
Still Life consécration internationale
Plus que les cérémonies des Jeux Olympiques c’est bel et bien la pièce Still Life qui propulse Papaioannou sur la scène européenne. Notamment avec une série de représentations au théâtre de la Ville à Paris. Pour le chorégraphe et metteur en scène il y a un avant et un après Still Life. Dont il dit que cela a changé sa vie. Des tournées à n’en plus finir, une flopée de co-producteurs pour la pièce suivante, The Great Tamer, et, surtout, un nouveau public. « A 50 ans, j’ai commencé à montrer mon travail à travers le monde » résume le chorégraphe.
L’expérience au Tanztheater
Lorsque Adolphe Binder prend la direction artistique du Tanztheater Wuppertal, la compagnie créée par Pina Bausch, son idée est d’apporter du sang neuf -pas simplement d’entretenir le riche répertoire de la chorégraphe. Dimitris Papaionnou se voit alors commander une création pour les danseurs de la troupe allemande –une seconde pièce est confiée à Alan Lucien Oyen. Since She voit le jour en 2018 : ce spectacle, splendide, réunit quelques-uns des anciens du Tanztheater comme Ruth Amarante ou Julie Anne Stanzak ainsi que la jeune génération. Le style Papaioannou, des tableaux vivants, une gestuelle travaillée à la beauté grave fait une fois de plus mouche. Pourtant en coulisses c’est la crise : une partie de la compagnie et sa direction s’opposent à Binder qui finira par être éconduite. « J’avais l’impression de ne plus être désiré à Wuppertal » se souvient Dimitris. Pourtant les liens développés avec certains danseurs seront plus forts que tout. Ainsi Breanna O’Mara a rejoint le grec sur sa nouvelle pièce Transverse Orientation attendue à la Biennale de Lyon.
L’été de Dimitris
Ce n’est pas un mais deux spectacles de Papaioannou que les festivaliers de Lyon, Montpellier et Avignon vont découvrir dans les semaines à venir. Préparé au printemps 2020 Transverse Orientation va voir sa tournée bousculée par la crise sanitaire. Les répétitions sont compromises, la première reportée. Attendu notamment dans la Cour d’honneur du Palais des papes, la pièce ne sera pas montrée à Avignon – le festival 2020 étant annulé. Un an plus tard, Transverse Orientation va enfin prendre la route en commençant par La Biennale de danse de Lyon. Jauge réduite, forte demande, ce sera la création vedette de la manifestation. Elle est attendue ensuite à Montpellier Danse. Entre deux confinements, Dimitris Papaioannou a réussi a créé une autre œuvre, un duo superbe baptisé INK. Sur scène Dimitris fait face au tout jeune danseur Suka Horn –également à l’affiche de Transverse Orientation. Donné une poignée de fois l’automne dernier en Italie, INK sera au programme du Festival d’Avignon cet été
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Transverse Orientation conception Dimitris Papaioannou
2 au 6 juin, TNP Villeurbanne/Biennale de danse de Lyon
www.labiennaledelyon.com
2 et 3 juillet, Le Corum, Montpellier danse
www.montpellierdanse.comINK, Dimitris Papaioannou
20 au 25 juillet La Fabrica, Festival d’Avignon
www.festival-avignon.com
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