Belle saison pour les livres de danse en cette fin d’année. Les –jeunes- mémoires d’une étoile (Dorothée Gilbert), un récit comme un thriller (Bolchoï Confidentiel) et une biographie de référence (sur La Pavlova). Des idées de cadeaux pour la fin de l’année.
Anna Pavlova. L’incomparable de Martine Planells
La Pavlova aura été le modèle parfait des années durant, devenant l’image même de la danseuse. Pour de nombreux peintres mais au-delà dans l’imaginaire du public. Elle sera à tout jamais ce « cygne ». On a sans doute un peu de mal à imaginer de nos jours le statut de star unique de l’interprète du Théâtre Mariinsky. Anna dansera de Paris à Tokyo, une vie entière à brûler les planches. Perfectionniste -Martine Planells raconte qu’elle avait un studio de danse à l’étage de sa maison de Londres- Pavlova se nourrit de ce qui l’entoure, cherchant à percer le mystère des sauts de Nijinsky, à « dialoguer » avec la modernité d’Isadora Duncan, à comprendre le Kabuki de l’acteur Kikuguro VI ou à servir l’art majuscule de Marius Petipa. Pas question de se plaindre de l’Ecole du ballet à Saint Pétersbourg car la jeune fille sait « que c’est son seul rempart contre la pauvreté ». A 18 ans sa beauté en éblouit plus d’un. Le triomphe d’Anna approche. Ce sera son rôle dans La Bayadère. La légende est en marche. Les « Pavlovski » (surnom des fans de l’étoile) feront le reste. La plume alerte et érudite de Martine Planells survole les années troubles comme celle de 1905 (la Révolution) et les années fastes à Paris. Sans oublier la consécration– le fameux Cygne de Fokine. Le récit des tournées américaines –on y sert un punch Pavlova !- est passionnant. Jusqu’au déchirement des adieux qui ne disent par leur nom ce 13 décembre 1930 dans les faubourgs de Londres. Anna Pavlova s’éteint l’année suivante.
Un extrait : « Pour Pavlova, le plus important, est de toucher quelqu’un, même une seule personne, dans le public. Pas de mouvement mécanique, la danse, c’est autre chose. Voilà pour les bons jours »
Anna Pavlova. L’incomparable Editions Gremese, 20 euros.
Etoile(s) de Dorothée Gilbert
L’exercice est tentant mais le résultat pas toujours à la hauteur des espérances. Se raconter en tant que danseuse, qui plus est étoile attachante du Ballet de l’Opéra de Paris. Dorothée Gilbert offre donc une plongée dans son parcours, l’enfance et les débuts dansés, les grands moments et les peurs. Sa parole est honnête, parfois un rien naïve. Mais on suit cette trajectoire d’étoile avec gourmandise. En filigrane Gilbert raconte le défi qu’est ce métier de ballerine –et également de mère ! Enfin le livre est un bel album de photographies signées James Bort.
Un extrait : « Un claquement sec, le bruit du muscle qui se déchire, la douleur. Tout s’écroule. Sur un mouvement anodin, mon mollet m‘abandonne dans une souffrance fulgurante…. Ce jour-là, j’ai perdu une part de ma confiance. Pendant très longtemps après cette blessure, j’ai dansé la peur au ventre, je ne faisais plus confiance à mon corps ».
Etoile(s) Le Cherche Midi Editeur, 29 euros
Bolchoï Confidentiel de Simon Morrison (traduction Luba Jurgenson)
Le Bolchoï est par excellence la maison de tous les fantasmes. La danse classique y est vénérée, les artistes choyés ou malheureux, les drames à répétition. Ce livre passionnant – on le lit d’une traite- conte l’histoire de cette compagnie qui aura connu l’Empire comme la Révolution russe, jusqu’à l’attaque à l’acide contre Sergueï Filine dernier scandale en date. On comprend surtout que le Bolchoï aura servi la diplomatie comme le pouvoir. Et quand même les danseurs. A parcourir entre deux séances du Bolchoï au cinéma !
Un extrait : « En 1917, l’édifice ne subit que de petits dommages : quelques vitres cassées, de l’argent volé dans un bureau. L’une des danseuses les plus jeunes, Anastasia Abramova, répondant aux questions du New York Times, put donner l’impression que la révolution n’avait fait que perturber son emploi du temps : « oh, c’était terrible, déclara-t’elle, les cours à l’école de ballet se sont arrêtés pendant trois semaines d’affilée ! ».
Bolchoï Confidentiel Editions Belfond, 21 euros
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
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