Alors que l’iconique directeur devrait voir son dernier mandat prolonger de plusieurs mois, la question de sa succession commence à occuper certains esprits.
Jean-Michel Ribes pourra-t-il fêter ses 20 ans à la tête du Théâtre du Rond-Point ? Nommé le 1er janvier 2002, l’artiste aux 74 printemps devait, en théorie, raccrocher au terme de son quatrième mandat, le 31 décembre prochain. Il pourrait finalement en être autrement. En pleine discussion avec le Ministère de la Culture et la Mairie de Paris, qui subventionnent à parité le théâtre de l’avenue Franklin Roosevelt, l’iconique directeur veut jouer les prolongations. « Il serait naturel qu’après les Gilets jaunes, la grève des retraites et la crise du Covid on me donne un an de plus par rapport aux deux ans que j’ai perdus, plaide-t-il. Il est important pour moi de suivre les artistes dont les spectacles ont été reportés et de pouvoir programmer la saison 2022-2023. » Pour finir de convaincre les deux tutelles lors de son rendez-vous du mercredi 7 avril, Jean-Michel Ribes pourra utiliser un autre argument de poids : la « jurisprudence Olivier Py » qui a vu son mandat à la tête du Festival d’Avignon prolongé d’un an après l’annulation de l’édition 2020.
Malgré ce potentiel décalage de quelques mois, et même si le temps des candidatures officielles n’est pas encore venu, la question de sa succession agite le Landerneau théâtral et l’idée de tenter sa chance pour prendre la suite tend à germer dans certains esprits. A commencer par celui de Pierre Notte. Fidèle parmi les fidèles de Jean-Michel Ribes, l’auteur et metteur en scène se verrait bien lui succéder, tel un héritier naturel. « Après douze ans de compagnonnage, c’est Jean-Michel qui m’a demandé si je voulais présenter ma candidature et je vais le faire, assure-t-il. Mon idée est, avant tout, de préserver le projet qu’il a mené depuis 20 ans, de défendre cet espace de programmation et de diffusion d’artistes vivants, tout en perpétuant son caractère d’agora festive, de lieu de débats, de fêtes et de rencontres. Je souhaiterais aussi mettre en place une programmation qui diversifie les formes et les productions, et élargir le projet à des problématiques actuelles, comme la parité, l’écologie ou la diversification des publics. »
Préserver l’ADN
Autre proche de l’actuel directeur qui avoue son « intérêt pour le lieu », sans être totalement arrêté sur ses intentions : le metteur en scène Pierre Guillois. Après sa candidature infructueuse à la tête de la Comédie de Saint-Etienne, l’ancien assistant de Jean-Michel Ribes, partisan d’un « théâtre qui grince », pourrait envisager de reprendre le flambeau. « Je pense qu’il est important qu’un auteur, ou qu’une autrice, reste à la tête de cette maison pour faire vivre cette chose très particulière qu’on ne retrouve dans aucun autre théâtre public, souligne-t-il. C’est étonnant ce qu’a fait Jean-Michel en révélant quelque chose du théâtre français, cet état d’esprit d’insolence qui s’inscrit à l’intérieur du théâtre public. » En ami du Rond-Point, où il est souvent invité, l’ancien directeur du Quai d’Angers, Frédéric Bélier-Garcia, « réfléchit » lui aussi actuellement à l’opportunité d’une candidature pour prendre la direction du lieu.
Un temps sur toutes les lèvres, le nom de Jean Robert-Charrier est également de ceux qui reviennent à intervalles réguliers. Pourtant, le directeur du Théâtre de la Porte Saint-Martin semble, sans nier, moins décidé qu’on ne le dit. « Ma seule certitude pour le moment c’est mon devoir de redémarrer correctement la Porte Saint-Martin quand nous pourrons rouvrir », lance-t-il. Une indécision qui caractérise aussi l’état d’esprit de Macha Makeïeff, la seule femme dont le nom est aujourd’hui mentionné dans la liste des candidats putatifs, mais qui n’est pas encore déterminée. « La Criée [dont elle est directrice, NDLR], l’approche d’une exposition et de la prochaine création, nos nombreuses actions de médiation dans des conditions sanitaires si difficiles, la programmation de la saison prochaine, l’attente anxieuse de la réouverture de nos maisons m’accaparent totalement, ainsi que mes équipes », précise-t-elle. Quant à Paul Rondin, l’actuel directeur délégué du Festival d’Avignon à qui l’on prête des intentions, il préfère botter en touche en rappelant seulement que « le Festival d’Avignon l’occupe déjà beaucoup ».
Dans tous les cas, Jean-Michel Ribes compte bien que son héritage soit préservé à travers cette nomination. « Pour la santé du lieu, pour garantir sa qualité et pour que la greffe puisse se faire le mieux possible avec les équipes, je voudrais que la personne s’inscrive pleinement dans l’ADN du Rond-Point qui reste une maison au fonctionnement très atypique. » Reste à savoir si les tutelles feront, en temps voulu, le choix de la continuité ou de la révolution.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
Pierre Notte à la tête du Rond-Point, cela montre bien à quel point l’équipe du théâtre s’est confinée ces dernières années autour de son directeur, elle a complètement perdu le sens de la réalité. J’espère, pour le paysage théâtral français, que la Ville et le MC vont avoir le courage d’opter pour le renouvellement ! Il ne se passe quand même plus grand’ chose la-bas.
Jean-Michel Ribs a tellement fait de lèche ces dernières années aux différents présidents… Une honte.
Ce théâtre doit être entre les main d’une femme, pas par condescendance mais parce que symboliquement il faut du changement.
Commentaires peu bienveillants dus j’ose l’espérer à l’ambiance actuelle propice aux calomnies diverses…Jean Michel Ribes fait un travail exceptionnel depuis longtemps dans ce théâtre ,la librairie est une mine d’or pour tous les théâtreux dont je fais (faisais !!) partie et le personnel se montre toujours très affable. « Faire de la lèche » comme vous dites s’avère souvent le seul argument payant auprès de notre gouvernement et je ne pense pas que cela réjouisse vraiment celui qui s’y « colle »….
Quant au renouvellement féminin ou autre les exemples sur des scènes nationales et autres n’ont pas n’ont pas toujours été probants …
On ne saurait mieux dire.
Triste intervention très égoïste dernièrement. Ferait mieux comme tous les nantis du spectacle de soutenir les jeunes qui se battent. Le Rond-Point n’est pas occupé, c’est dommage !
J’ai beaucoup apprécié le théâtre du Rond-Point,Jean- Michel Ribes et ses spectacles, l’ambiance, la librairie bien fournie, le restaurant… j’ai toujours passé d’excellentes soirées,