Mercredi 19 mai, les représentations pour le public vont pouvoir reprendre dans les lieux de culture, avec des jauges réduites. Le mouvement d’occupation des lieux initié à l’Odéon est lui appelé à se poursuivre. La CGT spectacle lance un appel aux directrices et directeurs de ces lieux pour mener « un combat commun ». C’est le sens de cette tribune que nous publions en intégralité.
« Voilà maintenant 2 mois qu’a débuté un mouvement social historique, qui se traduit par l’occupation de plus de 100 lieux culturels, par des manifestations et actions spectaculaires, des débats publics et Agoras dans tout le pays.
Bien au-delà des seules revendications concernant les arts et la culture (pas de réouverture sans droits sociaux, un plan de reprise de soutien à l’emploi et aux salaires …) ce mouvement lutte, converge contre la précarité galopante, voulue par le gouvernement : retrait de la réforme de l’assurance chômage, une prolongation d’un an de l’année blanche pour toute·s les intermittent·e·s du spectacle et de l’emploi, des indemnités de sécurité sociale pour les congés maternité et maladie, le retour de l’annexe 4 pour tou·te·s les intermittent·e·s et les intérimair·e·s, des droits sociaux et un avenir professionnel pour les jeunes.
Ce mouvement social chaleureux, solidaire, d’entraide mais déterminé a suscité l’enthousiasme de certains d’entre vous, le soutien de beaucoup, le silence de quelques-un·e·s, sans doute aussi le mépris de certains autres.
Chacun connait les valeurs essentielles du théâtre public : populaire, critique du monde et de la société comme le chiendent entre les pavés. Chacun connait les principes d’émancipation et de démocratie qui sous-tendent les politiques publiques de soutien à la culture, à toutes les formes de culture.
Ils sont l’opposé d’un esprit boutiquier consistant à ne regarder que sa subvention, son établissement, se focaliser sur sa réouverture en oubliant tous les spectacles qui ne reprendront pas, tous les artistes et technicien·ne·s qui ne joueront pas, tou·te·s les professionnel·le·s qui resteront sans travail cet été comme l’été dernier, toutes celles et ceux que la crise et les mesures gouvernementales fragilisent.
Demain, autour du 19 mai les théâtres et les salles, « vos » théâtres et « vos » salles – vont rouvrir, dans des conditions très partielles et dégradées. Cette ouverture devra s’adapter à beaucoup de contraintes d’ordre sanitaire. Mais elle devra aussi s’adapter à l’existence d’un mouvement social qui va perdurer aussi longtemps que le gouvernement y restera sourd.
Les occupations de lieux de spectacle vont donc continuer.
Plus que jamais il faudra que nous montrions que le combat mené est commun.
Pour que les spectacles reprennent dans tous les lieux occupés, il faudra que ceux qui les occupent, ceux qui y travaillent, ceux qui les dirigent et ceux qui les financent partout en France disent ensemble vouloir continuer à mêler culture et luttes pour la justice sociale à conjuguer spectacles et agoras populaires.
Déjà des pressions inacceptables s’exercent sur certains lieux, des menaces de recours à la force sont proférées. Ce n’est la solution pour personne. Et c’est une honte.
Lorsqu’une mobilisation de plusieurs mois se fait dans l’unité, quand toutes les tendances qui la traversent parlent et agissent dans le même sens, tous les espoirs sont permis
C’est le moment que chacun renouvelle son soutien au mouvement et aux revendications portées par l’ensemble des lieux occupés. »
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