Il y a quelque chose qui titille Absinthe sur la vie de sa famille, quelque chose enfouie dans sa mémoire qui lui dit qu’on a du lui mentir. Dans ses rêves, la nuit, Absinthe (Perrine Guffroy) entend une voix qui ne lui est pas étrangère. Et si mon père n’était pas mon père ? Dans un espace presque vide (une longue table en fond de scène et quelques chaises au premier plan font figure de décor), Absinthe croise un homme. Un moustachu, un ventriloque qui cherche sa marionnette. Ses proches vont se greffer petit à petit à l’histoire, et les morceaux du puzzle vont ainsi se constituer peu à peu. Car c’est un vrai texte puzzle qu’a écrit Pierre-Yves Chapalain, un texte qui se construit peu à peu pour se dénouer dans les vingt dernières minutes lors de l’arrivée d’un garçon de café habillé en squelette (Yann Richard) qui fait basculer l’action dans l’angoisse la plus terrible. On a menti à Absinthe pendant toute sa jeunesse, elle le savait, personne n’a compris sa détresse.
C’est à partir de ces vingt dernières minutes que le spectacle de Pierre-Yves Chapalain prend tout son sens, et fait ressortir tout le tragique de son texte – magnifique. En choisissant de faire jouer les comédiens totalement désincarnés, il fait tomber le spectateur dans une léthargie profonde pendant la première heure. Le jeu et le ton sont assez désagréables. Alors quand l’histoire s’éclaircit, que les masques tombent, les comédiens peuvent enfin se libérer. Des images magnifiques viennent s’ajouter à cette atmosphère lugubre. On se croirait pas moment chez Pommerat. Dans cette grande salle de bal, viennent s’échouer des ballons de baudruche et les cotillons d’un carnaval. Le vent de l’extérieur vient balayer en rafale la destinée de cette famille. La mère (excellente Catherine Vinatier) finit par dévorer le père usurpateur. On frémit, on a froid dans le dos
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Absinthe
Texte et mise en scène : Pierre-Yves Chapalain
Scénographie : Marguerite Bordat
Collaboration artistique : Yann Richard
Musique et paysage sonore : Yann Le Hérissé
Création lumières et direction technique : Grégoire De Lafond
Perruques et maquillage : Nathalie Régior
Collaboration à la ventriloquie : Michel Dejeneffe
Administration de production : Juliette Roels assistée de Céline Settimelli
Avec :
Patrick Azam dans le rôle de Francis, le père
Philippe Frécon dans les rôles d’Edouard, l’homme à moustache, et de Jean, son frère jumeau
Perrine Guffroy dans le rôle d’Absinthe, la fille
Laure Guillem dans le rôle de Constance, une amie d’Adèle
Yann Richard dans le rôle du garçon de café
Airy Routier dans le rôle d’Adrien, le fils
Catherine Vinatier dans le rôle d’Adèle, la mère
Margaret Zenou dans le rôle de Monica, la sœur de Constance
Le texte d’ « Absinthe » sera édité aux Solitaires Intempestifs à l’automne 2010
Durée: 1h20
Du 10 jan. au 11 fév. 2011 au Théâtre de la Bastille, Paris
Les 15 et 16 fév. 2011 au Théâtre de la Coupe d’Or – Scène conventionnée de Rochefort
Du 29 mars au 2 avril 2011 au Nouvel Olympia – Centre dramatique régional, Tours
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