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Abgrund, un Abîme d’ennui

À la une, Décevant, Les critiques, Sceaux, Théâtre

photo Arno Declair

Abgrund, la nouvelle production de Thomas Ostermeier présentée au Gémeaux à Sceaux, souffre d’un texte plat et inconsistant de Maja Zade. Aussi virtuoses soient-ils, le metteur en scène et les acteurs de la Schaubühne ne peuvent sauver une partition si banale, qui n’a de profond que le gouffre qui lui donne son titre.

Sur scène, six personnages, une bande de potes, la trentaine et la réussite sociale bien suffisantes, sont autour de la table d’une cuisine aménagée dernier cri au métal rutilant. Il se prépare un dîner. On ouvre les bouteilles en badinant sur la beauté des verres en cristaux et la qualité du vin. Ce cadre triplement unitaire (lieu, temps, action), qui favorise l’intimité de la situation et des rapports humains qu’elle présente, renvoie bien sûr à celui de la tragédie classique. Laisserait-il penser que quelque chose de fondamentalement existentiel va se jouer ? On en doute tant le public glousse comme au vaudeville…

Quand il délaisse les élans épiques de l’écriture shakespearienne, Thomas Ostermeier aime se frotter de temps en temps à la satire comportementale des individus d’aujourd’hui. Ils étaient condamnés sans pitié dans Démons de Lars Noren qu’il a autrefois brillamment monté, dessinés avec rigueur et humeur par Yasmina Reza dans Bella figura, ils sont croqués carrément mollement par Maja Zade, une jeune signature encore inconnue en France et dramaturge de la Schaubühne qui plonge d’une manière bien trop convenue dans le mélange de coolitude et de médiocrité qui caractérise notre époque.

Maja Zade veut montrer toute la superficialité d’une classe petite-bourgeoise actuelle. Elle écrit les dialogues d’une conversation à bâtons rompus, cumule avec complaisance les sujets un brin fumeux (consommation, faillite du système, crise migratoire, religion, homosexualité…) et sans n’en approfondir un seul, préférant suivre le principe du zapping qui abreuve nos pratiques de consommation sociale. Les scènes sont d’ailleurs « cutées » impitoyablement, de telle sorte que finalement rien ne se dit, ou du moins rien de profond, rien qui échappe à l’anecdote.

La pièce donne l’impression d’assister à une très longue scène d’exposition. L’élément perturbateur – un drame familial qui s’apparente à une réécriture domestique de Caïn et Abel féminisés et actualisés – arrivera trop tardivement et fera à peine naître de plus grandes émotions.

Sans trop pouvoir compter sur le propos, Thomas Ostermeier innove dans la forme. Souhaitant – curieusement – ne rien laisser échapper de ce qui se joue mâtiné d’un univers sonore et visuel digne d’une série télévisée, il munit les spectateurs d’un casque audio qui amplifie les voix des individus, les sons de la cuisine, l’ambiance des situations jouées derrière un rideau de gaze et devant un grand écran. Les personnages sont interprétés sans grande inspiration par les acteurs de la Schaubühne. Il y a quand même le couple formé par Jenny König et Christoph Gawenda, plutôt touchant, et Laurenz Laufenberg qui tente de rendre compte d’un peu de complexité dans son rôle. Bien que le projet textuel et scénique repose sur une furieuse envie de brocarder la génération bobo, la pièce Abgrund se présente comme une abyssale récupération d’un certain théâtre bourgeois.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Abgrund / L’Abîme
Mise en scène Thomas Ostermeier / Schaubühne Berlin
Dramaturgie Maja Zade
Avec Christoph Gawenda, Moritz Gottwald, Jenny König, Laurenz Laufenberg, Isabelle Redfern, Alina Stiegler
Création à la Schaubühne le 2 avril 2019
Durée: 1h40
En allemand surtitré

Les Gémeaux
Du jeudi 3 au dimanche 13 octobre 2019

5 octobre 2019/par Christophe Candoni
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