Avec À ciel ouvert, le Cirque Aïtal propose un spectacle simple et très émouvant. La famille du cirque s’y mêle à celle des volatiles, et les caravanes formant basse-cour créent un monde tel qu’on aimerait qu’il soit : drôle, inventif et délicat. En juin, il s’installera en bas des Champs-Élysées.
Le cirque Aïtal, c’est avant tout l’histoire d’un couple. Lui, Victor Cathala, avec ses airs de Titan, Hercule tout droit sorti de la mythologie, beau comme un Dieu et comme un berger basque (même s’il vient de Toulouse), barbe noire et cheveux bouclés sur une carrure de montagne ; elle, Kati Pikkarainen, petite femme fine et finlandaise, blonde, blanche, légère comme la lumière du Nord, pommettes hautes et corps galbé autant qu’élastique sur un petit accent qu’elle n’a jamais perdu. Il venait du lycée agricole et de la voltige à cheval ; elle était passée par la Russie pour commencer sa formation. Ils se sont trouvés au début du millénaire au CNAC (Centre National des Arts du Cirque), école d’excellence du cirque français. Exacts opposés, si complémentaires et harmonieux. Quand il la prend dans ses bras, elle paraît ne peser rien ; quand elle s’enroule autour de lui, le géant redevient enfant. De leur union sont nés le Cirque Aïtal et leurs deux mini-eux, qui concluent À ciel ouvert par quelques acrobaties, comme la promesse d’un monde durable.
Mais reprenons du début. Bienvenue dans le cocon d’une famille de cirque dit déjà la simple disposition scénographique. Deux gradins et quatre caravanes vintage customisées reçoivent le public en formant un petit cercle chaleureux, comme une cour sur laquelle donneraient les habitats des artistes, et comme une mal-nommée basse-cour, puisque vont s’y succéder des volatiles en tous genres, méprisés spécimens à plumes qui font un peu peur aux enfants citadins. Poules, colombes, canards donneront en effet à ce spectacle son titre aérien et son fil rouge. Mais tout y commence avec le géant qui débarque, tel un épouvantail, la tête couverte de foin, avant que ses trois comparses, Kati Pikkarainen et les musiciens Helmut Nünning et Hugo Piris, ne traversent la cour, une cloche au cul. Troupeau de moutons qui aura donc son berger tout trouvé pour entamer une transhumance faite de courses folles.
À suivre, pas d’histoire, mais des tableaux qui se succèdent et beaucoup de choses qui s’y racontent : le cirque, la famille, notre rapport au vivant, à l’autre, le temps qui passe et les surgies de la beauté. Chaque artiste y esquisse son personnage dans une dramaturgie soignée, et les évocations nostalgiques d’un passé doré où fumait chaudron s’allient à des volutes roses bien plus modernes de chanteuse pop. Combinant cirque traditionnel – mât chinois, portés, planche à bascule et clown – et création contemporaine à travers une poésie joliment soutenue par la musique, À ciel ouvert crée un monde dans lequel bêtes à plumes et bêtes à poil vivent ensemble tout en prenant soin les unes des autres. La délicatesse incarnée par ce géant aux airs d’enfant y fait loi, les va-et-vient entre intérieur et extérieur, tels que les prônent de cocasses séances de relaxation, le rythment. Passé et présent s’allient, comme si l’esprit du cirque pouvait sauver notre monde, promesse reprise par les petites têtes blondes – Leevi et Oona. Avec Aïtal, on a envie d’y croire !
Eric Demey – www.sceneweb.fr
À ciel ouvert
Un spectacle du Cirque Aïtal
Conception et interprétation Victor Cathala, Kati Pikkarainen
Musiciens Helmut Nünning, Hugo Piris
Enfants Leevi, Oona
Collaboration artistique Michel Cerda
Scénographie Victor Cathala , Kati Pikkarainen
Composition musicale Helmut Nünning , Hugo Piris
Création lumière Lucien Valle
Sonorisation Olivier Planchard
Création costumes Emmanuelle Grobet
Construction Simon Rosant, Allan Wyon, Stéphane Duron
Régie générale Thomas Fabien
Régie lumière Justine Angevin, Jérôme Dechelette
Régie plateau Thomas Fabien, Thomas Redet
Régie son Olivier Planchard
Régie enfants Isabelle DournyCoproduction Agora – PNC Boulazac Aquitaine ; Carré Magique – Pôle national des arts du cirque en Bretagne ; La Cascade – Pôle national Cirque Ardèche (Ardèche Auvergne-Rhône-Alpes) ; Le Parvis – Scène nationale de Tarbes Pyrénées ; CIRCa – Pôle national Cirque Auch Gers Occitanie ; L’Azimut – Pôle national Cirque en Île-de-France (Antony – Châtenay-Malabry) ; Le Sirque – Pôle national Cirque de Nexon Nouvelle-Aquitaine ; Scène nationale d’Albi ; Archaos – Pôle national Cirque ; Latitude 50 – Pôle des arts du cirque et de la rue
Soutiens Ministère de la Culture et de la Communication – Direction générale de la création artistique ; Direction régionale de l’action culturelle Occitanie ; Conseil régional Occitanie ; Conseil départemental de la Haute-Garonne ; SACD / Processus Cirque ; Spedidam, Adami ; Institut Français ; Occitanie en scène
Aide à la résidence Commune d’Estadens (Haute-Garonne) ; Le Sirque – Pôle national Cirque de Nexon Nouvelle-Aquitaine ; CIRCa – Pôle national Cirque Auch Gers Occitanie ; Le Parvis – Scène nationale de Tarbes Pyrénées ; Agora – Centre culturel Pôle national des arts du cirque Boulazac AquitaineDurée : 1h05
Vu en mai 2025 à L’Azimut, Châtenay-Malabry
Théâtre du Rond-Point, Salle Chapiteau, Paris
du 11 au 22 juinFestival Les 7 Collines, Saint-Étienne
du 29 juin au 6 juillet
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