Avec La Paix dans le monde, le dramaturge et metteur en scène conclut son triptyque consacré à l’histoire d’un amour fou. Porté par une écriture délicate et le jeu tout en rondeur de Frédéric Andrau, il met en lumière la lutte d’un homme avec lui-même.
La Paix dans le monde a un titre trompeur. A ceux qui s’attendraient à voir un spectacle traitant de la géopolitique du monde tel qu’il ne va plus, il faut adresser une mise en garde : dernière partie du triptyque consacré à l’histoire de Simon et Lucie, la pièce de Diastème se situe à l’exact antipode, aux confins de l’intime qu’il se plait à explorer de livre en livre. Depuis La Nuit du thermomètre et 107 ans, le jeune Simon a bien grandi, mais son amour pour Lucie, lui, est resté intact. Retiré de la société, vivant comme un ermite, il semble vouloir protéger les autres de sa folie, de sa « dangerosité », celle qui l’a conduite, à l’âge de 16 ans, dans un hôpital psychiatrique.
Alors adolescent, le jeune homme avait vu sa belle le quitter, après une incartade, une relation extra-conjugale. Transi d’amour, jusqu’à le marquer dans sa chair, Simon n’avait pas supporté que Lucie puisse connaître d’autres hommes et avait, un soir, débarqué chez elle pour frapper son nouveau compagnon et tenter de mettre fin à ses jours. S’ensuivirent une interdiction d’approcher, pendant cinq ans, et un internement. Quinze ans plus tard, dans le canton de Vaux où il réside au milieu de ses livres, il se voit offrir un ordinateur par sa mère. D’abord réticent à l’idée de réveiller ses démons, l’homme ne tarde pas à rechercher le nom de celle qu’il n’a pas oubliée : Lucie Longchamps. Après avoir retrouvé sa trace sur Facebook, et découvert sa nouvelle vie, Simon se met en route vers Paris pour tenter de la revoir.
Pour mettre en scène ce théâtre de l’intérieur, Diastème s’est entouré d’un casting de choix, et notamment du scénographe de Christophe Honoré, Alban Ho Van, de l’actrice Emma de Caunes qui interprète Lucie par écran interposé, et du chanteur Cali, responsable de l’univers sonore de la pièce. Seul en scène, Frédéric Andrau profite de cet écrin, aussi simple qu’élégant, pour déployer un jeu tout en rondeur et en finesse. Un brin monochrome, il permet toutefois de pénétrer, avec une empathie teintée de méfiance, dans l’univers tourmenté de Simon qui, plus que tout, ne veut pas voir ressurgir ses monstres intérieurs.
Portée par la langue délicate de Diastème, cette lutte d’un homme avec lui-même se fait essentiellement captivante. Seul bémol : en s’étirant en longueur, elle tend, sur la fin, à s’affaiblir et se conclut par un « happy end » tout en mièvrerie. Aussi touchant soit-il, il n’est pas à l’image de l’art de la nuance qui prévalait jusqu’alors, mais il en va sans doute ainsi des flux et des reflux amoureux d’un éternel adolescent.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
La Paix dans le monde
Texte et mise en scène Diastème
Avec Frédéric Andrau, et la participation d’Emma de Caunes
Musique Cali
Images Vanessa Filho
Décor Alban Ho Van
Lumières Stéphane Baquet
Costumes Frédéric Cambier
Assistant Mathieu MorelleCoproductions Cie du Refuge, Mes Scènes Arts, La Guérétoise de spectacle / Scène conventionnée de Guéret, Fontenay-en-Scènes / Fontenay-sous-Bois, Théâtre Montansier / Versailles, Ondes Alpha
Avec le soutien du département du Val-de-Marne et de la SPEDIDAM
Mécénat Longsen
Soutiens Artéphile, Ligue de l’enseignement / Fédération de Paris, Athénée / Le Petit Théâtre de Rueil, Espace Saint-Exupéry / Franconville, Théâtre La Luna / AvignonDurée : 1h25
Les nouveaux déchargeurs
Salle Vicky Messica – jours de représentation: Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi
Du 01/10/2021 au 30/10/2021 à 19:00 heures
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