Après le succès rencontré par Adieu Monsieur Haffmann, le dramaturge et metteur en scène revient au Théâtre Actuel avec sa nouvelle pièce, et il n’a, visiblement, pas forcé son talent.
Auréolé par quatre Molières pour Adieu Monsieur Haffmann, présenté voilà trois ans au Théâtre Actuel mais aujourd’hui encore en tournée, Jean-Philippe Daguerre arrivait en terrain conquis au Festival Off d’Avignon. Au milieu des 1592 spectacles que compte cette année la manifestation, il aura suffi de seulement quelques jours pour que son nouveau spectacle, La Famille Ortiz, affiche complet, ou presque. Il faut dire que le dramaturge et metteur en scène a repris un schéma de création quasi identique : Hervé Haine à la musique, Aurélien Amsellem aux lumières, Virginie H aux costumes, le Théâtre Actuel comme lieu d’accueil. Dans l’équipe qui l’entoure, seule Caroline Mexme a été remplacée par Juliette Azzopardi pour imaginer les décors. Quant à la thématique historique – pourtant en vogue auprès des spectateurs comme le prouve le succès de son précédent spectacle et celui de La Machine de Turing –, elle a cédé sa place à un mélo familial. Et c’est là que le bât blesse.
Sûr de sa renommée, Jean-Philippe Daguerre n’a visiblement pas forcé son talent d’auteur pour composer sa Famille Ortiz. Voyez plutôt. Futurs parents, heureux en couple, Claire et Pierre coulent des jours paisibles au Japon. Un matin, on sonne à leur porte. Le visiteur se présente comme le frère de Pierre, dont Claire ignorait l’existence, comme celle de l’ensemble de son entourage. Ce chambardement est l’occasion pour l’homme de lui confier un journal où il a compilé sa vie d’avant, celle de sa famille, les Ortiz. Avec un père toréro, au succès magnifiant, une mère infirmière et deux frères jumeaux, Ali et Lino, celui qu’on appelait Madiba vivait dans la joie et la bonne humeur. Jusqu’au jour où sa mère manque de se noyer dans la Garonne. Désemparé par l’attitude pétrifiée de son père, il se jette à l’eau et la sauve, sans en recevoir les lauriers remis, de façon injuste, au patriarche inactif. C’est là que la famille se noie dans les secrets et les non-dits qui provoqueront sa scission.
A partir d’une unique étincelle narrative, Jean-Philippe Daguerre a choisi de dérouler la pelote de grosses ficelles dramaturgiques. Fondée sur des dialogues plats et approximatifs – comment est-il possible d’attraper la maladie de Charcot comme on attraperait une grippe ? -, La Famille Ortiz a tout d’une entreprise de remplissage pour enrober un squelette dramatique à la faiblesse perceptible. Accompagnée par une mise en scène qui ne cherche jamais, à l’image des comédiens, à faire plus que le job, elle se borne au divertissement sans relief, ni profondeur, fondé sur le traditionnel menu entrée-plat-dessert du théâtre : une pincée d’humour, un soupçon de suspense et une bonne louche d’émotion qui vise à faire pleurer dans les gradins. Pourquoi chercher à creuser quand on peut se contenter du superficiel ? Pourquoi vouloir produire de la pensée quand on peut s’appuyer sur du prémâché ? Pourquoi se mettre en danger quand on peut ronronner ? Dans la grande famille du théâtre, il y a ceux qui imaginent, et ceux qui recyclent, sans chercher à aller plus loin.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
La Famille Ortiz
Texte et mise en scène Jean-Philippe Daguerre
Avec Isabelle de Botton, Bernard Malaka, Stéphane Dauch, Charlotte Matzneff, Kamel Isker et Antoine Guiraud
Décors Juliette Azzopardi
Musiques et assistant à la mise en scène Hervé Haine
Lumières Aurélien Amsellem
Costumes Virginie H
Chorégraphies Florentine HoudinièreCoproduction Atelier Théâtre Actuel, le Théâtre Rive Gauche, ACME et le Grenier de Babouchka
Avec le soutien du Théâtre de Gascogne et de l’Athénée à Rueil MalmaisonDurée : 1h25
Festival Off Avignon
Théâtre Actuel
du 5 au 28 juillet 2019, à 17h15 – Relâche le 23 juilletThéâtre Rive Gauche, Paris
à partir du 9 octobre
Ce 9 octobre 2019, je viens d’assister à la première de « La famille Ortiz » à Paris
S’il existait les « François de Sales » pour le journalisme comme il existe les « Molière » pour l’art dramatique, Je ne pense pas que Vincent Bouquet se verrait décerner une statuette. Manque d’intuition, de clairvoyance, se bornant au premier degré. Manque de générosité, de tendresse, d’ouverture d’esprit… Je me demande à quoi servent ces critiques ?
Au moins avec celle-ci, il n’aura pas gâcher du papier, c’est déjà ça !
« Écrire des dialogues plats et approximatifs »… C’est le Bouquet ! Là, il montre ses propres limites intellectuelles…
Je ne lui en veux pas, il lui faut aller et revenir au théâtre souvent, en matinée, en soirée et surtout : qu’il paye sa place.
Peut-être qu’un jour Thalie, Dionysos ou même Athéna, pris de pitié, ouvriront un peu l’esprit de Vincent…
C’est toute la grâce que je lui souhaite.
Sans rancune
Pierre Laur
Monsieur,
Qu’il est dommage qu’aux échanges constructifs sur le fond d’un spectacle, dont il est toujours possible de débattre sereinement, vous préfériez les attaques ad hominem stériles, à base de jeux de mots sur mon nom de famille, déjà entendus 1000 fois.
Bien à vous,
Vincent Bouquet
Monsieur Bouquet,
Je reconnais le jeu de mot facile, et je le savais en l’écrivant.
Maintenant si vous ne retenez de mes propos que cette « attaque ad hominem stérile », (qui se voulait justement en rapport aux limites intellectuelles), je peux continuer dans « un bouquet final dont le feu d’artifice se résume à une fusée qui fait pschitt et n’explose même pas)…
Vous parlez de constructif alors que vos propos de critiques (je vous cite : « Fondée sur des dialogues plats et approximatifs ») sont destructeurs et blessants.
Allez revoir « La famille Ortiz » à Paris, je pense (si votre ego vous le permet) que vous corrigerez vous même votre copie.
Après, peut-être, nous pourrons parler, à ce moment là, de propos constructifs…
Bien à vous
Pierre LAUR