L’Enfance. L’évocation des années fondatrices, l’impact des sentiments hérités, la nostalgie d’un avant.
Mettre en scène et adapter La Lettre au père de Franz Kafka, c’est être à la recherche d’un événement initié par l’auteur. Celui de « se rendre la vie et la mort plus facile ». Placer l’enfance au centre de la création, son souvenir lourd, suspendu là au-dessus de nos têtes.
L’enfance, celle qui pose les premières pierres de la réflexion de l’adulte. L’enfance, comme une étape qu’on oublierait. L’enfance, comme le berceau du sentiment. Et l’acuité ou la prise de conscience des conséquences de ce que l’on y vit, peu veulent y faire face. Franz Kafka , analyse l’éducation reçue par son père. Mettre en scène la lettre implique de se plonger dans la démarche entreprise par Kafka lui même, d’essayer de comprendre l’élément déclencheur de ce besoin d’écrire, et de s’adresser à son éducateur. C’est l’énergie nécessaire, c’est le dépassement de soi, c’est le désir de comprendre, de trouver soulagement, qui m’a tourner vers l’enfant Franz.
S’aider à vivre, voilà l’essai Kafka. La lettre au père est un adieu
Accuser le père pour s’adoucir, embrasser ses souvenirs pour calmer le cœur qui bat trop vite. J’ai voulu raconter cette épreuve, qui à mon sens, est essentielle. Mettre en scène un homme, en fin de vie, qui ressent un besoin de passer les jours sereinement, sans tourment refoulés. Alors, il entreprend cette grande épopée : celle de raconter ses souffrances et leurs origines.
Nous sommes tous confrontés à la remise en question de notre propre existence. A notre légitimité. La manière dont l’Homme la traite empêche parfois l’introspection, parce que trop lourde et bien trop évidente. L’Homme Kafka semblait être le meilleur moyen de raconter et de donner à voir un humain qui un jour a décidé. Il a décidé de sonder son enfance, pour être libéré. La lettre lui est nécessaire, vital, organique; ne plus errer.
Qu’importe le moment, c’est un service que l’on se rendrait : parler, pour Vivre. C’est le théâtre de la psychologie, le théâtre de l’homme qui arpente. L’élan qui m’a portée vers ce texte est la détermination insatiable d’écrire, le besoin de s’exprimer, de demander pourquoi ? Pour quoi ?
Parler de nous, mettre en lumière le rapport le plus primaire de notre espèce : celui de l’Enfant face à son Parent. Le Théâtre du souvenir, de la nostalgie et de l’héritage. La parole du soulagement.
Victoria Sitja , metteuse en scène
« La lettre au père » de Franz Kafka
mise en scène : Victoria Sitjà
scénographie: Lola Seiler
crédit photos: Melissa Boucher
Avec
Franz Kafka : Noham Selcer
Ottla Kafka : Marianne Rimbaud
Hermann Kafka (voix) : Christophe BraultThéâtre Gérard Philipe de Saint-Denis
les 16 et 17 mai 2019 à 17h
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