Associée au chorégraphe Marcos Morau, la compagnie pilotée par Jon Maya prouve que danses traditionnelle et contemporaine peuvent s’unir. Proposition singulière, porteuse de sublimes images, Oskara combine, avec élégance et technique, identité basque et modernité.
Kukai Dantza et Marcos Morau étaient faits pour s’entendre. Spécialiste de la danse traditionnelle basque, remise au goût du jour, la compagnie fondée par Jon Maya a su, au fil des années, ouvrir son langage si particulier aux artistes internationaux comme Cesc Gelabert, Israel Galvan ou Sharon Friedman ; quand le chorégraphe barcelonais, fondateur du collectif Le Veronal, aime créer des passerelles, des analogies entre la danse et la géographie, et creuser au carrefour des arts cinématographique, littéraire, photographique, et bien sûr chorégraphique. Fruit de leur rencontre, Oskara ne pouvait être qu’un objet scénique hautement singulier que le Festival d’Avignon a eu l’audace et le flair de programmer.
Dans une esthétique en clair-obscur très castellucienne, cette succession de tableaux à la beauté hallucinatoire embarque dans le for intérieur d’un homme sur le point de décéder. Couché sur la table d’opération, il est déclaré en état de mort cérébrale suite à une rupture d’anévrisme. Comme une ultime réminiscence avant le grand saut, le voilà immergé dans la culture basque, faite de mythes et de symboles, de joueurs de pelote et de sons de cloche. Des sublimes costumes d’Iraia Oiartzabal à la musique composite de Xabier Erkizia et Pablo Gisbert, tout converge vers cette identité aux attributs bien connus.
Pour Kukai Dantza, comme pour Marcos Morau, il ne s’agit pas, pour autant, de s’adonner à un quelconque folklore, qui fût mortifère. La compagnie et le chorégraphe préfèrent unir leurs forces, faire dialoguer leur complémentarité, pour aboutir à un langage nouveau, savant mélange de tradition et de contemporanéité, de coutume et de modernité. Ni l’une, ni l’autre ne renoncent à leur spécificité, à ce qui fait leur puissance et leur singularité – la danse enracinée pour la première, l’esthétique léchée pour le second.
De la première à la dernière image, Oskara se révèle un condensé d’élégance. Accompagnés par un chanteur d’airs traditionnels (Julen Achiary, en alternance avec Thierry Biscary), les danseurs font montre d’une impressionnante technique, sublimée, notamment, par les moments de troupe où tous apparaissent en symbiose. D’une abstraction parfois déconcertante, ce voyage tant iconographique que chorégraphique réussit à surprendre, puis à captiver, grâce à son étonnante singularité. Sur le principe, comme dans les faits, Kukai Dantza et Marcos Morau étaient donc, bel et bien, faits pour s’entendre.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
Oskara
de Kukai Dantza
Avec Julen Achiary et Thierry Biscary (chant) en alternance, Eneko Gil, Ibon Huarte, Alain Maya, Martxel Rodríguez, Urko Mitxelena
Direction de la compagnie Jon Maya
Conception, chorégraphie Marcos Morau
Dramaturgie Pablo Gisbert
Assistanat à la chorégraphie Lorena Nogal, Marina Rodriguez
Musique Xabier Erkizia, Pablo Gisbert
Costumes Iraia OiartzabalProduction Kukai Dantza
Coproduction San Sebastián Capitale européenne de la culture 2016, Donostia Kultura Victoria Eugenia Theater, Scène nationale du Sud-Aquitain, Malandain Ballet Biarritz
Avec le soutien du Gouvernement basque, Ville d’Errenteria, Errenteria Kultura Kreaktiba
Avec l’aide de EtxepareDurée : 1 heure
Festival d’Avignon 2019
5 6 7 | 9 10 11 juillet à 15h
L’Autre Scène du Grand Agnon – VedèneFestival Cadences, Arcachon
le 20 septembre 2019
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