間 (ma, aïda…) nouvelle création de Camille Boitel en tandem avec Sève Bernard créé en 2019 à Montpellier Danse poursuit sa tournée. 間 (ma, aïda…) est tout entier dans ses variations, qu’elles soient lumineuses ou sentimentales.
On peut dire de 間 (ma, aïda…) qu’il commence par une fin. Une parmi tant d’autres. Car cet ovni entre cirque, danse et poésie est renversant de bout en bout. L’histoire probable d’un couple de scène, Camille Boitel et Sève Bernard, tout autant qu’une histoire du théâtre. Boitel parle ainsi de « fabriquer un spectacle plus que de le faire ». Une nuance mis en pratique 50 minutes durant. Le temps nécessaire pour défaire ce qui a été fait, de passer à travers les planches, de s’accrocher à l’autre, de danser un tango triste –comme tous les tangos. La paire a été détournée en chemin, passant d’une proposition sur le dérèglement climatique à une autre sur le dérèglement amoureux. Changement d’atmosphère donc.
間 (ma, aïda…) est tout entier dans ses variations, qu’elles soient lumineuses ou sentimentales. Cela commence par un face à face Boitel /Bernard à table dans les éclairs d’un projecteur. Leur monde ne va pas tarder à s’effondrer et eux de faire comme si. « Un spectacle sur l’infaisable » pour lui. « Un élan ou un combat » pour elle. Chacun son point de vue. Au spectateur de trouver le bon angle après tout. Et il a de quoi faire même dans les moments calmes où la musicienne japonaise Tokiko Ihara souffle dans son orgue à bouche. 間 (ma, aïda…) c’est également un univers souterrain, une poignée de collaborateurs sous les 100 m2 de plancher. Comme une armée de mains quasi invisibles rattrapant une chaise ou un corps. Les manipulations à vue prennent la forme d’un ballet burlesque.
La compagnie L’Immédiat de Camille Boitel est surtout une famille de (bonne) fortune. Jamais l’un sans l’autre. Un peu comme l’amour. Depuis quelque temps les artistes du nouveau cirque courent à la « catastrophe » : décor déplié, scène tournante, action par-dessus tête. On sent bien l’envie d’en découdre avec le cadre et l’espace chez Yoann Bourgeois, Mathurin Bolze ou Martin Zimmermann. Camille Boitel et Sève Bernard jouent une autre partition en prime, celle de la mélancolie. La feuille de programme distribuée ce jour-là au Théâtre des 13 vents de Montpellier était à partager. Il y en avait 2. A vous de trouver le partenaire d’un soir ou d’une vie. « La mélancolie est le petit luxe des âmes pauvres » disait Henry de Montherlant. En sortant de (ma, aïda…) on était surtout riche de tant de beauté.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
間 (ma, aïda…)
Écriture (chorégraphie, scénographie, lumière, son) : Camille Boitel et Sève Bernard
Interprétation (sur la scène) : Tokiko Ihara, Jun Aoki, Camille Boitel, Sève Bernard
Interprétation (sous la scène): Hugo Frison, Kenzo Bernard
Opérateur son: Yuki Suehiro
Régie générale : Hugo Frison
Chef d’atelier: Vincent Gadras
Construction : l’atelier de la Maison de la Culture BourgesProduction: L’Immédiat
Coproduction : Le Tokyo Metropolitan Theater; la Maison de la Culture de Bourges (construction de la scénographie); le Festival Montpellier Danse; le Manège de Reims, scène nationale; le Théâtre Garonne et l’Usine de Tournefeuille; le CDN de Lorient
Avec le soutien de La Brèche, Cherbourg; le CCN2 Grenoble; Le Cube; Les Subsistances; l’Institut Français dans le cadre de Cirque Export 2018; l’Arsenal, théâtre de Val-de-Reuil
L’immédiat est en convention avec le Ministère de la Culture – DRAC Ile de France et reçoit le soutien de la Région Ile de France au titre de l’aide à la permanence artistique.
Durée: 50 minutes
Spectacle tout public (à partir de 8 ans)STRASBOURG, Le Maillon, du 17 au 20 décembre 2021
TOULOUSE, Théâtre Garonne, les 07, 08, 09, 11 et 12 janvier 2022
ALÈS, Le Cratère, les 17 et 18 janvier 2022
MONTREUIL, CDN de Montreuil, du 04 au 06, du 08 au 13, et du 15 au 19 février 2022
MONTPELLIER, Le Domaine d’O, les 05 et 06 avril 2022
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