Corpus soirée en deux temps voit la compagnie du Rocher entrer dans la danse avec un plaisir communicatif. Ça swingue chez Jean-Christophe Maillot.
La salle des Pinces du Palais Grimaldi debout applaudissant à tout rompre Core Meu du « patron » Jean-Christophe Maillot, cela n’arrive pas tous les jours. Quelques heures auparavant on avait trouvé la Principauté au ralenti au prise avec un embouteillage monstre. A la sortie de Corpus, titre de ce double programme, il ne restait plus rien de ce chaos automobile. Juste la douce euphorie dans l’air après ces 38 minutes en –bonne- compagnie : Core Meu (mon cœur) voit Maillot renouer avec une veine chorégraphique de jeune homme.
Dans un dispositif simple, des chaises de part et d’autre d’une scène où les musiciens italiens officient façon place de village, la danse respire plus fort. Le directeur des Ballets de Monte-Carlo avait déjà expérimenté le pouvoir de ces mouvements partagés lors de F(ê)aites de la danse ! en 2017. Le public était au plus proche des interprètes. Cette fois on retrouve un rapport scène/salle habituel mais cette envie de faire circuler le geste jusque dans les rangs irrigue la pièce. Rondes, courses, pas de deux Core Meu ne connaît pas de faux rythme. Le temps file à toute allure encore augmenté d’un rappel à destination des spectateurs.
Là où William Forsythe frottait son classique bien tempéré à la pop musique avec le Ballet de Boston, Jean-Christophe Maillot préfère secouer sa grille de lecture chorégraphique profitant des musiques du Sud de l’Italie, Les Pouilles. Avec Antonio Castrignano et Taranta Sounds en live la troupe joue le jeu. Et assume ces airs populaires et anciens sans jamais les prendre de haut. Les pointes prennent la tangente, les garçons montrent les muscles, la séduction devient un jeu d’enfants. On ne peut citer toute la troupe mais le quatuor constitué de Marianna Barabas, Katrin Schrader, Ksenia Abbazova et Victoria Ananyan a belle allure. Dans les costumes, savant dégradé de bleu, de Salvador Mateu Anduar, Core Meu produit un effet euphorisant garanti. Que Jean-Christophe Maillot « dédie » cette création à Maurice Béjart est une évidence.
En première partie Goyo Montero signait Atman en jouant sur le rapport du groupe et de l’individu. On verra de belles envolées, un soliste porté par ses condisciples, des effets de corps comme en vague mais également des lignes plus convenues, des transversales à répétition. Comme si la danse de Crystal Pite devenait une influence –involontaire ?- de chaque chorégraphe travaillant avec une trentaine de danseurs. Atlman fait son petit effet à défaut de dépasser le sage exercice chorégraphique.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Corpus créations
Atman chorégraphie Goyo Montero
Core Meu chorégraphie Jean-Christophe MaillotBallets de Monte –Carlo jusqu’au 28 avril Salle des Pinces, Grimadi Forum Monaco
www.balletsdemontecarlo.com
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