Côté répertoire, le Festival d’Aix propose en 2019 six titres inédits, avec pour la première fois de son histoire des opéras de Giacomo Puccini (1858-1924), Kurt Weill (1900-1950), Wolfgang Rihm (né en 1952) et Michel van der Aa (né en 1970), une version scénique du Requiem de Mozart, ainsi que la création mondiale des Mille Endormis du compositeur israélien Adam Maor (né en 1983).
Côté scène, Romeo Castelluci et Ivo van Hove font leurs débuts aixois avec deux nouvelles productions, Andrea Breth présente son premier spectacle lyrique en France, tandis que Christophe Honoré effectue son retour au Théâtre de l’Archevêché.
Côté fosse, le Festival réunit pas moins de cinq orchestres avec leur chef principal–Esa-Pekka Salonen et le Philharmonia Orchestra, Raphaël Pichon et l’Ensemble Pygmalion, Daniele Rustioni et l’Orchestre de l’Opéra national de Lyon–ou confié à un chef invité–Ingo Metzmacher et l’Ensemble Moderne, Elena Schwartz et l’ensemble Lucilin.
REQUIEM UNE CÉLÉBRATION DE LA VIE Comme toute œuvre de Mozart, le Requiem est empreint d’une grande théâtralité. Cette dimension n’a pas échappé au chef d’orchestre Raphaël Pichon et au metteur en scène Romeo Castellucci qui ont élaboré en étroite collaboration un projet inédit autour de ce chef-d’œuvre inachevé. Le fondateur de l’Ensemble Pygmalion a ainsi réuni un corpus de chants grégoriens et de pièces rares de Mozart qu’il a choisi d’insérer entre les différents mouvements du Requiem pour le magnifier et en souligner les racines musicales. En symbiose avec cette dramaturgie musicale, Romeo Castellucci a imaginé un poème scénique puissant, destiné à faire de cette messe des morts une célébration de la vie et une méditation sur le thème de l’extinction. Du 3 au 19 juillet 2019 à 22h au Théâtre de l’Archevêché
TOSCA LE CRÉPUSCULE DES IDOLES Jouant avec les codes et la mémoire lyrique, le spectacle de Christophe Honoré s’articule autour d’une Prima Donna retirée des scènes. Pour incarner cette cantatrice réduite au silence, le Festival d’Aix a fait appel à Catherine Malfitano, légende vivante de l’art lyrique. Comme Floria Tosca, cette Prima Donna a vécu d’art et d’amour. Elle vit désormais loin des projecteurs, obnubilée par les souvenirs de sa gloire passée. Mais le temps est venu pour elle de tendre le flambeau à une nouvelle génération de chanteurs–au premier rang desquels le ténor-star Joseph Calleja et la jeune soprano américaine Angel Blue qui fera ses débuts dans le rôle-titre. Tous seront dirigés par le maestro Daniele Rustioni, directeur musical de l’Orchestre de l’Opéra national de Lyon. Du 4 au 22 juillet 2019 à 21h30 au Théâtre de l’Archevêché
JAKOB LENZ TEMPÊTE ET PASSION SOUS UN CRÂNE Quarante ans après sa création le 8 mars 1979 à Hambourg, Jakob Lenz est devenu un « classique » du répertoire contemporain avec lequel Wolfgang Rihm s’est imposé comme l’un des compositeurs les plus importants de sa génération. Cet opéra de chambre s’inspire d’une nouvelle de Georg Büchner (1813-1837) et raconte la déchéance mentale de l’écrivain Jakob Lenz, figure de proue du mouvement Sturm und Drang. Le Festival d’Aix a choisi de confier cette partition riche et puissante au chef Ingo Metzmacher et à l’Ensemble Modern. Portée par l’époustouflante performance scénique du baryton autrichien Georg Nigl, la mise en scène d’Andrea Breth dresse le portrait bouleversant et halluciné d’un homme brisé. Une émotion brute pour une œuvre qui l’est tout autant. Du 5 au 12 juillet 2019 à 20h au Grand Théâtre de Provence
LES MILLE ENDORMIS ENTRE RÊVE ET SCIENCE-FICTION Donné en création mondiale au Théâtre du Jeu de Paume, Les Mille Endormis est le premier opéra du compositeur israélien Adam Maor. Le livret du metteur en scène Yonatan Levy imagine l’avenir d’un pays dans lequel le pouvoir politique, enfermé dans une tour d’ivoire ultra-sécurisée, a rompu tout lien avec la réalité d’une société multiculturelle dans laquelle différentes communautés vivent tant bien que mal en interdépendance. S’il fait inévitablement référence à des situations contemporaines, cet opéra de chambre pour quatre solistes, seize instrumentistes et musique électronique est avant tout une fable universelle, oscillant entre légèreté et gravité. Il sera créé sous la direction de la cheffe d’orchestre Elena Schwarz à la tête des United Instruments of Lucilin, avant d’être accueilli par plusieurs institutions membres du réseau enoa dans le cadre d’une tournée européenne. Création mondiale. Du 6 au 14 juillet 2019 au Théâtre du Jeu de Paume
GRANDEUR ET DÉCADENCE DE LA VILLE DE MAHAGONNY SCANDALEUX HIER, INCONTOURNABLE AUJOURD’HUI Avec Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, Kurt Weill et Bertolt Brecht signent en 1930 une satire au vitriol des sociétés occidentales. Le soir de sa création, l’œuvre est victime d’une cabale retentissante organisée par les nazis, scandalisés par son esthétique et son sujet. À bien des égards, Mahagonny est un opéra iconoclaste, mais la provocation qu’il affiche s’accompagne d’une profonde réflexion sur la place des individus dans les villes modernes, l’écueil du capitalisme et de la consommation effrénés, et l’antagonisme entre liberté et vie sociale. Sa portée toujours actuelle a séduit le metteur en scène belge Ivo van Hove qui collabore pour sa première participation au Festival d’Aix avec le chef Esa-Pekka Salonen et le Philharmonia Orchestra. Le Festival d’Aix a réuni autour des stars Karita Mattila et Sir Willard White une distribution de fortes personnalités très diversifiée, pour répondre au souhait d’Ivo van Hove de faire de Mahagonny une mégalopole d’aujourd’hui. Du 6 au 15 juillet 2019 à 20h au Grand Théâtre de Provence.
BLANK OUT ART TOTAL IMMERSIF Michel van der Aa est un compositeur néerlandais multidisciplinaire, à la fois réalisateur, metteur en scène et scénariste, utilisant les instruments classiques, la musique électronique, les arts multimédias et le théâtre au sein d’un même langage. Présenté pour la première fois en 2016 à Amsterdam, Blank Out est un spectacle hybride, à la croisée de l’opéra, du cinéma 3D et de l’installation artistique, porté par la soprano Miah Persson. Son livret est inspiré de l’œuvre et de la vie de la poétesse sud-africaine Ingrid Jonker. Il explore le thème de la mémoire, du deuil et de la reconstruction après un événement tragique, à travers la relation entre une mère et son fils. Création française. 13 et 14 juillet 2019 à 17h au Conservatoire Darius Milhaud Du 1er au 31 juillet 2019, le Château La Coste présentera Eight, la nouvelle installation de Michel van der Aa, en partenariat avec le Festival d’Aix.
Oh ben c’est flashy !