L’art de Bartabas nous propulse dans de multiples voyages imaginaires ; toutes ses œuvres vous empoignent par leurs étourdissantes mises en scène, parfois éblouissantes, tourbillonnantes, baroques, parfois mystérieuses, ascétiques, méditatives, proches d’un exercice spirituel ; toutes porteuses d’une forte charge poétique. L’ampleur et la profondeur de sa démarche renouent avec les plus anciennes formes connues de l’activité artistique qui prennent l’animal pour sujet et moyen d’expression. Dans son magnifique Lascaux ou la naissance de l’art le philosophe français Georges Bataille estime que l’invention de l’art « marque le passage de l’animal à l’Homme ». L’Homme cessa d’être animal en donnant de l’animal et non de lui-même une image poétique qui nous fascine et nous semble souveraine. Être artiste, pour Georges Bataille, est le moyen d’avoir accès au monde fermé de la vie animale. Ecoutons encore : « l’animal ouvre en moi une profondeur qui m’attire et qui m’est familière. Cette profondeur, en un sens, je la connais : c’est la mienne. Elle est ce qui m’est le plus lointainement dérobé, ce qui mérite ce nom de profondeur qui veut dire avec précision ce qui m’échappe. Mais c’est aussi la poésie… »* Il m’a toujours semblé que l’art de Bartabas rentre en résonnance sensible avec ce défi. La rencontre de Bartabas avec Ko Murobushi, l’un des artistes les plus célèbres et reconnus au Japon comme l’héritier des règles de Tatsumi Hijikata, à l’origine du butô, se présente comme une excitante aventure artistique qui examine les frontières et les passages entre deux univers sensibles et exceptionnels. Cette œuvre qui nous sera proposée sonde aussi la question de l’animalité et de la relation entre l’homme et la bête, une des interrogations de notre contemporanéité. L’intense profondeur de la danse de Ko Murobushi et la force poignante du geste équestre de Bartabas nous ouvriront un continent inattendu qui, n’en doutons pas, nous propulsera dans un temps et un espace mythique d’une profonde et rayonnante beauté. José Montalvo dans le programme du Théâtre National de Chaillot lors de la création.
Le Centaure et l’animal
Conception et mise en scène Bartabas
Chorégraphie Ko Murobushi et Bartabas
Musique Jean Schwarz
Lumière Françoise Michel
Scénographie Bartabas
Texte de Lautréamont extrait des Chants de Maldoror
Dits par Jean-Luc Debatisse
Avec Bartabas et Ko Murobushi
Et la participation de Raveendran Peringaden
Les chevaux Horizonte, Soutine, Pollock et Le Tintoret
Assistante à la mise en scène : Anne Perron
Responsable des écuries Françis Tabouret
Soins des chevaux Barbara Despretz
Costumes Yannick Laisné, Alain De Raucourt
Maquillage Annie Marandin
Directeur technique Hervé Vincent
Régie générale Jean-René Trevilly
Régisseur son Janyves Coïc
Régisseur lumière Cécile Allegoedt
Production Théâtre équestre Zingaro – Théâtre National de Chaillot – Sadler’s Wells – Arts 276/Automne en Normandie
Avec le soutien d’Odyssud – Blagnac et de l’EPCC Le Volcan, Scène nationale du Havre
du 8 au 22 septembre 2012
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