
Jacques Weber et Magali Rosenzweig photo Stéphane Capron
Hugo au bistrot le nouveau spectacle de Jacques Weber avec Magali Rosenzweig va partir en tournée en France pendant plus d’un an. Il est créé en ce moment à Paris, dans un restaurant-théâtre, Le Thélème, près de la place de l’Etoile. Jacques Weber montre toutes les facettes de Victor Hugo à travers un montage de ses plus grands textes. Ce spectacle est né sur le coin d’un zinc dans un bar parisien. Jacques Weber veut sortir des dorures des théâtres pour l’emmener partout en France. Hugo lui va comme un gant. La même carcasse, la même force dans le verbe. Parmi les grands moments du spectacle, il y a le fabuleux discours sur la misère prononcé en 1849 à l’Assemblée Nationale. Hugo le romancier, Hugo l’homme engagé, mais Jacques Weber fait découvrir aussi Hugo dans l’intimité.
Pourquoi voulez-vous emmener Hugo au bistrot ?
Pour éviter les grandes dorures des théâtres, pour être proche des gens, dans des petites salles, comme ici à l’intérieur d’un restaurant. Le spectacle est né au bord d’un zinc, c’est là où j’ai envie de le reproduire. Il y a des projets à la Bellevilloise ou dans des vieux théâtres qui ont disparu, là où a chanté Piaf. Cela amène une intimité particulière avec le public.
Est-ce que Hugo vous ressemble ?
Moi j’aime que mon corps bouge, et la deuxième partie d’Hugo et ses combats me touchent totalement. Le discours sur la misère est remarquable, le discours sur les femmes est incroyable en plein 19ème siècle et tout cela j’ai envie de la porter haut, et au lieu de dire « regardez comme c’est contemporain dans le ton » de l’ingérer dans mon corps.
Il n’y pas que des textes de Hugo, il y a un texte contemporain sur le SMIC écrit par Philippe Claudel et paru dans l’hebdomadaire, le Un.
A un moment donné dans son discours sur la misère Hugo dit « vous voulez des faits en voilà », il dit « je ne vous parle pas du moyen-âge, je ne vous parle pas de l’Irlande, je vous dis là en France actuellement », il réclame une immédiateté avec le monde actuel. Et ce texte je le trouve d’une logique imparable, il est bouleversant.
Qu’est-ce qui vous plaît chez Hugo ?
C’est le lyrisme qu’il donne à toutes les choses qu’il touche, il enflamme tout, la nature, le rapport à la vieillesse, à la politique, à l’Europe. C’est un homme lyrique et c’est très rare. Et cet homme qui est un mythe, devient à la fin de sa vie comme nous tous, un grand-père comme Valjean au vieux cœur usé, in homme comme tout le monde.
Par moment vous vous amusez avec les acteurs qui s’emparent des textes de Hugo, et vous faites référence à Gérard Philipe.
J’ai une immense admiration pour Gérard Philipe, je parle surtout des élèves qui parfois reprennent cette tonalité alors que le romantisme c’est du concret et des petites salles permettent de donner une toute autre tonalité à Ruy Blas ou à Hernani, il fait faire attention aux grandes envolées d’écriture, et parfois accélérer. L’écriture de Hugo s’exprime dans la surabondance. Il lâche les chevaux et se laisse aller, c’est vrai dans son théâtre, pas dans ses romans. Les Misérables ne vieilliront jamais.
On découvre aussi un Hugo plus méconnu, plus personnel.
Oui je trouve ça génial que sa femme l’appelle Toto !
Et on apprend aussi pourquoi il s’est laissé pousser la barbe !
Quand il dit « je me laisse pousser la barbe pour pas attraper des maux de gorge », c’est génial.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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