Robert Carsen est invité pour la première fois à mettre en scène un spectacle à la Comédie-Française, il a choisi la Tempête de Shakespeare, l’une de ses dernières pièces. Il enlève de la magie à cette histoire énigmatique pour en faire une pièce intellectuelle d’une grande froideur.
Prospero (Michel Vuillermoz) cauchemarde sur son lit dans un espace vide, une grande boîte que l’on a vu blanche mais que Robert Carsen voit grise « comme la matière grise de Prospero ». L’espace clinique fait tout de suite penser à une scénographie de Stéphane Braunchweig – version Colline, avec une belle perspective vers le mur de fond de scène. On a l’impression de se retrouver dans un hôpital psychiatrique – façon Vol au dessus d’un nid de coucou. Prospero le magicien provoque le naufrage de son frère Antonio (Serge Bagdassarian) l’usurpateur et sépare les rescapés en deux groupes. Les visages des protagonistes de l’histoire se projettent dans le décor. Une première scène d’une aridité qui nous plonge beaucoup plus dans le théâtre nordique du 20ème siècle que dans celui de Shakespeare.
« C’est très chirurgical » dit à un moment Antonio après le naufrage. C’est aussi le cas sur le plateau. Chirurgical et glacial. Robert Carsen montre ainsi qu’il est un metteur en scène éclectique. Capable d’embraser le Châtelet avec ses comédies musicales et de refroidir la salle Richelieu avec ce spectacle qui tire vers le théâtre fantastique. Christophe Montenez dans le rôle d’Ariel l’esprit des airs, essaye de mettre une peu de légèreté et de poésie, avec son visage illuminé de candeur, mais la mécanique a beaucoup de mal à se mettre en route.
Robert Carsen réveille le spectateur en propulsant sur le plateau des centaines de bouteilles de plastique tombées du ciel, comme autant de déchets qui polluent nos mers. C’est le moment choisi pour faire entrer en scène les ivrognes Caliban, Stéphano et Trinculo. Stéphane Varupenne, Jérôme Pouly et Hervé Pierre s’en donnent à cœur joie. Ces deux derniers apparaissent crasseux et pouilleux. Ils livrent un vrai moment de comédie. Une petite gâterie récréative dans un océan bien terne. La pièce s’achève de façon très classique, sans grande originalité, dans un heureux dénouement où les trahisons sont pardonnées. Les comédiens sont comme figés et tétanisés, une partie du public aussi, refroidi il applaudit poliment.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La Tempête
de William Shakespeare
Adaptation française Jean-Claude Carrière
Mise en scène : Robert Carsen
Thierry Hancisse
Alonso, roi de Naples
Jérôme Pouly
Stéphano, intendant du roi et ami de Trinculo
Michel Vuillermoz
Loïc Corbery
Ferdinand, fils d’Alonso
Serge Bagdassarian
Antonio, frère d’Alonso
Hervé Pierre
Trinculo, bouffon du roi
Gilles David
Gonzalo
Stéphane Varupenne
Caliban
Georgia Scalliet
Miranda
Benjamin Lavernhe
Sébastien, frère d’Alonso (en alternance)
Noam Morgensztern
Sébastien, frère d’Alonso (en alternance)
Christophe Montenez
Ariel
Matthieu Astre
Robin Goupil
Alexandre Schorderet
Avec la participation d’Elsa Lepoivre dans le film.
Scénographie : Radu Boruzescu
Costumes : Petra Reinhardt
Lumières : Robert Carsen et Peter Van Praet
Vidéo : Will Duke
Son : Léonard Françon
Dramaturgie : Ian Burton
Collaboration artistique : Christophe Gayral
Assistanat à la scénographie : Philippine Ordinaire
Durée: 2h40 avec entracteSalle Richelieu de la Comédie-Française
Du 09 déc 2017 au 21 mai 2018 en alternance
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