Interview de Camille BOITEL (d’après dossier de presse)
Qu’est-ce qui a le plus changé dans la fabrication de votre spectacle, L’Immédiat, durant ces années de travail ?
Avant, on arrivait dans un lieu et on construisait le spectacle à partir de ce qu’on trouvait dans ce lieu. Et à chaque fois, à la fin, on abandonnait tous les objets qu’on avait apprivoisés. Maintenant, on a décidé de garder les objets : pour aller plus loin, pour essayer de les exploiter à fond. Une autre chose qui a changé avec le temps, c’est qu’on tend de plus en plus à déborder de l’espace scénique, à utiliser les coursives, les escaliers. Et plus on le fait, plus il semble qu’on en ait besoin. Il est possible que comme le spectacle tend à se figer dans l’utilisation des objets, on cherche à le renouveler autrement : avant c’étaient les objets qui changeaient, maintenant ce sont les lieux.
Qu’est-ce qui domine dans la construction du spectacle ? Une logique narrative ?
Non. Il n’y a pas de psychologie, pas de narration. Je cherche plutôt à donner de l’amplitude à des figures. On les reconnaît, ces figures, parce qu’elles sont liées à des techniques, mais l’idée essentielle est que les choses arrivent, s’accroissent et puis s’arrêtent brusquement. Il y a quelque chose de profondément rythmique dans la façon dont les choses avancent. C’est une pièce construite sur les décalages rythmiques : il y a toujours un nouveau rythme qui vient briser sans qu’on s’y attende le précédent. En cela, c’est vraiment hérité du burlesque.
Vous pourriez nous donner un ou deux exemples des « techniques » que vous utilisez ?
Par exemple, il y a la technique du fainéant. L’idée est celle d’une certaine langueur. Il faut utiliser le moins d’énergie possible. Pour aller chercher quelque chose, les figures vont plutôt se laisser tomber que marcher. Ensuite, il faut inventer le chemin du fainéant. Pour éviter le premier effort, peut-être qu’on va s’obliger à en faire d’autres ensuite, des efforts, bien pires. Ou bien la technique de la lévitation : une personne est atteinte de manière récurrente de lévitation. Elle essaie de s’accrocher au sol, aux meubles, de se retenir aux autres. C’est presque une maladie.
Techniquement, c’est très proche de la pantomime. Si on se soutient en donnant l’impression qu’on se maintient au sol, le spectateur peut croire que c’est une lévitation. Parce que tout ça, c’est aussi beaucoup la question : à quoi le public est-il prêt à croire ?
Justement, que cherchez-vous à produire sur le public ?
De l’euphorie, de la joie. Le propos, avec tous ces accidents, semble noir,mais ce qui s’en dégage, c’est de l’excitation, de la jubilation. On est là, tous ensemble, comme dans un grand parc de jeu.
Propos recueillis par Stéphane Bouquet, octobre 2009
CAMILLE BOITEL
L’Immédiat
Avec sur scène : Marine Broise, Aldo Thomas, Pascal le Corre,
Camille Boitel, Jérémie Garry, Jacques-Benoît Dardant
Construction : Benoît Fincker (et lumière) Thomas de Broissia,
Martin Gautron, Martine Staerk
Coproduction : Base de lancement : LeMerlan, scène nationale àMarseille ; appareillage au Théâtre de la Cité internationale ; soulèvement auManège, scène nationale de Reims.
du 7 au 31 janvier 2010
Théâtre de la Cité internationale
17 Bd. Jourdan
75014 Paris
soirée à 20h30 vendredi, samedi
à 19h30 jeudi (sauf jeudi 7 janvier à 20h30)
à 17h30 dimanche
durée 1h • tout public
tarif plein 21 € • tarif réduit 14 €
vendredi tarif réduit pour tous 14 €
moins de 30 ans 10 €
renseignements, location : 01 43 13 50 50
En tournée
25 & 26 février 2010 : L’Hippodrome – scène nationale de Douai
10, 11 & 12mars 2010 : Théâtre de l’Espace – scène nationale de Besançon
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