Depuis un an et demi les spectateurs de France applaudissent Mille francs de récompense. Le spectacle est en fin de tournée à Paris, au Théâtre de l’Odéon, avec le même succès et la même énergie que lors de la création à Toulouse en janvier 2010. Laurent Pelly s’est emparé avec délectation de cette œuvre méconnue de Victor Hugo, écrite pendant son exil sous le Second Empire. Une pièce qui ne sera jamais jouée du vivant de l’auteur, et pire ne sera publiée la première fois qu’en 1934. Hubert Gignoux en 1961 à la Comédie de l’Est, René Loyon en 1985 à Chaillot puis Benno Besson en 1990 à Lausanne ont mis en scène ce grand mélodrame social et judiciaire.
C’est l’hiver à Paris (et on le sent dans la magnifique scénographie de Chantal Thomas), nous sommes sous les toits de Paris. Glapieu sera notre guide pendant les trois heures du spectacle. Un SDF du 19ème siècle, sorte de « grand-frère de Gavroche » comme le décrit Laurent Pelly qui va libérer une mère et sa fille des pattes du mafieux Rousseline, prêt à tout pour conquérir la main de Cyprienne. « Victor Hugo s’amuse et navigue entre Boulevard du crime et réquisitoire politique, explique Laurent Pelly « Je parlerai des petits aux grands et des faibles aux puissants ». Il crée un personnage dérisoire et sublime, un enfant du paradis. » Ce texte contestataire résonne toujours aussi fort aujourd’hui. Le machiavélisme des puissants prêts à tout pour écraser les petits est toujours d’actualité. Les combats de Victor Hugo, son humanisme, son cri contre les injustices sont malheureusement intemporels.
Laurent Pelly a réunit pour ce spectacle une vraie troupe qui porte le spectacle. Jérôme Huguet, cet ancien pensionnaire de la Comédie-Française (pendant deux ans) qui a joué avec Chéreau, Lassalle et Jean-Pierre Vincent, incarne toute la gouaille de Glapieu, bondissant et virevoltant sur scène. Christine Brücher, qui a été l’une des ladies dans Talking Heads dès sa création par Laurent Pelly en 1994 est une Etiennette touchante. Et puis il y a les décors de cette action policière et romantique, le Paris du 19ème siècle, ses toits, ses prisons, ses lieux de marivaudage…aucunes fausses notes dans la scénographie de Chantal Thomas.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Mille francs de récompense de Victor Hugo
Mise en scène Laurent Pelly
Dramaturgie Agathe Mélinand
Scénographie Chantal Thomas
Costumes Laurent Pelly
Lumières Joël Adam
Son Aline Loustalot
Maquillages, coiffures Suzanne Pisteur
Assistante à la mise en scène Sabrina Ahmed
Assistante à la scénographie Isabelle Girard-Donnat
Assistante aux costumes Marie La Rocca
Perruques Pierre Traquet
Masques Jean-Pierre Belin
Avec
Jérôme Huguet Glapieu
Laurent Meininger Rousseline
Christine Brücher Etiennette, un masque
Emilie Vaudou Cyprienne
Eddy Letexier Le Major Gédouard, un afficheur, un huissier du tribunal /gendarme
Benjamin Hubert Edgar Marc
Rémi Gibier Le Baron de Puencaral, un inspecteur de police, un masque, un recors
Emmanuel Daumas Monsieur de Pontresme, un recors
Jean-Benoît Terral Monsieur Barutin, un recors, un huissier du tribunal /gendarme, un huissier d’appartement
Vincent Bramoullé Scabeau, huissier de saisie, un masque
Pascal Lambert Un huissier du Tribunal, un masque, un recors
Avec la participation de Jacques Escoffet dans le rôle du fripier
Production TNT – Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Spectacle présenté à Toulouse avec le soutien du Conseil Général de la Haute-Garonne
Durée 3h (avec entracte)
Un texte que je ne connaissais absolument pas et que j’ai découvert avec délice dans cette très belle mise-en-scène. On y retrouve tout l’humanisme de Hugo. Super spectacle, allez-y sans hésiter.
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