De la pièce de Racine, « Britannicus », Steve Gagnon n’a gardé que la trame de base : la rivalité fraternelle, les luttes de pouvoir, le sexe, la jalousie et l’amour. Bombes à retardement qui mèneront à un drame domestique. Si les personnages sont empruntés à Racine, le royaume ici est un trois pièces de banlieue, à Montréal. Une histoire d’amour dévorante.
Le jour où la trop sensuelle Junie emménage chez Britannicus, le foyer d’Agrippine est menacé. Néron n’a plus qu’une idée en tête, posséder Junie, quitte à rejeter son Octavie. L’ordre établi s’écroule, et Agrippine, dévorée par son amour pour ses deux fils, contribuera finalement à leur perte… Trahisons, sacrifices, flammes et corps ensevelis sous la neige et les cendres. L’auteur aborde le choc amoureux à notre époque, où « l’amour est la dernière civilisation qui reste ». C’est un texte percutant, à la fois cru et poétique, où la quête de pouvoir confine au sublime. Il y a dans ce désir plus grand que nature la volonté d’avoir accès à quelque chose d’infini et d’immense. La tragédie que vivent ces personnages est ici tempérée par un décor dépouillé, une boîte blanche sans âme. Avec la chorégraphe Louise Hakim, le metteur en scène Vincent Goethals choisit de pousser les corps jusqu’au bord de l’épuisement. Tandis que les sons grinçants d’une guitare saturée laissent planer l’ombre d’un homme, cette présence-absence engendre une folie meurtrière de la fratrie. Une bien belle partition pour cinq acteurs !
En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et qui ne s’arrête pas
Texte : Steve Gagnon
Mise en scène : Vincent Goethals
Chorégraphie : Louise Hakim
Guitare live et environnement sonore : Bernard Vallery
Scénographie : Benoît Dugardyn
Lumière : Philippe Catalano
Costumes : Dominique Louis
Avec : Violette Chauveau, Lindsay Ginepri, Marion Lambert, Sébastien Amblard, Aurélien Labruyère
Théâtre du Peuple de Bussang
Coproduction Théâtre en ScèneComédie de l’Est de Colmar
04.10.2017 au 06.10.2017
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