Dans un passage de son roman Le Procès intitulé « Devant la loi », Kafka invente une parabole où l’accusé Joseph K. est arrêté devant les hautes portes de la justice derrière laquelle, suppose-t-il, siège quelque impressionnante déité nimbée d’une lumière aveuglante.
Dans le spectacle concocté par deux complices de la scène, Bruno Ricci et Michel Didym, la justice a bien des attributs aussi terribles et impénétrables que le sont les voies du Seigneur. Leur forfait accompli, la justice en a pris pour son grade : de l’aléatoire assumé (le juge n’a-t-il pas mangé trop gras ?) au jugement souvent arbitraire (pour un même délit, les sentences sont très différentes d’un palais de justice à l’autre)…
Nos deux « repris de justesse » (comme dit Gainsbourg) ne sont pourtant pas là pour donner des leçons, ils invitent juste à voir quelques fragments du réel à travers le prisme de leur regard d’artistes joueurs pour lesquels rien de ce qui appartient au monde n’est étranger au théâtre.
Dominique Simonnot, observatrice amusée de nombreuses affaires judiciaires dans plusieurs palais de justice français a fourni le matériau textuel de ce spectacle.
Bruno Ricci, déjà sensibilisé aux questions judiciaires en interprétant pour un film d’action hollywoodien le bras droit du justicier de bande dessinée Captain America, a recueilli auprès de détenus de Nancy et de Toul, lors d’ateliers d’écriture, des témoignages touchants de leur incarcération.
C’est de la confrontation de ces deux sources que naît toute la saveur d’un spectacle qui parle de cette frontière aussi mince qu’un papier à cigarette qui sépare la liberté (dehors) de l’enfermement (entre des murs). La question universelle de la faute et de son châtiment est ainsi posée sans grands mots, sans belles idées généreuses ou théoriques, mais avec acuité et, il faut bien le dire, un humour salvateur.
Comparution immédiate
de : Dominique Simonnot
mise en scène : Michel Didym
collaboration artistique et interprétation : Bruno Ricci
scénographie : David Brognon
assistanat à la mise en scène : Anne Marion-Gallois
lumière : David Brognon, Sébastien Rébois
son : Michel Jaquet
costumes : Éléonore Daniaud
décor : Atelier de construction du Théâtre de la Manufacture – Centre dramatique national / Nancy Lorraine
production Théâtre de la Manufacture – Centre dramatique national / Nancy Lorraine, coréalisation Théâtre du Rond-PointLa Manufacture de Nancy
Vendredi 15 septembre à 14h
Lundi 25 septembre à 14h et à 20hThéâtre du Rond-Point
27 septembre – 22 octobre 2017
Salle : Roland Topor
du mardi au samedi, 20h30 – dimanche, 15h30 – Relâche : les lundis
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !