Christophe Rauck est le premier metteur français invité à travailler avec les comédiens de l’Atelier-théâtre Piotr Fomenko. Il a créé Amphitryon à Moscou en février. Le spectacle est en France, à Lille au Théâtre du Nord puis au Théâtre Gérard Philipe. Pour cette production Christophe Rauck a travaillé avec le noyau dur de la compagnie, on les appelle les Fomenki, les premiers compagnons de route de Piotr Fomenko. Il raconte l’aventure.
Qui sont ces comédiens ?
Ce sont de formidables acteurs. Je les ai vus dans les pièces montées par Fomenko avant de les connaitre. Ce sont les « Fomenki », les premiers avec lesquels Piotr Fomenko a constitué son groupe d’étudiants au sein du GITIS (Institut d’État d’Art Théâtral). Ils ont joué dans de grands spectacles comme Guerre et Paix ou Les nuits égyptiennes.
Est-ce que cette troupe est mythique ?
Elle est très reconnue. On leur a construit un théâtre en 2005 sur la fin de sa vie car Piotr Fomenko est mort en 2012. Elle continue de jouer ses pièces. Tout Moscou les apprécie.
Et pour la première fois, un metteur en scène français a été invité à les diriger à Moscou.
Quand nous sommes allés jouer Le Mariage de Figaro dans le cadre des années croisées Paris-Moscou, les acteurs ont vu le spectacle et l’ont aimé, d’où cette proposition formidable.
Est-ce qu’il a été facile de s’intégrer à la troupe ?
Oui parce que cela a du sens de monter un Molière là-bas. On est parti dans ce voyage autour du Molière et de la traduction du poète Valeri Brioussov qui a traduit la pièce dans les années 20. Mais on est différent. On ne vit pas dans la même temporalité. On est très curieux les uns des autres.
En quoi ces comédiens sont différents des comédiens français ?
Leur tradition théâtrale est différente de la nôtre. La langue ne nous fabrique pas de la même façon. Je ne voulais pas d’un jeu ultra expressif, mais subtil. C’est pour cela qu’ils portent des micros. On a travaillé de manière à ce qu’ils soient moins ouvriers et plus aristocrates.
Du coup cela donne un jeu physique sur le plateau, très contemporain.
Leur jeu permet plus de liberté avec la langue et donc plus contemporain. Mais on est resté proche du texte du Molière. Dès qu’il y avait un problème je revenais à l’essentiel. L’œuvre est parfaite. Molière travaille sur des alexandrins puis pour donner du rythme il se met sur des octosyllabes donc le motif est magnifique. Ce qui nous a permis de densifier la traduction. L’idée était de faire chacun un voyage vers le 17ème, eux pour découvrir le nôtre et moi pour découvrir le leur.
Vous utilisez un énorme miroir qui reflète les comédiens et le public, c’est l’élément central de votre spectacle.
Cela a été compliqué à trouver le bon outil car je souhaitais qu’il soit léger et qu’il se balade dans l’air. Tout tourne autour de ce miroir. Ce sont des acteurs très joueurs et très curieux de la dramaturgie, quand la forme leur parait étrangère, ils n’hésitent pas à poser des questions. Ils se sont pliés à ce jeu et on a inventé tous ensemble.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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