L’Opéra Comique rouvre enfin après 10 ans de travaux par intermittence et 20 mois de fermeture. Cette salle a vu naître des chefs d’œuvre comme Carmen et Lakmé. Depuis son ouverture en 1783, la salle Favart a brûlé deux fois (1838 et 1887), ce qui lui valut, ainsi qu’à tous les théâtres, l’obligation de s’équiper à l’électricité ! Les travaux auront coûté 17 millions d’euros et duré dix ans, à raison de deux ou trois mois l’été depuis 2007 et d’une fermeture totale pendant 20 mois. Rencontre avec son directeur, Olivier Mantei.
Qu’est ce qui a changé pour le public dans cette salle Favart de l’Opéra Comique après les travaux ?
Beaucoup de choses qui ne se voient pas, cela va de la mise en conformité à l’accession pour les personnes à mobilité réduite en passant par des choses en coulisses comme l’atelier des costumes qui a retrouvé la lumière du jour et dans cette salle l’aération qui vient par 850 bouches sous les sièges avec des kilomètres de gaines que l’on ne voit pas. Et puis il y a eu un travail sur les ornements, les statues, les luminaires. On retrouve le rouge Favart historique que l’on avait perdu et que l’on voit parfois sur les peintures dans le foyer. C’est donc un théâtre plus moderne et plus fonctionnel dans un éclat nouveau.
C’est un théâtre qui a beaucoup souffert dans son histoire, il a été brulé par deux fois, il avait besoin de ce toilettage en 2017 ?
C’est une des premières grandes campagnes de travaux qui arrive à son terme. C’est une institution qui a toujours été menacée, par les incendies et par son grand frère l’Opéra Garnier qui a tenté de l’absorber. Elle a été menacée de fermeture par manque de financements. C’est un peu l’histoire de l’Opéra Comique qui s’est créé sur un acte d’exclusion en réaction à l’opéra royal de l’époque. C’est un théâtre de réaction qui est né sur les tréteaux.
Il a été le premier opéra en France à bénéficier de l’électricité.
Oui le premier en France et le deuxième en Europe. Et donc il y a des entrées électriques un peu partout. On a fait un gros travail pour redonner de la lumière à toutes ces appliques que l’on ne voyait plus, qui ne fonctionnaient plus. Et cela donne une très belle couronne autour du plafond.
Est-ce que cette réouverture s’accompagne de votre part d’un nouvel élan artistique ?
Pendant la fermeture on a pu s’ouvrir à d’autres territoires et à d’autres publics. Comme s’ouvrir encore plus ? Cela passe par un renouvellement de génération à la mise en scène comme nous avons pu le faire avec le Fantasio dans la mise en scène de Thomas Jolly ou avec Alcione qui permet aux arts du cirque de servir la musique ancienne. Mais c’est plus compliqué d’innover par rapport au théâtre. Il y a plus de contraintes comme la fosse d’orchestre. Il faut d’abord mettre en valeur les chanteurs plus que l’objet théâtral. C’est notre défi de créer de la proximité et de faire tomber les barrières, mais on y arrive ici car c’est un grand Opéra avec une petite salle.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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