Guillaume Gallienne est invité pour la première fois à mettre en scène un opéra. Stéphane Lissner lui a confié la nouvelle production de la Cenerentola de Rossini à Garnier. Un opéra qui convient parfaitement à sa personnalité.
Le rideau de scène est baissé lors de l’ouverture jouée par l’orchestre de l’Opéra national de Paris. Lorsqu’il se lève, on découvre la façade d’un palais napolitain décati s’enfonçant dans le sol. Cela donne un sentiment de fin du monde ; les murs rougis par le sang respirent un fin de règne dans la maison tenue par Don Magnifico. Il souhaite marier l’une de ses deux filles, Clorinda ou Tisbe au Prince Don Ramiro, sa survie pour éviter la ruine. Mais c’est Angelina, la fille répudiée qui tape dans l’œil du prince.
La Cenerentola est un opéra cruel, comique et dramatique. Rossini a écrit un conte à la fois tragique et mordant. Du pain béni pour le bouillonnant Guillaume Gallienne. Il s’amuse avec le livret de Jacopo Ferretti, inspiré du conte de Perrault, Cendrillon. On sent l’amoureux des comédies et des drames lyriques. Il manie les deux styles avec une belle aisance. Il fait ressortir la truculence des personnages. Don Magnifico (Maurizio Muraro) est un pauvre père de famille, alcoolique et coureur de jupons, qui ne se rend même compte de sa grossièreté. La scène où il tient ses deux filles par la main, le pantalon sur les chevilles est à mourir de rire. Tout comme celle de l’annonce de l’arrivée du Prince ; toutes les femmes de la maison arrivent comme des guêpes sur un pot de miel et se présentent en robe de mariée chassées par Clorinda, un fusil à la main. Clorinda (Chiara Skerath) et Tisbe (Isabelle Druet) sont deux girouettes un peu sottes. Et Angelina (Teresa Iervolino) est touchante de discrétion.
Guillaume Gallienne a eu carte blanche pour sa première mise en scène. Il a obtenu du chef Ottavio Dantone que les récitatifs soient soutenus par une harpe et non par un piano forte. C’est bien vu et cela amène de la légèreté sur le plateau. Le décor est le fruit de l’imagination d’Eric Ruf, l’Administrateur de la Comédie-Française. Derrière la façade du palais il a conçu un paysage lunaire. Rossini à la fin du premier acte parle d’une éruption sous la terre. Par un effet magique on a l’impression que la scène est envahie par de la lave ; le chœur de l’Opéra national de Paris devient liquide et mouvant, c’est très beau.
Dans cette belle distribution, la palme revient à la basse Roberto Tagliavini dans le rôle d’Alidoro, il est puissant et hypnotique. Terasa Iervolino emporte aussi le morceau lors de l’air d’Angelina, le tube de la Cenerentola, qui conclut son mariage avec Don Ramiro et qui reste dans la tête des spectateurs.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La Cenerentola
Dramma giocoso en deux actes (1817)
Musique
Gioacchino Rossini
Livret
Jacopo Ferretti
D’après Charles Perrault, Cendrillon
En langue italienne
Direction musicale
Ottavio Dantone
Mise en scène
Guillaume Gallienne
Collaboration artistique
Marie Lambert
Don Ramiro
Juan José De León
Dandini
Alessio Arduini
Don Magnifico
Maurizio Muraro
Clorinda
Chiara Skerath
Tisbe
Isabelle Druet
Angelina
Teresa Iervolino
Alidoro
Roberto Tagliavini
Décors
Éric Ruf
Costumes
Olivier Bériot
Lumières
Bertrand Couderc
Chef des Choeurs
José Luis Basso
Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Surtitrage en français et en anglais
Ce spectacle fera l’objet d’une captation audiovisuelle
Une co-production Opéra national de Paris et Cinétévé avec le soutien du CNC et la participation de France 3, réalisée par Louise Narboni.
Diffusion en direct au cinéma le 20 juin, diffusion sur Culture Box à partir du 21 juin.
Diffusion sur France 3 et France Musique ultérieurementPalais Garnier – du 10 juin au 13 juillet 2017
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