Le rendez-vous piloté par le Quartz de Brest met le cap pour l’édition 2017 sur le Chili, explore les corps à la dérive et investit la ville autrement. Aperçu.
Volmir Cordeiro semble surgir des tréfonds du théâtre, jupe noire plissée impeccable, fine moustache rousse. Il nous faudra quelques minutes pour retrouver les manières de ce performeur brésilien hors norme découvert dans Inès un solo de bonne mémoire. L’œil la bouche et le reste, opus sous forme d’un quatuor, est d’une certaine façon sa pièce la plus dansée. Courses à tout va, tarentelle décalée, jeu avec les doigts tout ici fait sens. Trop parfois. Le chorégraphe met en avant l’œil et la bouche, organes libérateurs s’il en est. Il disperse les mouvements sur le plateau, grimpe dans les travées de l’espace du théâtre, inverse le regard lorsqu’il s’approche du premier rang. A ses côtés Marcela Santader Corvalan -sa complice d’Epoque-, Isabela Santana et Calixto Neto croisent le fer. Il y a dans L’œil la bouche et le reste une débauche d’idées, l’ensemble confinant à l’orgie de gestes. Il faut en prendre et en laisser – des gueules ouvertes aux œufs cassés le choix est large!. Cette création encore fraîche a des allures de manifeste. Volmir Cordeiro, dans une continuité troublante, affiche sur les murs de La Passerelle le centre d’art contemporain de Brest quelques uns des principes énoncés sur la plateau. Comme un prélude à sa chorégraphie il a concocté une exposition de mots, d’images et de sons au titre éponyme : L’œil la bouche et le reste co-signé avec Marcela Santader Corvalan et Margot Videcoq est une plongée dans des univers parallèles. Les captations de Tatsumi Hijikata paraissent répondre à Joséphine Baker ou Latifa Laâbissi tandis que la danse grotesque de Valeska Gert voisine avec Nina Simone, William Forsythe ou Yvonne Rainer. Puisant, entre autre, dans le fond vidéo-danse du Centre Pompidou ce grand mix visuel est une réussite. De la bouche de Laurie Anderson aux comptines des déplacés colombiens filmés par Juan Manuel Echavarria le tout ressemble à un voyage autant qu’à une initiation.
Marcela Santader Corvalan aura également assuré une partie de la programmation de DansFabrik affichant pour un focus des noms chiliens pour la plus-part inconnus par ici. A l’exemple Javiera Peon-Veiga dévoilant Acapela pièce autour du souffle et de la respiration. Portée par les interprètes doués cette performance sous l’habitacle d’une bulle de tissus souffre par instant d’un manque d’intensité dramatique.
Enfin c’est dans un nouvel espace XXL, Les Capuçins que Jean-Baptiste André avait décider d’installer sa « banquise », un décor à grimper imaginé avec le plasticien Vincent Lamouroux. André pieds nus s’y agrippe, se laisse glisser pour mieux se retenir du bout des doigts. Ces sauts dans le vide -ou presque- nous rappellent l’exceptionnel acrobate qu’il est. Une pointe d’humour à la dérive fait également les délices de Floe lorsque ce clown céleste ne laisse deviner qu’un bras, un nez du haut de sa sculpture. Un petit bijou mélancolique.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
DansFabrik Le Quartz Brest, jusqu’au 4 mars www.dansfabrik.com
Exposition : L’oeil la bouche et le reste La Passerelle Brest jusqu’au 29 avril
L’oeil la bouche et le reste création et conception Volmir Cordeiro le 2 mars Quartz Brest, du 8 au 10 mars au CND Pantin ( www.cnd.fr)
Floe conception Jean-Baptiste André du 2 au 4 juin Printemps des Comédiens Montpellier ( www.printempsdescomédiens.com)
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