Jusqu’au 16 décembre, à la Maison de la Culture d’Amiens, Louise Moaty présente une petite forme poétique et musicale à partir des « Sonnets » de Shakespeare. Metteure en scène d’opéra, elle est habituée aux dialogues entre musique et théâtre, elle le montre à nouveau dans cette création.
Comme des vers de Shakespeare, il se dégage des fleurs allongées sur scène un parfum de tendresse et de volupté. Des mots d’amour déclamés par Louise Moaty et des gestes de douceur entre elle et son musicien naissent des images pastorales, d’amants juvéniles qui partagent avec délectation leur ingénuité face aux merveilles d’un monde qu’ils découvrent côte à côte.
Sur scène, un grand tas de terre d’où les amants contemplent les alentours, quelques fleurs colorent la masse sombre. La scénographie fait échos aux prémices de cette création : Louise Moaty avait été invitée par Patrick Foll, directeur du Théâtre de Caen, à dire les « Sonnets » dans d’anciens cimetières envahis par une végétation libre et luxuriante. Sur le plateau d’Amiens, elle atteint presque le sacré avec une belle économie dans les lumières, d’un geste, accompagnée d’une bougie, on la voit prendre les traits rêveurs d’une « Madeleine à la veilleuse » de Georges de la Tour, avant de se transformer quelques instants plus tard en une jeune fille heureuse d’un tableau de Lancret. Dans la composition des images, on voit l’influence de Benjamin Lazar, qu’elle accompagne depuis de nombreuses créations.
Pour répondre à la poésie, un luthiste joue des morceaux de John Dowland, musicien baroque contemporain de Shakespeare. De cet instrument si particulier, dont la sonorité nous mène entre guitare et clavecin, il accompagne la voix claire, heureuse et exaltée de l’interprète féminine. Aussi, il commet d’involontaires bémols lorsqu’il chante à son tour, son accent anglais n’étant pas si impeccable que celui de Louise Moaty, et sa voix est bien neutre en comparaison de celle qu’il accompagne.
Malgré ces petites fausses notes, ces « Sonnets » restent un condensé de bonheur poétique. La tendresse dans les gestes va jusqu’à toucher le public, pour donner finalement naissance à un spectacle bien apaisant.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
« Sonnets » de William Shakespeare / musique de John Dowland
Mise en scène : Louise Moaty
Conception musicale : Thomas Dunford
avec : Louise Moaty, comédienne, Thomas Dunford / Romain Falik, luth.
Scénographie Louise Moaty & Christophe Naillet
Traduction : Louise Moaty & Raphaël Meltz
Regard sur la mise en scène : Geoffroy Carey
Accompagnement vocal : Claire Lefilliâtre
Costumes : Julia Brochier
Création lumière : Christophe Naillet
Création 2016 – Les Mirages
Production déléguée : Maison de la Culture d’Amiens – Centre européen de création et de diffusion
Coproduction : Théâtre de Caen, la POP Paris (en cours)Durée : 55 minutes
Maison de la Culture d’Amiens
Du 12 au 16 décembreThéâtre de Caen
Du 27 au 29 janvier 2017
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