Depuis sa première fois à Calais, en 2002, Guy Alloucherie souhaite faire un spectacle sur les migrants, pas témoigner comme le ferait le journaliste, ni regrouper des faits comme le ferait le sociologue, ni encore chercher du sens comme le ferait le philosophe, non trouver le lieu du théâtre pour que s’exprime une parole jamais écoutée où la musique, la poésie jouent leur rôle de vérité. Nadège Prugnard est le poète que Guy Alloucherie cherché. Elle a multiplié les temps de présence dans la jungle de Calais. Sa langue est pleine de ces gens cassés et pourtant toujours debout.
A l’époque des Sublimes, on était allé plusieurs fois à Calais, dans la Jungle après la démolition du hangar de Sangatte. Nous avions rencontré Mireille qui faisait partie d’une des premières associations qui venaient en aide aux migrants. Nous avions réalisé Les Sublimes, spectacle dans lequel Mireille apparaissait en vidéo et prenait la parole au nom des migrants.A l’époque, elle hébergeait tous les jours des migrants chez elle. Nous étions retournés, quelques mois après la création du spectacle, dans la jungle et nous avions décidé de faire un film avec Mireille que nous avons intitulé, « Oh Mamy ».
Ce film a tourné dans beaucoup de festivals de documentaires engagés et alternatifs. Nous nous disions alors
que nous ferions d’un prochain spectacle, un spectacle sur les migrants. C’est d’ailleurs ce que nous avions
proposé à G.Lavaudant qui dirigeait l’Odéon. Mais nous avons très vite eu l’intuition qu’il nous manquerait un
regard, pour justifier que le théâtre s’empare de cette réalité.
Dans « les Sublimes », nous abordions ce sujet comme un élément parmi d’autres. Ce spectacle racontait un
monde livré au capitalisme ultra libéral, impitoyable, belliqueux qui réduit les plus pauvres au chômage, la
mendicité et l’exode.
Aujourd’hui les choses n’ont guère changé, voire elles se sont gravement détériorées.
Notre envie initiale de faire un spectacle sur le sujet des migrants ne nous a jamais quitté, mais nous savions
bien que nous ne saurions pas en parler comme les journalistes, les sociologues ou les philosophes. Le théâtre
est le lieu du poème, de la musique alors il nous fallait trouver le poète, l’écrivaine qui, dans une langue autre,
complètement singulière, sache s’emparer d’un sujet d’actualité, d’un sujet d’histoire pour en faire une oeuvre,
dans la langue qui est sienne et unique. Quitte à ce que ce qui soit dit, mette à jour, ce que personne là-dessus
n’avait vu ni entendu.
Extrait de la note d’intention de Guy Alloucherie – février 2016
No Border création 2017
création
novembre 2017 • Culture Commune, Scène nationale du bassin minier
Production: Compagnie HVDZ
Coproducteurs: Culture Commune, Scène nationale du bassin minier du Pas-de-Calais, Le Bateau Feu, Scène nationale de
Dunkerque, Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne, (en cours)
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