DFS nouvelle création du tandem sur-actif est un hybride qui met le feu au plateau. Une nuit en club mais… sur pointes.
Réunir dans une même pièce le dancehall jamaïcain, la discipline des pointes du ballet classique et les chants polyphoniques est à priori improbable. Sauf à avoir un logiciel déréglé. Ou l’esprit frondeur de François Chaignaud et Cecilia Bengolea. Présenté dans le cadre du Festival d’automne ( après une première série de représentations à la Biennale de danse de Lyon en septembre), DFS a visiblement laissé perplexe quelques abonnés de la manifestation parisienne. Par contre les lycéens présent ce 1 décembre ont fait un triomphe au duo et ses quatre interprètes. Et lorsque Damion BG Dancer vient demander l’aide du public, certains dans la salle ne se font pas prier pour monter sur scène. DFS n’est pas arrivé par hasard dans le parcours* déjà riche de Chaignaud/Bengolea : il y a eu Dumy Moyi où danse et chants aux origines diverses se répondaient, TWERK qui déjà s’intéressait aux formes du clubbing et des représentations populaires. On doit y ajouter une création inédite en France : The Lighters Dancehall Polyphony chorégraphie pour le Tanztheater Wuppertal la compagnie fondée par Pina Bausch. « Un terrain d’essais » aux yeux de Cecilia.
DFS est donc riche de ces recherches, la voix pour lui, les pratiques du dancehall pour elle. Sur le plateau on assiste à un collage -pas encore assez fluide- entre ces savoir-faire à priori aux antipodes les uns des autres. Lorsque une soliste arrive sur pointes et se lance dans un déhanché très dancehall, ce style de musique et de danse qui fait fureur aux Caraïbes comme aux Etats-Unis, l ‘effet est garanti. Il y a un coté battle propre au hip hop pas désagréable. Quant aux chants -essentiellement des airs de Guillaume de Machaut (XIII ème siècle) il décale un peu plus le temps de la représentation. Il manque peut-être une trame à l’ensemble mais la qualité des interprètes permet d’élever le débat. On a déjà dit beaucoup de François Chaignaud danseur, il faut signaler dès lors la gestuelle de Cecilia Bengolea toute en ondulation. DFS va gagner de l’assurance au fil des représentations. Il donne déjà envie de danser. En ces temps moroses c’est une qualité.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
DFS – création 2016
François Chaignaud & Cécilia Bengolea
chorégraphie : Cecilia Bengolea, François Chaignaud
interprétation : Erika Myauchi, Valeria Lanzara, Shiya Peng, Cecilia Bengolea, François Chaignaud
1h15Espace 1789 / Saint-Ouen, Scène conventionnée danse
29 novembre 2016
Centre Pompidou
1 au 4 décembre 2016
en tournée 7 au 10 décembre Bonlieu Annecy, 20 au 22 mars Le Pop Paris, 12 et 13 avril Comédie de Valence, 28 avril Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, ! et 9 juin Opéra de Lille* focus Chaignaud/Bengolea, pièces de répertoire du 24 février au 31 mars Centre National de la Danse Pantin
Dans « DFS », indépendamment de l’intrication entre musique urbaine et polyphonies de Guillaume de Machaut (ou géorgiennes), c’est lorsque les corps de ces férus du Dancehall sont investis par des techniques issus de la danse classique qu’un vrai trouble s’installe, en forme d’abolition des frontières de la danse…