On nous parle. On nous parle sans cesse. On se réveille avec la radio, on prend son café devant la télé, on reçoit tout au long de la journée des textos avec les titres de l’actualité, sur l’écran de l’ordinateur les images défilent de plus en plus vite. On est au centre de l’actualité. On ne peut plus arrêter le flux de l’information et l’information se dilate à l’infini. On vit dans une spirale de dépêches qui se déclinent obsessionnellement. Nos cerveaux sont inondés de mots, chiffres, sondages, pronostics, classements, faits divers.
Combien de toute cette matière arrive-t-on encore à décrypter ? Avons-nous encore la possibilité de trier la quantité d’information qu’on reçoit et surtout cette information peut-elle générer de la pensée ? Où est-elle créée, comment elle nous est transmise, à quel moment on nous la livre et pourquoi ? Quel est son impact sur notre vie, sur nos décisions, sur les mutations de la société ? Quelle manipulation se dissimule-t-elle derrière ces canaux de communication ? Peut-on y échapper, la détourner, pénétrer dans sa subtilité et sa perversité ? Comment arrive-t-on à la reconnaître sans devenir paranos ou conspirationnistes ? Ce sont des questions qui nous traversent et qui nous font réfléchir depuis un temps.
Nous nous sommes posé beaucoup de questions sur la manière de livrer ces interrogations au public sans tomber dans les pièges d’un théâtre revendicatif et manichéen. L’intention que nous avons est d’abord de réfléchir ensemble, grâce à plusieurs temps de résidence espacés dans le temps, à partir de quelques textes fondateurs (Propaganda de Edward Bernays, La Biologie de la peur de Gerald Huther, La Nouvelle grille de Laborit, Le Kubark : manuel secret de manipulation mentale et de torture psychologique de la CIA, La Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim), de documentaires (La Stratégie du choc de Naomi Klein, Le Neuromarketing, Le Traitement médiatique de l’insécurité de Laurent Bonelli), de statistiques de l’INA. Il s’agit d’exprimer cette réflexion au travers d’une parole qui transcende cet univers, d’une parole poétique qui pourrait emmener le public ailleurs.
Une partie des textes sera écrite la veille de la représentation ou même en direct devant les spectateurs (l’écran de l’auteur pouvant être connecté à un écran sur le plateau). La parole circulera d’un personnage à l’autre, grâce à des micro-fictions pré-écrites, en passant d’un champ à l’autre, en balayant tous les acteurs du monde de l’information (journalistes, politiciens, sujets de l’information, spectateurs…). Une autre parole plus abstraite, chorale, poétique, traversera l’espace en exprimant le monologue intime de ceux qui vivent à l’intérieur de ce système, en décelant leurs peurs, leurs névroses, leurs obsessions créées par le chaos du monde extérieur et par cette alimentation permanente de la catastrophe.
Il nous semble important et nécessaire de nous mettre nous-mêmes en danger, de parler de nos propres peurs générées par ce nouveau type d’information, par les faits divers obsessionnels, par tout ce qui contribue aujourd’hui au système de manipulation. Note d’intention d’Alexandra Badea
Breaking the news
Texte Alexandra Badea
Mise en scène Jonathan Michel
Avec Grégory Corre, Didier Girauldon, Constance Larrieu, Camille Panonacle
Musique David Bichindaritz
Lumière Françoise Michel
Production La Comédie de Reims – CDN, Compagnie Jabberwock
Création 2016CRÉATION À LA COMÉDIE DE REIMS – CDN
9 représentations du 30 novembre au 10 décembre 2016
Mer30 et jeu1 à 19h30 – Ven2 à 20h30 – Sam3 à 18h30 – Mar6 à 20h30 – Mer7 et jeu8 à 19h30 – Ven9 à 20h30 – Sam10 à 18h30
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