Après Coda, Ricercar, Onzième, Passim, voici une nouvelle création du Théâtre du Radeau donnée dans le cadre du Festival d’Automne. Le temps et l’usure ne semblent avoir de prise sur la belle équipe de François Tanguy toujours fidèle à la singularité de son geste poétique foisonnant et décousu.
Il y a comme un paradoxe lorsqu’il s’agit du Radeau. Si son art inénarrable tient sans conteste une place tout à fait à part dans le paysage théâtral, il est aussi une forme qui se répète et s’imite invariablement. Alors, d’une pièce à l’autre, on admire toujours le somptueux ballet des corps et des décors, leurs mouvements lents et incessants dans un espace en perpétuel recomposition mais il faut bien avouer que l’étonnement n’y est plus.
Lorsque s’ouvre sur scène cette énorme boîte de pandore aux mille ouvertures donnant sur nombre d’angles et de recoins et autant de perspectives insoupçonnées, on retrouve l’onirisme foutraque et magique d’un espace hyperthéâtral qui renvoie au charme des tréteaux et des castelets. C’est en costumes classiques qu’apparaissent les comédiens, emperruqués et nippés de frusques fantasques comme pour un carnaval crépusculaire. On dirait ces figures sorties des gravures de Callot et transportées dans les couleurs de la peinture flamande. Le mélange des styles et des époques est de mise. D’une manière insolite, sur les musiques solennelles de Vivaldi, Haendel et Mozart, certains se laissent glisser sur de longues planches de bois inclinées comme sur des toboggans de foire.
Leurs passages quasi-immatériels sont toujours aussi beaux, comme leur monde toujours mobile, instable, flottant. Dans ce théâtre de la réminiscence hanté d’incertitude, se déploient des bribes de paroles composites, d’images disparates, pas toujours suffisamment audibles et perceptibles. Peu importe, il serait bien inutile de vouloir tout saisir de ce matériau riche en emprunts (Kafka, Dante, Labiche…) et en invention. Et si le titre de ce nouvel opus évidemment inspiré de Beckett laisse attendre quelque chose de brusque et d’inopiné, à l’exception de quelques coups de tonnerre, la force de la proposition tient dans sa douceur musicale et envoûtante. Il naît même une certaine harmonie dans la confusion apparente.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Soubresaut
mise en scène et scénographie François Tanguy
Avec Didier Bardoux, Anne Baudoux, Frode Bjørnstad, Muriel Hélary, Ida Hertu, Vincent Joly, Karine Pierre, Jean Rochereau
élaboration sonore François Tanguy, Éric Goudard
lumière François Tanguy, François Fauvel, Julienne Havlicek Rochereau
production déléguée Théâtre du Radeau/Le Mans
coproduction Théâtre National de Bretagne/Rennes ; Théâtre National de Strasbourg ; Centre Dramatique National de Besançon/Franche-Comté
Durée : 1h20Festival d’Automne 2017
Nanterre-Amandiers, centre dramatique national
22 septembre au 8 octobre 2017du 11 au 23 décembre
Théâtre Garonne-Toulouse2018
– du du 9 au 19 janvier
Théâtre National de Strasbourg– du 25 janvier au 3 février
La Fonderie, Le Mans
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