Après le triptyque achevé en 2014 par Mangez-le si vous voulez, Il y a eu une envie d’en finir avec l’horreur. Une envie d’en finir avec la noirceur, avec l’épaisseur tragique du monologue. Une envie de retrouver la jubilation du dialogue, la joie naïve du jeu.
A cette envie se mêlèrent rapidement nos préoccupations du moment : que nous préparent les mondes virtuels, la réalité augmentée et donc l’homme augmenté, le rêve de l’immortalité, de l’abolition du temps, le rêve de ce monde nouveau qui s’ouvre avec une rapidité prodigieuse et nous rend spectateurs de nous-mêmes ? A la croisée de ces deux intentions, nous avons conçu une interrogation sur la place du théâtre au milieu de tout ça. Et si le virtuel avait déjà pris un tel espace, que le théâtre serait devenu désuet, moribond ? Et si cette mort du théâtre que l’on annonçait avec l’arrivée du cinéma, puis avec celle de la télévision, advenait avec l’ère numérique ? Car ce à quoi ni le cinéma ni la télé ne pouvaient prétendre, c’était que le récepteur devienne émetteur.
A présent c’est l’homme, sa présence charnelle, qui joue sa place dans le concert des progrès technologiques. Le corps disparaissant, c’est peut être bien le théâtre qui meurt.
Dans ce premier volet, le théâtre n’existe plus, des êtres sont posés là sur une scène, mais n’y ont plus leur place, l’arène matérielle du théâtre, ayant cédé la place à cet espace virtuel nommé internet, où les échanges se superposent avec une densité qu’il était difficile de concevoir il y a encore 10 ans. L’espace même du théâtre a donc disparu. Il est devenu un non lieu. Ces êtres sont posés là pour rien. Ils ne vont donc pas jouer ce spectacle. Ils ne le peuvent plus. Cela leur est physiquement, physiologiquement impossible. Alors comme nos ancêtres primates, pour ne pas disparaître dans le tsunami de l’évolution darwiniste, ils décident de réapprendre à « faire du feu ». Ils décident de se battre pour leur survie. Ils vont réinventer le théâtre comme s’il n’avait jamais existé. Inventer donc une pièce où le temps n’irait pas droit, où il serait, comme sur un ordinateur, à la merci d’un curseur déplacé sur une timeline. Et mettre ÇA à l’épreuve.
Timeline
Mise en scène de Clotilde Morgiève et Jean-Christophe Dollé
Avec Yann de Monterno, Clotilde Morgiève, Juliette Coulon, Félicien Juttner, Erwan Daouphars, Aurélie Vérillon, Elisa Oriol.
Conception vidéo Mathias Delfau
Conception sonore Michel Bertier
Lumières LN
Scénographie et costumes Marie Hervé
Chorégraphie Magali B
Musique Jean-Christophe Dollé
Production FOUIC Théâtre – -Coproduction Maison du Théâtre et de la Danse – Ville d’Epinay sur Seine. La compagnie, en résidence à la Maison du Théâtre et de la Danse, est soutenue par le Conseil Départemental de Seine St Denis. Avec le soutien d’ARCADI – Ile de France. Diffusion DdD.Avignon Off 2016
Le Girasole
Du 7 au 30 juillet à 22h30
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