Avec The Past la chorégraphe argentine installée à Berlin fouille la mémoire et les lieux. Un création hybride ambitieuse. Trop peut-être….
Constanza Macras n’a pas encore séduit la France : on a pu voir ses créations à Bordeaux, Avignon ou Créteil. Mais sa reconnaissance est bien moins grande que celle d’une Sasha Waltz par exemple. Argentine installée à Berlin depuis 20 ans elle est proche du metteur en scène star Thomas Ostermeier (ils ont co-signé Le Songe d’une nuit d’été en 2006). Constanza Macras avec DorkyPark sa troupe à géométrie variable est de passage cet hiver à Brest puis à Mulhouse. Au festival DansFabrik exclusivement féminin cette année elle donne en première hexagonale The Past. Sur le papier (ou la feuille de salle c’est selon !) le propos est séduisant : la chorégraphe entend questionner les lieux et la mémoire, osant convoquer les philosophes grecs et le XXI ème tout à la fois.
L’ensemble porté par une douzaine de performers très physiques passe de la danse au récitatif, du concert au happening. Il y a des passages franchement drôles comme cette fille qui se plaint du Berlin actuel en hurlant qu’elle ne veut pas que sa ville ressemble à Paris!- ou ce danseur sur une jambe façon héron. Des duos qui empruntent aux arts martiaux ou au hip hop font leur effet. Plus peut-être que le gestuelle parfois un rien hachée imaginée par Macras. On imagine les improvisations à la base de ce travail chorégraphique. Dans un décor efficace avec salon ouvert à tous les vents – et baignoire -, escaliers ou antennes paraboliques sur lesquelles on vient frotter son archet, les interprètes se lancent dans un incessant ballet.
Mais The Park en perd parfois son latin – ou son grec voir son allemand – à trop vouloir en dire. On frôle la démonstration comme dans cette scène entre fiction de cinéma et reality-show rejouée un peu trop longtemps. Seule la musique originale d’Oscar Bianchi offre respiration et pic de tension. Elle est jouée live par deux formidables instrumentistes Miako Klein et Yuba Ohta. L’histoire ici ose les détours de circonstance et le mur de Berlin ou la statue de Staline deviennent des souvenirs pas encore de pacotille. Constanza Macras venue d’un pays qui interroge sans cesse sa mémoire – et l’amnésie – sait trop bien ce que le passé révèle. Dommage que The Past s’encombre d’effets superflus.
Philippe NOISETTE – www.sceneweb.fr
The Past chorégraphie Constanza Macras, dramaturgie Carmen Mehnert, musique Oscar Bianchi
Le 5 mars 19h30 DansFabrik Le Quartz Brest (www.lequartz.com 02 98 33 70 70)
le 10 mars La Filature Mulhouse ( www.lafilature.org 03 89 36 28 28)
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