Bernard Crombey a fabriqué sa figure du « Cancre » à partir de deux romans phares du plus célèbre élève en difficulté de France : Daniel Pennac. L’idée de ce spectacle est venue à la suite d’une rencontre des deux hommes à la sortie du précédent spectacle de Combray, « Monsieur Motobécane ».
Au milieu de deux rangées de chaises d’école, l’acteur est tout à la fois : élèves, parents et enseignants. Des personnages convoqués autour de la question de l’échec scolaire et la façon dont il est vécu de ces multiples points de vues. Un spectacle où l’on entend des questions essentielles sur notre époque grâce à la finesse et la limpidité des mots de Pennac. Une écriture douce, simple, tendre, où la gravité des difficultés à l’école devient soudainement un faux problème, loin de mettre un terme à l’existence des enfants qui en sont victimes !
Comme dans le roman de Pennac, il y a dans l’approche du comédien quelque chose de l’autobiographie (assumée dans les arguments du spectacle). Crombey conte la réalité avec une diction précise Finalement, c’est dans son oralité douce et puissante que l’on découvre les racines du plaisir des mots. Parler les choses comme elles sont, voilà un beau remède pour venir en aide aux élèves convaincus de leur nullité, démolis par le système. De l’apparition des problèmes à la tentative de comprendre leurs raisons, les volontés contradictoires dans la bouche de tous les concernés, ce « Cancre » œuvre à détruire les clichés en les élevant sur scène.
On regrette juste que quelques détails du roman alourdissent parfois le texte : ce qui est joué est parfois aussi expliqué, notamment dans la façon de s’exprimer des personnages, créant des redites qui allongent les scènes et font perdre de la puissance au spectacle. Ce qui est invisible et important à répéter dans le temps long de la lecture, apparaît ici sur scène comme de petits détails superflus.
Soulignons aussi que ce « Cancre » mériterait d’être vu par davantage de public, il devrait être joué dans les collèges et les lycées, car il est malheureusement probable qu’au seul Lucernaire – où il rencontre néanmoins un franc succès – il ne fasse que rassurer certains parents et prêcher des convaincus. En d’autres termes, espérons que la renommée de cette création se fasse entendre auprès du plus grand nombre d’élèves possible !
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Le Cancre, d’après « Chagrin d’école » et « Comme un roman »
de Daniel Pennac
Conception et jeu : Bernard Crombey
Collaboration artistique : Catherine Maignan
Lumières et scénographie : Yves Collet
Son : Michel Winogradoff
Production : Compagnie Macartan
Coproduction : Théâtre du Beauvaisis
Coréalisation : Théâtre Lucernaire
Soutiens : Comédie de PicardieDurée : 1H15
Théâtre de Belleville
03/11 > 30/12/19
Novembre
dimanche > 17h30
lundi > 19hDécembre
lundi > 19h
mardi > 19h
mercredi > 21h15
dimanche > 17h30Relâches les 24, 25, 31 décembre
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