Pendant l’été de 1904, quand il se trouvait à Londres pour une représentation de Tosca, Puccini eut l’occasion de voir Madame Butterfly, pièce de David Belasco inspirée d’une nouvelle que John Luther Long avait publiée dans le Century Magazine en 1897. Histoire plus ou moins authentique dont l’héroïne s’appelait Tsuru Yamamura, issue d’une famille de samouraïs, mariée à quinze ans à un officier Américain, puis abandonnée, et qui, après avoir tenté de se suicider, vivait auprès de son fils. Elle avait quarante-sept ans lors de la nouvelle de John Luther Long.
Quelques mois après sa création à New York, la pièce avait été donnée au Duke of York’s Theater de Londres en présence du « magicien de la scène » qu’était devenu Belasco.
« J’étais émerveillé, disait Puccini, parce que, bien que ne comprenant pas l’anglais, je pouvais suivre l’oeuvre très facilement. A la fin de la représentation, le public était bouleversé et Belasco dut venir saluer plusieurs fois … » Puccini l’avait suivi en coulisses et avait obtenu l’autorisation de faire un opéra de cette sombre histoire, quel que fût le contrat.
Après un an de négociations, Illica et Giacosa avaient réalisé le livret et Puccini pouvait commencer sa musique à l’automne de 1901. Commencée à Abetone, petit pays des Apennins, Madame Butterfly lui coûta plus de deux ans de travail et sa composition fut interrompue par un accident d’automobile qui aurait pu lui être fatal et dont il se tira avec une fracture du fémur. Immobilisé
pendant huit mois, il avait pu poursuivre son tête-à-tête avec celle à qui il avait pensé au moment même de l’accident, « Ma pauvre Butterfly », comme s’il s’était agi d’une créature chérie.
Aucune autre de ses oeuvres ne lui semblait, plus sincère ni plus expressive. Aucune non plus ne lui semblait plus moderne. Moderne par le caractère intime du sujet ramassé autour d’un seul personnage qui n’abandonne presque jamais la scène, et qui s’éloigne toutefois plus de l’opératraditionnel que La Bohème ; moderne par une conception du drame lyrique beaucoup plus libérée des servitudes wagnériennes que La Tosca, mais d’une intensité lyrique idéalement répartie entre voix et orchestre ; moderne par un raffinement de la trame harmonique qui a assimilé subtilement les sortilèges de l’écriture debussyste et n’en a conservé que les principes
essentiels à la lyrique italienne. Il repose surtout sur un chromatisme plus poussé que celui de Tosca par l’adoption de la gamme par tons entiers. André GAUTHIER
MADAME BUTTERFLY
Opéra en 3 actes
Livret de Giuseppe GIACOSA et Luigi ILLICA
d’après la pièce de David BELASCO tirée d’un récit de John Luther LONG
Création à Milan, Teatro alla Scala, le 17 février 1904
Dernière représentation à l’Opéra de Marseille, le 28 octobre 2007
Coproduction Opéra de Marseille / Opéra national de Bordeaux
Direction musicale Nader ABBASSI
Mise en scène Numa SADOUL
Décors Luc LONDIVEAU
Costumes Katia DUFLOT
Lumières Philippe MOMBELLET
Cio-Cio San Svetla VASSILEVA
Suzuki Cornelia ONCIOIU
Kate Pinkerton Jennifer MICHEL
Pinkerton Teodor ILINCĂI
Sharpless Paulo SZOT
Goro Rodolphe BRIAND
Le Bonze Jean-Marie DELPAS
Yamadori Camille TRESMONTANT
Le Commissaire Impérial Mikhael PICCONE
Orchestre et Chœur de l’Opéra de MarseilleOpéra de Marseille
Du 16 au 24 mars 2016
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