À Rome jadis, le juif Eléazar, dont les fils ont été brûlés comme hérétiques par le comte Brogni, a justement trouvé un bébé devant le Palais Brogni en flammes et l’a élevé comme sa fille. C’est Rachel, vivant aujourd’hui avec son père et amoureuse de Samuel qu’elle croit être un étudiant juif. En réalité il est Léopold, prince très chrétien promis à la Princesse Eudoxie. Or, la loi interdit à juifs et chrétiens de s’unir, sous peine de mort pour les uns, d’excommunication pour les autres. Leur amour découvert, la fatalité se met en marche : Eudoxie supplie Rachel d’assumer toute la faute, ce qu’elle accepte. Condamnée à mort, Eléazar peut la sauver car il sait qu’elle est la fille disparue de l’ex-comte Brogni, aujourd’hui cardinal présent au Concile de Constance de qui dépend leur destin. Mais Rachel décide de monter au bûcher et Eléazar va au bout de sa vengeance.
Curieux destin que celui de La Juive de Halévy : né en 1835, c’est un des plus gros succès du XIXe, un opéra adoré par Wagner, un air, « Rachel quand du Seigneur » immortalisé par Marcel Proust qui en fait le surnom d’un personnage, des centaines de représentations à Londres, à Vienne et à Paris… Paris où La Juive inaugure le Palais Garnier en 1875 et puis se tait après 600 représentations le 9 avril 1934 jusqu’à sa reprise à l’Opéra le 16 février 2007.
Cette œuvre, symbole de l’universalité des sentiments humains se pare des atours du Grand Opéra à la française pour plaider la tolérance et rejeter les fanatismes religieux : songez, un prince chrétien vainqueur des hérétiques hussites, amoureux d’une jeune juive, brave ainsi les lois de son pays ! Dans La Juive, catholiques ou juifs, princes ou bijoutiers, jeunes filles ou cardinaux sont tous égaux devant l’universelle souffrance. Étranger, mon semblable, mon frère… C’est cette leçon que La Juive nous donne, en empruntant les voies d’un spectaculaire qui masque mal la soif d’amour, les sentiments qui vibrent et la solitude de l’homme. Olivier Py, qui en assure la mise en scène, a déjà affronté un autre drame de la religion et du fanatisme, légèrement postérieur, Les Huguenots mais aussi Il Trovatore, mélodrame verdien né dix-huit ans après.
Là où les préjugés, les intolérances se heurtent à la vérité des sentiments, là naît la tragédie. Voilà donc une tragédie française qui sera défendue par le talentueux Daniele Rustioni. Ce verdien abordera un répertoire qui fit le lit du grand Verdi, avec une brillante distribution : l’Eléazar de Nikolaï Schukoff, qui naguère à Lyon fut Parsifal, le Léopold d’Enea Scala, ténor prometteur, tandis que Brogni sera le grand Roberto Scandiuzzi. Enfin Rachel Harnisch la mozartienne incarnera son homonyme, une Rachel aux accents tendres et volontaires qui font les grandes héroïnes.
La Juive
Jacques-Fromental Halévy
Opéra en cinq actes, 1835
Livret d’Eugène Scribe
En français
Direction musicale Daniele Rustioni
Mise en scène Olivier Py
Décors et costumes Pierre-André Weitz
Lumières Bertrand Killy
Chef des Choeurs Philip White
Eléazar Nikolai Schukoff
Rachel Rachel Harnisch
Princesse Eudoxie Sabina Puértolas
Leopold Enea Scala
Cardinal Brogni Roberto Scandiuzzi
Ruggiero Vincent Le Texier
Albert Vincent Pavesi
Orchestre et Choeurs de l’Opéra de Lyon
Nouvelle production
En coproduction avec l’Opera AustraliaOpéra de Lyon
Du 16 mars au 3 avril 2016
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