En mettant en scène « 4.48 Psychose », Sara Llorca et Charles Vitez prennent le parti de montrer que ce texte – sordide – est un cri d’espoir, plus encore : une volonté d’aller vers la joie. Un choix artistique conduisant à une mise en scène qui ne laisse pas indifférent.
C’est forcément surprenant de voir l’héroïne solitaire – Sara Llorca – arriver enlacée par le danseur DeLaVallet Bidiefono, chantant tel Youssou N’Dour, accompagné d’une guitare électrique et d’un sampler. La proximité entre l’Afrique et la chambre d’hôpital psychiatrique ne se fait pas naturellement. Mais finalement, pourquoi pas ? L’action mentale se joue de l’alternance entre le tact glacial de Sara Llorca et les mouvements saccadés de Bidiefono, prolongement corporel de l’âme.
On appréciera davantage les moments où les metteurs en scène laissent parler sobrement le texte par lui-même. Ces temps où Llorca est assise sur l’une des nombreuses chaises qui composent le décor (paysage cérébral de l’héroïne ?) et se contente de dire la poésie. Les mots de Kane sont tellement puissants qu’il faut se contenter de les laisser dire. Mais, parfois, des idées surgissent et l’excitation du corps se propage à la diction de l’esprit. Si Llorca semble, dans un premier temps, avoir muri dans son jeu, durant la deuxième partie du spectacle elle retombe dans les travers auxquels elle a pu (malheureusement !) nous habituer – un jeu très scolaire où elle utilise beaucoup ses mains, sans que cela soit justifié.
Sarah Kane érige le témoignage au rang d’art poétique. On se surprend à être gêné, à plusieurs reprises, par les partis pris de mise en scène, pas toujours clairs. Mais la lecture de Llorca et Vitez, centrée sur l’espoir et la vie, permet aussi d’entendre ce presque-monologue avec moins de gravité que de coutume et donne ainsi la possibilité d’y accorder plus d’attention.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
4.48 PSYCHOSE
de Sarah Kane
traduction : Evelyne Pieiller (L’Arche Editeur)
Mise en scène et scénographie : Sara Llorca et Charles Vitez
Chorégraphie : DeLaVallet Bidiefono,
Musique : Benoît Lugué et Mathieu Blardone,
Costumes : Emmanuelle Thomas,
Lumière : Léo Thévenon
Avec DeLaVallet Bidiefono, Mathieu Blardone, Sara Llorca, Benoît Lugué, Antonin Meyer Esquerré
production > Compagnie Du Hasard Objectif. Avec le soutien du Théâtre Arlequin de Morsangsur-
Orge, du Théâtre de La Loge, du Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff, d’ARCADI – Île-de-France et de la SPEDIDAM (société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées) et les Subsistances à Lyon.
Durée : 1h20Théâtre de l’Aquarium
Du 2 au 21 février 2016
du mardi au samedi à 19h / dimanche à 17h
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